« Amitié sur Facebook, laissez moi rire.Comme certains lecteurs de ce blog le savent, que ce soient des followers ou encore des amis, je m’intéresse énormément aux réseaux sociaux et plus particulièrement à l’identité numérique construite par les utilisateurs. Avec un ami, nous avons même réalisé une enquête concernant « La construction de l’identité numérique des jeunes sur Facebook ». Cette enquête m’a permis de découvrir des aspects des réseaux sociaux que je ne connaissais pas sous leur forme théorique. »

' ' Aujourd’hui, je vais vous parler de l’amitié sur Facebook. Mais avant tout, il est nécessaire de définir l’amitié et pour ce faire, j’ai retenu la distinction conceptuelle d’Aristote qui me tient particulièrement à coeur. Aristote distinguait, dansEthique à Nicomaque,trois types d’amitié :
*.L’amitié en vue du plaisir
*.L’amitié fondée sur l’utilité
*.L’amitié vertueuse Seule cette dernière est, selon le philosophe, amitié véritable, dans la mesure où elle implique une parfaite communion des deux amis, une vraie symbiose. L’ami est donc l’alter ego, un autre moi.Je crois que vous avez compris où je veux en venir dans cette article : Peut-on réellement parler d’amitié sur le réseau social Facebook ? À cette question, j’ai vraiment envie de répondre non. Mais cette réponse serait trop… imprécise. En effet, il est nécessaire de recontextualiser le concept d’amitié dans une société de l’information et d’approfondir la notion d’amitié virtuelle. Après tout, n’est-ce pas normal de voir la notion d’amitié transfigurée sur Facebook ? Pour répondre à cette question, je vais me baser sur les travaux d’ Antonio A. Casilli, auteur des Liaisons numériques : vers une nouvelle sociabilité ?, livre qui a une place privilégiée sur ma table de chevet. Casilli montre la dichotomie entre l’amitié « réelle » et l’amitié virtuelle, notamment en mettant en opposition le caractère privé de l’amitié IRL et l’exhibition du lien d’amitié sur les réseaux sociaux. Mais faire un listing des concepts de Casilli serait inutile et contre productif, je vous invite donc à jeter un coup d’oeil à ce slide de l’auteur.Lors de l’enquête sur l’identité numérique des jeunes sur Facebook, menée par Simon et moi, nous avons pu mettre en évidence une différence significative de la représentation que se font les sujets interrogés des deux types d’amitié. Ainsi, sur 122 personnes interrogées (et oui, cette enquête était réalisée lors d’un cours, ce qui explique un si petit échantillon), 27% des interrogés définissent l’amitié « réelle » par le terme « partage », alors que lorsque nous avons posé la même question concernant l’amitié virtuelle, ce terme n’est pas apparu. Les termes « Ponctuelle » et « Superficielle » sont davantage utilisés pour qualifier l’amitié sur Facebook.Parlons maintenant de la tendanceBFF, iebest friend forever, concept philosophico-inutile qui prend tout son sens en observant le comportement des adolescentes sur Facebook. Petite définition : »One of those texty abbreviations for « best friend forever, » which became one of those corny, douchey, CW-ish, The Hillsy things said by white females and the reporters on 7:30 entertainment shows. It’s right up there with OMG, OMFG, g2gand ttylon the gaynessscale ».( Urban Dictionary) LesBFFd’aujourd’hui ne s’adresseront plus la parole d’ici un mois : les amitiés se font et se défont sur Facebook.Vous l’aurez compris, je ne crois pas en le concept de l’amitié virtuelle. Pour moi (et cela n’implique que moi), être ami virtuellement est un leurre car « demander en ami » une personne, chatter avec elle, s’échanger des messages Facebook ou autres ne permettent pas de lier d’amitié véritable. Vous me trouverez peut-être idéaliste, mais je l’assume. "

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