« Guerre en RDC : Les tireurs de ficelles se recrutent à Washington »

' 'L’Esprit de la conférence de Berlin plane toujours dans la conception des grandes puissances occidentales. Ces pays, dont les USA, considèrent qu’ils ont un droit d’ingérence qui leur donne préséance dans l’exploitation des ressources naturelles de la République démocratique du Congo (RDC).
Coïncidence malheureuse : chaque fois que cette vision bute au refus des dirigeants congolais, il se crée une rébellion, une guerre voire une agression. Les tireurs de ficelles se recrutent à Washington.
La permanence des guerres dans certaines provinces de la partie orientale de la RDC (les deux Kivu, la Pprovince Orientale, le Katanga) depuis deux décennies poussent de plus en plus des Congolais à scruter terre et ciel pour en déterminer les causes profondes en vue d’y apporter des solutions idoines.
C’est dans cette perspective que le Groupe de presse Le Potentiel, Télé Radio 7 et l’association sans but lucratif « Conscience nationale congolaise » organisent périodiquement des conférence-débats, avec des personnes ressources de tous les horizons, sur les grandes questions qui se posent en RDC.
L’objectif étant de créer une masse critique sur le devenir du pays mais surtout de parvenir à comprendre notamment la tragédie humaine qui se vit dans l’Est de la RDC, partant de la récurrence des rebellions et autres agressions des pays frontaliers, le Rwanda et l’Ouganda, soutenus curieusement par le bloc anglo-saxon.
Les effets de Berlin sur la guerre en RDC
C’est dans cette série des conférence-débats que le samedi 15 août 2015, à la paroisse Notre Dame de Fatima à Gombe/Kinshasa, 3 orateurs ont échangé autour du thème « Guerre d’usure et Instabilité en RDC », sous la modération de Bienvenu-Mari Bakumania. Agamaka Mata, chercheur panafricain, a planché sur « les effets de Berlin sur l’Afrique ».
A l’en croire, si le principal objet de la conférence de Berlin de 1885, organisée par 14 puissances occidentales de l’époque, a été de se partager les zones d’influence en Afrique, une de ses principales résolutions a été de faire du Congo un bien de la communauté internationale.
C’est ce qui expliquerait que depuis l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale, en 1960, les grandes puissances occidentales cherchent à exploiter ses ressources naturelles, en fonction de leurs intérêts.
Il a fait remarquer qu’à chaque fois que les intérêts occidentaux ne sont pas garantis par le pouvoir en place, des guerres et rébellions surgissent. Une manière d’accéder aux ressources à moindre frais. Agamaka, conforte sa thèse avec l’exemple de la rébellion du M23.
Cette force négative, soutenue notoirement par le Rwanda et l’Ouganda, a été vaincue militairement le 5 novembre 2013 mais la guerre continue dans cette partie.
De son point de vue, rien ne donne droit aux occidentaux de revendiquer un quelconque droit d’ingérence sur la RDC d’aujourd’hui, même pas les documents que les chefs coutumiers africains de l’époque ont paraphé, soi-disant, pour céder leurs terres aux blancs.
« Juridiquement, ces documents sont faux et n’ont aucune valeur juridique. Berlin mérite d’être revu par les Africains pour constater le faux et usage de faux des colonisateurs », a déclaré Agamaka.
Dans son intervention, Freddy Mulumba, vice-président au Groupe Le Potentiel et Télé Radio 7, a planché sur « les îlots de stabilités dans l’Est de la RDC et après ? ». Il a soutenu, sans ambages, que ces îlots de stabilité de la Monusco à l’Est de la RDC ne sont qu’un projet de balkanisation du pays.
L’orateur a démontré le rapprochement entre la Balkanisation du Sud-soudan et c’est que l’ONU, par le billet de la Monusco, est en train de faire en RDC.
Le transfert de l’Etat major de la Monusco à Goma en 2013, le projet de création des îlots de stabilité sans associer le gouvernement congolais, la concentration des Ongs internationale à Est, constituent, pour lui, des preuves de la mise en place, de manière douce, des pièces du puzzle pour parvenir à la balkanisation du pays.
Il a rappelé qu’au Sud-Soudan, c’est le même procédé qui a été opéré jusqu’au référendum consacrant la création du plus jeune Etat du monde.
Aussi, Freddy Mulumba note-t-il deux contradictions dans le travail de la Monusco en RDC : les gouvernements occidentaux qui sont à la base de la guerre d’agression sont ceux qui financent ces ilots de stabilités (le cas de la grande Bretagne avec son agence de développement DIFID); malgré la mise en place des ilots de stabilité dans les zones libérées, les rebelles continuent à tuer et les villageois abandonnent leur terre.
« Ces contradictions nous poussent à dire que la balkanisation ou l’implosion de notre pays (ndlr : RDC) que les puissances occidentales et leurs multinationales n’ont pas réussi à réaliser pendant plus de 15 ans de guerre d’agression et d’occupation est en passe de se réaliser d’une manière douce avec la mise en place de des ilots de stabilités."

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