« Au court d’arguments, l’opposition remet le couvert de la révision, sans succès »

" En mars 2011, les Députés membres de l’opposition, fort remontés que la majorité ait pu avoir l’idée d’inscrire à l’ordre du jour le débat sur la révision de la Constitution qui ouvrait la voie notamment à une présidentielle à un tour, se rendirent en nombre au marché pour se procurer des sifflets comme on en trouve sur le terrain de foot. Objectif: jouer au perturbateur de la plénière de la Chambre basse et, du coup, empêcher celle-ci de se tenir... Face à un président de Chambre basse Evariste Boshab Mabudj décidé d’en découdre, les Députés membres de l’opposition furent dans un premier temps regardés avec tolérance puis, après un repli stratégique - une suspension de séance d’une heure environ -, la majorité mit le turbo et passa à la vitesse supérieure: empêcher qu’un moindre protestataire ne puisse avoir le temps d’approcher l’aire protégée - le plateau réservé au bureau de l’Assemblée nationale et tenir la plénière stratégique... Réussite sur toute la ligne... Il s’en trouva pourtant quelques forcenés pour tenter d’approcher l’espace. Ils en furent dégagés sans ménagement aux coups et cris dont... des coups de jambes donnés par des Amazones katangaises qui découragèrent à la simple vue d’un ou de deux muscles généreux... Après l’application de ce plan B, on assista à ce que la majorité attendait: la sortie de salle de l’opposition... ILS EN AVAIENT REMIS LE COUVERT. Jeudi 12 avril 2012, c’est à la même recette que les opposants voulurent inviter la majorité présidentielle. Contestant à tort deux candidatures de l’opposition - celle de l’ex-Udps Timothée Kombo Nkisi et celle de l’ADR Jean-Pierre Tshimanga Buana (un ancien du MLC) -, des Députés comme eux inscrits sur les bancs de l’opposition avaient voulu tirer profit des voix de la majorité pour conquérir ces deux sièges. Prétexte trouvés: Kombo et Tshimanga ne pouvaient plus revendiquer la qualité de Député d’opposition... Pourquoi? Ancien Délégué de l’Udps pour le Bas-Congo, cet élu de la circonscription de Madimba toujours au Bas-Congo paraît avoir été exclu et même radié de l’Udps pour avoir accepté de siéger à la Chambre basse et,... crime de lèse-majesté, d’en avoir des semaines durant présidé les travaux. Sans doute! Mais qui donc n’est plus dans cette situation là? La trentaine de Députés de l’Udps qui ont pris le chemin de l’hémicycle pour jouer le jeu républicain n’ont-ils pas été contraints de remettre leurs cartes de membre de l’Udps? «On ne peut pas siéger au Palais du peuple au même moment qu’on reconnaît la victoire du leader de l’Udps à la dernière élection présidentielle», continue de marteler le conseiller politique de Tshisekedi, Valentin Mubake. Ces Députés - comme ceux qui avaient avec ferveur sur papier soutenu la candidature d’Etienne Tshisekedi à la Présidentielle de novembre dernier - Roger Lumbala, Franck Diongo et... Martin Fayulu, Jean-Claude Vuemba de SET (Soutien à Etienne Tshisekedi) et qui avaient été élus sans doute de ce fait - ne sont-ils pas désormais persona non grata dans les milieux de l’opposition et... «mutakalisables» à Paris et Bruxelles dans les milieux de Bana Congo? En quoi sont-ils différents aujourd’hui de ceux qui avaient les premiers estimé devoir rejoindre leurs collègues élus de la majorité afin de jouer le jeu républicain? Les Députés retoqués de l’Udps n’ont-ils pas tous désormais le statut de non-inscrit? Peuvent-ils valablement invoquer leur appartenance à l’Udps? En réclamant de leurs collègues de la majorité qu’ils leur garantissent les deux postes au bureau de la Chambre basse et n’avalisent pas les deux candidatures de Kombo et de Tshimanga n’était-ce pas anti-démocratique? Et d’ailleurs, comment avaient-ils conclu, le scrutin n’ayant pas encore commencé, que la majorité voterait et, mieux, toute la majorité, pour ceux des opposants qui avaient tôt décidé de jouer le jeu républicain? D’aucuns rappellent avec raison que c’est précisément ce système d’attribution d’office de postes au bureau de la Chambre basse que la Cour suprême de justice qui fait office de cour constitutionnelle avait jugé anti-constitutionnel et retoqué le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Même si la majorité voulait faire plaisir à l’opposition, par quelle magie et au nom de quel principe, la majorité serait-elle parvenue à interdire des candidatures d’autres collègues pour en privilégier d’autres? Sur cette question précise, on voit que les partis membres de l’opposition avaient bien tort de s’en prendre. La majorité a-t-elle pour mission de «faire plaisir» à l’opposition ou, au contraire, de la combattre loyalement afin de la réduire au plus simple d’elle-même, ce que l’opposition elle-même à son tour, essaie de faire jour après jour en critiquant initiatives et décisions de la majorité? Annoncée à 13h30’, l’importante plénière de jeudi 12 avril n’a finalement débuté que plus d’une heure plus tard."

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