INSTABILITE SOCIALE DANS LA REGION DES GRANDS-LACS SURTOUT ÀL'EST DELA RDCONGO :Théâtre de violences au temps de la décolonisation, de guerres civiles et de purifications ethniques au cours des décennies 60 et 70, et de génocide,guerre régionale et nouvelles guerres civiles à partir de la décennie 90; la région des Grands Lacs est devenue sans conteste une région martyre et meurtrie. Les victimes de ces atrocités répétitives se dénombrent aujourd’hui par millions ; et plus nombreuses encore sont les populations en déshérence, frappées par l’exil, le déplacement forcé, la faim, les intempéries, la misère toujours plus profonde, les violations graves des droits fondamentaux, la mauvaise gouvernance et parfois, l’absence de l’Etat tout court, et des services élémentaires qu’il devrait pourvoir à ses citoyens. La présente réflexion tente de situer les enjeux, d’examiner les avancées et les reculs en termes de paix et de sécurité ces dernières années dans la région des Grands Lacs, tout en attirant l’attention sur un défi insidieux et souvent ignoré, à savoir l’idéologie de haine et de suspicion dont la nuisance est certainement la cause majeure de la violence et de l’instabilité dans la région des Grands Lacs. Clarifier les concepts et les enjeux. Dans le langage courant, les vocables paix et sécurité ont tendance à être confondus. La paix se définit sommairement comme « absence de violence ou de conflit », ce que d’aucuns considèrent comme une « définition négative » de la paix. Une définition plus large de la paix, appelée aussi « définition positive » implique l’absence des contraintes comme « la guerre, la menace de guerre, la pauvreté, la mauvaise éducation, l’oppression politique, etc. La sécurité se définit tout aussi sommairement comme « absence de danger et sentiment d’une certaine quiétude. » [2]Traditionnellement, la sécurité s’entendait au sens strictement militaire comme « protection du territoire de l’Etat. » [3]Ce dernier était le principal concerné par la sécurité. Un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a cependant promu à partir de 1994, le concept de « sécurité humaine » [4]qui met l’accent non plus sur la seule protection du territoire de l’Etat, mais davantage sur la protection des individus et de la communauté, en élargissant l’éventail de ce qu’on peut considérer comme les questions sécuritaires. La sécurité humaine implique donc non seulement la liberté de vivre à l’abri de la peur (freedom from fear), mais aussi la liberté de vivre à l’abri du besoin (freedom from want). Elle équivaut à protéger les individus contre des menaces telles que les conflits armés, l’arbitraire de l’Etat, les déplacements forcés, la violence politique et criminelle ; mais aussi, à les protéger contre la pauvreté, la famine, la maladie et les catastrophes environnementales. [5] Certains ont tenté de mettre en rapport les deux concepts. Pour les uns, « la sécurité est quelque chose qui assure la paix ; et le bien-être de l’homme est la valeur intrinsèque que la paix doit maintenir ». [6]Pour Yan Xuetong cependant, « la paix constitue seulement un des états de la sécurité. Les autres états de la sécurité sont la guerre et l’état de ‘ni paix ni guerre’ ». Pour cet auteur, la paix comprend quatre degrés de sécurité, à savoir l’absence de sécurité, la sécurité partielle, la sécurité passable, et la sécurité absolue ». Il rappelle que la paix est une des voies de résolution de conflit mais pas nécessairement la plus efficace. « En conséquence », dit-il, « nous devrions faire attention à ne pas considérer le ‘maintien de la paix’ comme l’approche essentielle dans le renforcement de la sécurité nationale ». Et de rappeler que « de nombreuses guerres ont été menées en quête de sécurité et au prix de la paix ». [7] La région des Grands Lacs dont il est question est pour sa part un espace géographique qu’il n’est pas toujours facile de circonscrire. L’expression « Afrique des Grands Lacs » a été utilisée à l’origine par des explorateurs venus à la recherche des sources du Nil, avant de céder le pas à celle d’ « Afrique inter-lacustre » dans les milieux de la recherche. L’expression reprendra un regain d’intérêt avec l’organisation en 1979 à Bujumbura d’un colloque consacré à la « civilisation ancienne des peuples des Grands Lacs ». Les pays considérés comme faisant partie de cet ensemble appelé aussi « région des Grands Lacs » sont à l’époque la Tanzanie, l’Ouganda, le Congo Kinshasa (alors Zaïre), le Burundi et le Rwanda. Sur le plan politique cependant, la « Communauté Economique des Pays des Grands Lacs » (CEPGL) avait déjà vu le jour à Gisenyi le 20 septembre 1976. Les pays membres de cette organisation étaient le Burundi, le Congo Kinshasa (alors Zaïre) et le Rwanda. La région des Grands Lacs s’est politiquement étendue sur onze Etats depuis l’inauguration officielle du Secrétariat Exécutif de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) à Bujumbura en mai 2007.

