« Élections en RDC: Joséph Kabila restera-t-il au pouvoir ? Hypothèses en route vers 2016. Les élections de juillet et octobre 2006 ont marqué la fin d’une décennie particulièrement dramatique en République Démocratique du Congo (RDC). Elle a compté deux guerres (1996-1997 et 1998-2002) ainsi qu’un processus de paix complexe qui a culminé avec une période de transition marquée par un délicat numéro d’équilibriste entre les anciens groupes armés. Les élections ont été organisées par une commission électorale indépendante dirigée par un proche du prés actuel peut être qui représentait la société civile, du pay. Joseph Kabila, qui a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné en janvier 2001, a prêté serment le 6 décembre 2006 en tant que premier président élu de la Troisième République. Les élections de 2006 ont été les premières élections pluralistes libres, et relativement justes, depuis l’indépendance. Les élections suivantes, tenues en novembre 2011,ont eu lieu à la fin de la première législature »

À ce jour, la plupart des personnes du cercle le plus proche de J. Kabila estiment qu’Aubin Minaku dispose du meilleur accès au Président. Minaku occupe aujourd’hui une place tout à fait stratégique dans l’univers politique congolais. Il est président du Parlement, Secrétaire général de la majorité présidentielle et, avec Kengo wa Dondo, coorganisateur des Concertations Nationales. Kabila peut compter sur lui et il est l’un des meilleurs diplômés de l’école de l’ancien conseiller politique du président, Augustin Katumba Mwanke (décédé en 2012). Il est aussi de l’Ouest. On peut compter contre lui le fait qu’il ne bénéficie pas de sa propre base populaire, malgré les bons résultats inattendus du régime dans le Bandundu, sa province d’origine, en 2011. Le Bandundu a été, cependant, l’une des provinces où les résultats ont été les plus contestés. Évidemment, nombreux sont ceux qui considèrent avoir l’envergure d’un présidentiable, y compris le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, le Secrétaire général du PPRD (Parti du Peuple Pour La Reconstruction, parti de Kabila) Evariste Boshab et le ministre de la Communication Lambert Mende. Le problème de ce scénario tient à la grande difficulté d’identifier un candidat avec le consentement de la majorité, de continuer à serrer les rangs et à représenter les intérêts des différents groupes antagoniques formant les piliers du régime de Kabila. Le processus de désignation d’un héritier serait, bien sûr, un exercice très complexe et très douloureux – nombreux sont ceux pourvus d’ambitions présidentielles. Kabila pourrait probablement initier et même diriger cet effort, mais il est très peu plausible que la décision puisse être prise par un seul individu. De nombreuses variables devraient être prises en compte, y compris les équilibres régionaux. Le président pourrait prendre l’initiative de modifier l’article 220 de la Constitution et de changer le nombre et/ou la durée des mandats. Cela lui donnerait théoriquement l’opportunité de rester président. Cette option a été suggérée plusieurs fois au sein de la majorité congolaise et du cercle de Kabila. Nombre d’observateurs n’excluent pas la possibilité que Kabila ne croit pas que le temps soit venu de promulguer un tel amendement, et qu’il puisse le considérer à un autre moment de la législature actuelle. On ne peut pas exclure qu’il puisse tolérer ou même agiter lui-même le « ballon d’essai » pour voir s’il existe une possibilité réaliste pour lui de demeurer au pouvoir après 2016. La question essentielle semble être si oui ou non un tel scénario peut recueillir un soutien suffisant au sein de la majorité présidentielle et même au sein du PPRD. Il pourrait le faire en raison de problèmes financiers et logistiques crédibles entravant le processus électoral. L’organisation d’élections locales pourrait absorber la quasi-totalité du budget alloué aux élections, ce qui rendrait impossible l’organisation à temps des sondages pour les présidentielles. Ce scénario semble avoir été intégralement développé par le président de la commission électorale CENI, Apollinaire Malu Malu. L’organisation d’élections locales est la première étape du processus et les élections indirectes des députés, gouverneurs et sénateurs des provinces renforceraient le PPRD puisqu’il est le seul parti ayant des ambitions nationales capables de mobiliser les 18 000 candidats nécessaires pour couvrir l’ensemble du territoire. Accélérer le processus de décentralisation est une autre stratégie possible, y compris le redécoupage des 11 provinces actuelles du Congo en 26 , prévu dans la Constitution de 2005. Ce redécoupage redéfinira l’équilibre des pouvoirs entre groupes ethniques et intérêts économiques et sera une source de tensions, de compétition et potentiellement de violence en différents endroits. Pour Malu Malu et son équipe, les 26 provinces constituent l’épine dorsale de leur structure organisationnelle. Le CENI a 26 secrétariats de province. Il a récemment dressé la version préliminaire de la cartographie de la province du Bandundu, qui fait office de projet pilote : 200 agents ont travaillé pendant trois mois à la collecte de données géographiques, sociologiques et coutumières. Il est réaliste d’envisager que Kabila décide à un moment donné qu’il préfère se maintenir à la présidence parce qu’il pense que son départ rendrait le pays vulnérable. Il existe un groupe influent au sein de son PPRD qui tente de le convaincre de rester. Au cours de ces dernières semaines et de ces derniers mois, il y a eu beaucoup de spéculation donnant lieu au lancement fascinant d’un ballon d’essai par des politiciens et autres personnalités publiques dans les médias, émanant d’initiatives personnelles ou d’une fuite intentionnelle, afin de jauger la réaction de l’opinion publique locale et internationale. Il est peu probable que cela se soit fait sans l’accord tacite de Kabila, mais il n’a jusqu’alors ouvertement apporté aucun soutien à ces idées et à ces initiatives.

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