Pourquoi une nouvelle guerre à l’est de la RDC ?

Le déclencheur officiel de cette nouvelle guerre est la formation d’un groupe de rebelles, le M23. Une force armée qui mène des combats à l’est de la République Démocratique du Congo depuis le mois d’avril. Ce mouvement est composé de Congolais en majorité tutsis appuyés par le Rwanda selon un rapport officiel de l’ONU. Ces Tutsis revendiquent la nationalité congolaise qu’ils obtiennent sous la présidence de Mobutu en 1972. Malgré cela, certains restent attachés à leur origine ethnique et ne s’assimilent pas réellement au pays. Les revendications du M23 Depuis 2009, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe armé devenu parti politique, est un allié de la majorité présidentielle. Ils travaillent ensemble dans le cadre de la recherche de la paix face à l’insécurité qui règne encore dans l’est du pays. Le 23 mars 2009, le CNDP et Joseph Kabila, Président élu depuis 2006, signent des accords à Goma. Le chef de l’Etat s’engage à intégrer les rebelles dans l’armée régulière, à reconnaître leur grade et à intégrer le CNDP dans le gouvernement. Après la reconduction du mandat de Kabila en novembre dernier, le CNDP dénonce le non-respect des accords pris. De ce nouveau parti politique émane alors le M23 (mouvement du 23 mars), une faction armée qui souhaite voir les engagements pris avec Joseph Kabila, respectés. C’est le début d’une nouvelle guerre en RDC. Paradoxalement, en 2009, le CNDP était incorporé dans l’armée régulière. La première revendication du M23 est donc le respect des accords du 23 mars. D’autres demandes sont venues ensuite se rajouter : *.le retour des réfugiés Tutsis qui sont au Rwanda et en Tanzanie, par exemple ; *.la protection du peuple Tutsi contre le FDLR (groupe armé Hutu qui menace les Tutsis). Une partie de la population craint que les rebelles souhaitent l’annexion du Kivu et d’une partie des régions d’alentour. Leur objectif serait alors que les Tutsis disposent d’une terre à eux. Une sorte de « Tutsiland ». Il y a deux semaines, l’éclaircissement des conditions d’élections de Joseph Kabila, soupçonné d’avoir remporté les élections grâce à des fraudes, est venu compléter cette longue liste. La délicate situation de Joseph Kabila Lors de la mue du CNDP groupe armé en parti politique, Joseph Kabila est proche de Bosco Ntaganda, une figure influente du mouvement. Mais depuis le 13 juillet 2012, la Cour pénale internationale (CPI) a déposé un deuxième mandat d’arrêt contre l’ancien général et soutien du président fraîchement réélu. Joseph Kabila se trouve donc tiraillé entre la pression internationale qui pèse contre Bosco Ntaganda et la difficulté d’abandonner son allié. Ceci explique la politique floue qu’il mène vis-à-vis du M23 depuis le mois d’avril. Pourtant, face à la pression internationale, Joseph Kabila lâche son allié et demande son arrestation pour qu’il soit « jugé en RDC ». Sans soutenir la guerre du groupe armé, il n’affirme pas officiellement la lutte contre cette rébellion. La Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL), qui existe depuis 2000, a été relancé suite à cette nouvelle guerre. En tant que président de la République, beaucoup attendaient une prise de position forte et engagée contre les rebelles. Aujourd’hui Kabila est dans une situation difficile. Il ne peut pas renier le M23 qui l’a largement soutenu lors des élections mais il ne peut pas justifier leur rébellion compte tenu des exactions effectuées. Le rôle du Rwanda dans cette guerre Selon un rapport de l’ONU, le M23 est soutenu principalement par le gouvernement rwandais et plus minoritairement ougandais. Une grande partie des membres du M23 sont des Congolais d’origine rwandaise. Kigali se montre solidaire envers eux. Mais ce n’est pas uniquement par sympathie ethnique que le Rwanda soutient cette rébellion. Kigali a de grands intérêts à maintenir une situation d’insécurité dans la zone Est du Congo. Mis à part la satisfaction de voir la RDC déstabilisée, le Rwanda voit ses intérêts économiques. L’instabilité à la frontière facilite les trafics et notamment ceux de minerais comme la cassitérite. Elle est rare et nécessaire à la fabrication de téléphones portables. La guerre facilite aussi le passage de toutes sortes de marchandises comme le bétail. Où se déroulent les combats ? Kivu, zone de richesse Ce contenu ne s’affiche pas encore sur mobile La zone instable concernée par la guerre à l’est du Congo est la région du Kivu intégrée dans la région des grands lacs. Cette zone est frontalière avec le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et la Tanzanie. Les combats ont lieu principalement dans le Nord du Kivu, une terre aux enjeux économiques très importants. Elle dispose de grandes ressources minières notamment l’or, la cassitérite et le pétrole. Cette région est aussi riche en gaz méthane présent naturellement dans le lac Kivu. Les richesses agricoles de cette terre fertile sont aussi très convoitées.

Commentaires