Attaques de Beni : « Ce ne seraient pas les ADF ! » Les récentes attaques dans la région de Beni au Nord-Kivu ont à tort ou à raison été attribuées aux insurgés et islamistes. Territoire de Beni (Nord-Kivu) : Six kidnappés abattus par les ADF/Nalu. C’est en hauteur de la rivière Semliki sur la route Mbau – Kamango à l’extrême Est du secteur de Beni/Mbau que les corps sans vie des civils enlevés dans les environs de la localité de Mbau ont été découverts. Ces actes on ne peut plus ignobles survienne une semaine après le carnage attribué aux mêmes ADF/Nalu dans cité d’Oïcha et environs à une trentaine de km de la ville de Beni. « Les victimes, dont le plus jeune âgé de quelques mois seulement – avaient été tués avec une extrême brutalité, pour la plupart à l’arme blanche. Trois filles mineures avaient été violées par les assaillants avant d’être décapitées. Le corps mutilé et démembré d’un enfant avaient aussi été retrouvés sur un arbre, dans le village de Musuku« , d’après une source de la société civile. Toutes ses exactions sont ou seraient l’œuvre des milices de l’ADF-Nalu accusé aussi de meurtres, enlèvements et pillages. La rébellion de l’ADF-Nalu sévit dans la partie nord de la province du Nord-Kivu, frontalière de l’Ouganda, entre le lac Albert et le lac Édouard. Il y a six jours, les populations de May-Moya, Kisiki et Maibo ont vidé leurs villages en direction d’Oïcha (chef-lieu du Territoire de Beni) au sud et d’Eringeti au nord. « Ce qui risque à nouveau de créer un drame humanitaire« , avait estimé Guy Kibira Ndoole, président de lu parlement des jeunes du Nord Kivu. Aussi comme il l’a soutenu dans sa récente déclaration, le Gouvernement congolais et la MONUSCO doivent agir, car l’heure est grave, très grave même. Les ADF-NALU défient dans toute flagrance l’autorité de l’Etat et narguent les FARDC en sabotant les localités dites libérées par l’armée régulière. Actuellement composée d’islamistes, les forces de l’ADF-Nalu sont dirigées depuis 2007 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l’islam. Les États-Unis les ont placées sur leur liste d’organisations terroristes dès 2001 et Jamil Mukulu est visé par des sanctions de l’ONU depuis 2011, et de l’Union européenne depuis 2012. Pourquoi s’apprendrait-il à des congolais et non à des ougandais ? Seuls « ceux-là » peuvent répondre…Ces corps des victimes étaient en état de décomposition très avancée, à en croire Jean-Paul Ngahangondi, acteur de la société civile et président de l’ONGDH CRDH actif dans le territoire de Beni. Il s’agit des corps sans vie de six de 10 civils enlevés la semaine dernière dans les environs de Mbau, chef-lieu de la chefferie de Beni/Mbau par des présumés rebelles ADF/Nalu. Il s’agit essentiellement des hommes, agriculteurs pour la plupart, enlevés dans les environs de la localité de Mbau et découverts morts en décomposition la journée du 24 juin par leurs membres de famille, précise-t-il. D’après la même source, 4 de ses kidnappés avaient réussi à se retrancher des mains de leurs ravisseurs avant l’accomplissement de ce forfait macabre à quelques mètres de l’endroit connu sous le nom de Kasenyi, une pêcherie de fortune située non loin de la rivière Semliki sur l’axe routier Mbau – Kamango, entre le secteur de Beni/Mbau et la chefferie de Watalinga. Cette nième découverte macabre vient ressusciter la douleur causée par l’assassinat la semaine dernière d’un chef de localité et de son collaborateur dans la même contrée. Pour rappel, cet assassinat dont seraient auteurs les militaires loyalistes en connivence avec les services de renseignements, d’après les chaines locales, a suscité un ras-le-bol les journées du 23 au 24 juin dernier dans la partie nord-est du territoire de Beni, conduisant à une suspension momentanée des activités dans cette région et à l’arrêt par l’autorité des services de renseignement des émissions de la Radio Muungano Beni – antenne d’Oïcha et de trois de ses journalistes pour avoir diffusé des informations jugées subversives à ce propos et remettant en claire une certaine implication des services de sécurité dans ce forfait. Pour rappel, ces rebelles ADF/Nalu ne sont pas à leur premier forfait du genre dans la région. Ils détiennent encore quelques 800 otages non encore libérés par ce mouvement terroriste, même au lendemain des opérations militaires SOKOLA menées conjointement avec la MONUSCO. Le 20 juin dernier, le collectif des parties civiles du Nord-Kivu (CPCNK) avait fustigé le laxisme du gouvernement congolais face à des répétitifs cas d’insécurité dont seraient auteurs les terroristes ougandais ADF/Nalu et quelques éléments brebis galeuses des forces loyalistes. Dans une lettre ouverte adressée au président de l’assemblée nationale, le CPCNK en avait demandé à l’intervention urgente de la chambre basse du parlement, organe de représentation du peuple, afin que soient tirées aux clairs les zones d’ombres qui planent encore sur ce que sont devenus nos compatriotes détenus en otages par les ADF/NALU.

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