« Quel avenir politique au ceux del'UDPS et ses membres ? »

La guerre fait rage à l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS en sigle. Plusieurs factions se livrent des rudes batailles avec, en ligne de mire, la succession d’Etienne Tshisekedi, président du parti depuis des longues années. Le vieux patriarche est actuellement malade depuis plus de deux ans.D’un côté, il y a l’aile pro-Félix Tshisekedi, le fils du chef, soutenue tout naturellement par Mme Marthe Kasalu Tshisekedi, l’épouse du «Lider maximo», que d’aucuns qualifient de «l’UDPS familiale» et qui semble avoir la direction du parti bien en mains. De l’autre, il y a ceux que certains désignent sous le vocable de «frondeurs», qui dénoncent le tripatouillage des statuts du parti par Tshisekedi ou ses proches en dehors du congrès et s’opposent à toute dévolution monarchique du pouvoir à l’UDPS en faveur de Félix Tshisekedi. Entre les deux, le fossé est chaque jour plus béant que jamais. Le point de non retour a été atteint avec la déclaration des 25 cadres de l’UDPS mettant en cause Etienne Tshisekedi personnellement dans la crise qui sévit dans leur parti, et appelant à son remplacement par un nouveau leadership.Depuis lors, chacun accuse l’autre d’avoir été acheté par le pouvoir en place à Kinshasa. De tous côtés, insultes et noms d’oiseaux fusent. Et pour les observateurs, il n’est pas toujours plus facile de démêler l’écheveau. Au demeurant, la plus grande différence d’approche actuellement entre les deux franges de l’UDPS, c’est la cristallisation autour du dialogue projeté par le régime Kabila. Le camp Félix Tshisekedi tient à y participer, affirmant qu’il s’agirait d’une exigence de l’Accord-cadre d’Addis Abeba sur la paix en RDC et dans la région, même si ce texte ne dit rien de tel. Récemment, des émissaires d’Etienne Tshisekedi, parmi lesquels Me Jean-Joseph Mukendi et Rubens Mikindo, ont séjourné à Rome où ils ont eu des entretiens secrets avec une équipe de Joseph Kabila conduite par le chef des services secrets Kalev et comprenant notamment François Muamba. Au menu : le dialogue entre les deux groupes, les Kabilistes et les Tshisekedistes.Passe en or Dans l’autre frange de l’UDPS, c’est le rejet total. Dans la déclaration des 25 cadres, ce dialogue est décrit comme «une passe en or adressée à Joseph Kabila, car elle n'est rien de moins qu'une ouverture à la recevabilité de sa candidature pour un troisième mandat!» Avec de la suite dans les idées, les frondeurs donnent un argument qui ne manque pas d’intérêt : «En effet ce dialogue débouchera inéluctablement sur la formation d'un gouvernement (de Transition ou d'Union Nationale), ce qui correspond à l' instauration d'un nouvel ordre juridique conformément à la nouvelle pratique constitutionnelle». Et enfin : «Le partage du pouvoir dans un gouvernement (de transition ou d'union nationale) avec l'opposition, que l'UDPS accepte d'y participer ou non, induit l'interruption du mandat actuel de Joseph Kabila, par ailleurs très controversé et, celui-ci n'étant pas arrivé à son terme, offre de manière implicite à Joseph Kabila une source de légitimité pour briguer un troisième mandat»Inconnu aux bataillons ! Il n’empêche : des faits anodins peuvent permettre de voir de quel côté se trouvent ceux qui se sont rapprochés du pouvoir en place. Un exemple suffit pour le démontrer : le cas Nicolas Kanyonga Mulumba. Cet ancien avocat des barreaux de Bruxelles, inconnu aux bataillons de l’UDPS/Belgique, s’est retrouvé sur la liste des candidats de l’UDPS pour les élections législatives nationales dans la ville de Kananga. A l’issue des élections, l’homme est battu. Mais lorsque la MP hisse Alex Kande au gouvernorat du Kasaï occidental, il rejoint vite le gouvernement provincial kabiliste pour compte du CAAC, le parti du nouveau gouverneur, et devient ministre de la Santé et Affaires sociales le 20 février 2013. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, Nicolas Kanyonga se livre à une mégestion d’anthologie. Accusé d’avoir détourné 200.000 dollars US destinés au fonctionnement des formations médicales dans les territoires de Demba, Tshikapa, Dibaya et Dekese, il est chassé du gouvernement en novembre 2014 par une motion qui a recueilli 29 voix, avec 15 contre et 2 abstentions. A l’époque, l’UDPS salue cette éviction, et ajoute : « Le combattant de la 25ème heure Nicolas KANYONGA candidat UDPS aux élections législatives 2011 à KANANGA, qui s'est retrouvé sur la liste UDPS on ne sait par quelle magie, a été limogé comme un mal propre. Jamais TRAHISON ne prospère !!!»Triste réalité Et qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Eh bien, le même Nicolas Kanyonga Mulumba se retrouve candidat sur la liste de l’UDPS/Tshisekedi pour la même ville de Kananga aux prochaines élections provinciales!Vous avez bien compris : l’UDPS/Tshisekedi aligne sur sa liste un homme qui l’a trahi en rejoignant un gouvernement provincial kabiliste, l’UDPS aligne sur sa liste une personne chassée de ce gouvernement pour détournement des fonds publics destinés aux soins."

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