« Massacres de Kisangani : l’accablant rapport du Groupe Lotus au grand complet »

" Dans un rapport d’une sérénité exemplaire, le groupe Lotus, une ONG locale basée à Kisangani, est sans équivoque : «L’ordre de tuer (à Kisangani, les 14 et 15 mai 2002) a été donné par la hiérarchie militaire.»
Lotus s’en explique : «Comment comprendre que quelques heures seulement après l’arrivée de Goma de la délégation de galonnés du RCD qu’un massacre à grande échelle et des exactions aient été commis au sein de la population ? Qu’est-ce qui a été fait par les autorités ayant en charge la sécurité des personnes et des biens pour empêcher ces massacres?»
L’ONG ne s’arrête pas en si bon chemin - au contraire, il écrit : «Le commandant a.i de la 7ème Brigade, Yvon Nguizani, est la personne la mieux indiquée pour clarifier les arrestations qui ont été opérées à la parade de l’état-major ce 14 mai 2002 entre 9 h et 10 h, lesquelles ont donné lieu à des disparitions constatées jusqu’à ce jour. »
De même, la délégation arrivée le jour même de Goma présidée par le chef d’état-major général adjoint en charge des opérations Gabriel Amisi dit «Tango Fort», un ancien commandant de Brigade de Kisangani ; le commandant de Brigade de Kisangani Laurent Nkunda Mihigo et le commandant de Brigade honoraire Bernard Biamungu. Ce dernier, commandant de Brigade à Goma, connu particulièrement pour sa férocité, se trouvait en prison d’où sa hiérarchie aurait organisé son évasion, pour avoir battu à mort un policier de roulage dont le tort fut d’avoir bloqué la circulation à l’approche de son véhicule.
À la prise du commandement à Kisangani par ces galonnés, l’après-midi du 14 mai 2002, «les massacres à grande échelle ont eu lieu à Mangobo et le 15 mai 2002 au pont Tshopo.»
Selon toutes les sources, chacun de ces commandants est arrivé dans la ville martyre avec des escortes armées jusqu’aux dents, qui ont reçu l’ordre clair d’écraser dans le sang la mutinerie, après s’être enivrées d’alcool.
Selon Lotus, « les représailles contre la population civile sans défense ont
été disproportionnées. L’armée s’est rendue coupable de massacres et
atrocités sans pareil. Les commandants Franck, Santos et Claude, non
autrement identifiés, omniprésents dans la commune de Mangobo lors des
massacres, sont mieux placés pour répondre du comportement de leurs hommes
des troupes lors des événements du 14 mai 2002.
Par ailleurs, dans une mise au point adressée le 12 août au correspondant de l’Afp à Kigali, dont une dépêche rapportait le 11 août des déclarations du RCD-Goma relatives à la plainte déposée par le RCD-Congo en Belgique, le RCD-Congo déclare ce qui suit :
1.«L’action judiciaire engagée par les responsables du RCD-Congo contre certains dirigeants du RCD-Goma demeure une action citoyenne venant de Patriotes congolais épris de paix et de justice, et qui souhaitent voir le Congo débarrassé du lot d’assassins et de criminels dont regorge son territoire.»
2.«Il n’y a pas lieu de politiser cette action qui est une action salvatrice soutenue massivement par les Congolais et les Congolaises et pas seulement ceux de la ville martyre de Kisangani.»
3.«C’est une action qui ne va en aucune manière à l’encontre du processus de paix - bien au contraire, elle est un gage de moralisation de la vie publique nationale et permet l’éclosion d’un véritable Nouvel Ordre politique congolais.»
4.«Quant à la manière dont l’action du RCD-Congo est menée devant les Cours et tribunaux, cela fait l’objet de la discrétion et de la sérénité des Cabinets d’avocats et ne peut faire l’objet de commentaires par voie de médias. »
RAPPORT DU GROUPE LOTUS.
En réalité, le décollage de l’Afrique dépend largement du vouloir vivre collectif que les différents peuples et ethnies de ce Continent doivent s’imposer bon gré mal gré. En fait, l’on s’imagine comment parvenir au progrès sans faire allusion à la complémentarité et l’interdépendance, la générosité et la compassion, le pardon et la réconciliation. Plus ces valeurs sont prises en compte, plus solides sont les fondations du futur.
Les dérives du processus de démocratisation en République Démocratique du Congo, amorcé à partir des années 90, ont donné naissance à divers courants politiques. Ceux-ci, en quête de l’électorat et des bases, n’ont pas manqué de servir des références identitaires soit comme armes, soit comme boucliers pour accéder ou se maintenir au pouvoir. De cela, les annales de l’histoire retiennent la chasse organisée contre les Baluba au Katanga en 1992 et dont le nombre des victimes s’estiment en milliers.
Les secousses si fortement ressenties inaugurèrent une nouvelle ère d’ébullition et de violence et aucune des grandes villes du pays n’en fut épargnée. Kisangani est du nombre.
Avec la guerre menée par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), en 1996, l’intolérance, jusque là inconnue, contre les ressortissants des pays des grands lacs, particulièrement le Rwanda et le Burundi, fut observée."

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