Le Congo est en crise depuis 1960. Jusqu’aujourd’hui, cette crise demeure. La première crise a eu lieu de 1960 à 1965. D’abord, avec le limogeage de Lumumba jusqu’à son assassinat en 1961, la prise de pouvoir par Mobutu en 1965. Ensuite, il y a eu la création du Mouvement populaire de la révolution (MPR) en 1967, le recours à l’authenticité, la zaïrianisation en 1973, la suprématie du MPR devenu parti-Etat, la confiscation des biens des étrangers dans le petit commerce par le président Mobutu qui, au lieu de les confier aux commerçants congolais ayant une expérience, les remet aux membres du Bureau politique et du Comité central et que sais-je encore. Résultat : la faillite de l’organisation. Et en 1976, il y a eu rectification du tir en reprenant ces biens pour les remettre à leurs propriétaires. A l’époque, la crise est en train de se radicaliser à travers le monde. Et le Zaïre en a fait les frais. Il s’en est suivi de la création du parti clandestin, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), du monopole du MPR pour arriver en 1990 avec le massacre des étudiants de Lubumbashi qui va dégénérer sur la Conférence constitutionnelle ou la Conférence nationale. C’est finalement la Conférence nationale souveraine (CNS) qui est retenue avec l’élection du président national de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, comme premier ministre, dont le pouvoir sera contesté par Mobutu. Tshisekedi limogé, Mobutu va débaucher un des leaders de l’UDPS, Faustin Birindwa, qui forme son gouvernement. Les Forces du conclave se mettent en mouvement jusqu’à faire germer l’idée de la Troisième voie qui verra le retour de Kengo Wa Dondo aux affaires, en tant que Premier ministre. Et c’est la fin des forces qui étaient censées mener la bataille de la Conférence nationale souveraine. Il y a crise d’intelligence, d’organisation et d’utopie, c’est dire qu’il y a le chaos depuis l’indépendance en 1960 jusqu’aujourd’hui ? On a l’impression qu’on oublie que nous sommes aussi victimes de ce qui se passe sur le plan international ? Que faire quand on voit tous ces gens qui décident sur notre destin, qui essaient un peu de nous garder dans ces conditions. C’est ce que le petit peuple pense. Les élites congolaises sont non seulement inconscientes mais ne comprennent pas qu’elles sont aussi victimes de mutations sur les plans national et international. C’est ainsi qu’arrive l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), avec tous ceux qui, à tord ou à raison, avaient voulu changer le destin du Congo en soutenant Laurent-Désiré Kabila. Cette épopée nouvelle dont les Congolais ont attendu une certaine libération et, probablement, un nouveau saut qualitatif dans la vie de ce pays. Et quand on voit l’assassinat de L.-D. Kabila en 2001, sur lequel on ne sait pas qui est le commanditaire, qui sont les acteurs et pourquoi ils ont fauché cet homme et plongé le pays dans l’expectative, vient alors Joseph Kabila au pouvoir. Il y avait la problématique de la paix. Va-t-il se cramponner au pouvoir pour l’exercer tout seul ? Non. Il va le partager avec l’idée de flexibilité, c’est-à-dire qu’il arrive au pouvoir et compose avec les opposants. Ce qui lui a permis décanter le Dialogue inter congolais et l’Accord global et inclusif. Et quasiment la mise sur pied de cette transition qui a pris fin en 2006, avec l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes, même s’il y a eu des contestations. Bref, nous avons eu un gouvernement démocratiquement élu. On espérait que 2006 serait une sorte d’apothéose. Voilà un gouvernement démocratiquement élu qui finit un mandat de cinq ans, quelle que soit l’opinion que nous puissions en avoir. Or, ce qu’on a vu en 2011, c’est tout sauf des élections libres, démocratiques et transparentes. Et tout cela est dû au chaos organisationnel de la Commission nationale électorale indépendante (CENI). Laquelle est la charpente ouvrière de ce chaos organisationnel qui a plongé le pays dans l’expectative que l’on sait. Est-ce que le peuple lui a donné constitutionnellement le pouvoir d’organiser des élections et de permettre à ce pays d’amorcer une transition, entendue non pas comme basculement du pouvoir à l’opposition, mais de passer d’une étape d’expérimentation de la démocratie à l’assise démocratique, soit la majorité sortante a gagné les élections à la régulière, ce que le pays tout entier et la communauté internationale acclameraient ou, à tort ou à raison, l’opinion donnerait la majorité à l’opposition. Ainsi, le gouvernement de la République et la majorité sortante diraient : Puisque c’est le peuple qui a parlé, nous prenons acte et nous nous retirons. Ceux qui les ont gagnées, notamment le président de la République, auront beau à dire qu’il en est ainsi ce qui peut être plausible mais ce n’est pas sa faute. Celle-ci revient à la CENI qui a créé le chaos qui fait qu’on en soit là. Et ceux qui ont perdu les élections, notamment Etienne Tshisekedi dit aussi avoir gagné contre...

RDCONGO: Aujourd’hui 55 ans après, l’histoire politique congolaise n’a toujours pas effacé cette mésaventure de ses annales. En effet, la crise du 5 septembre 1960 pose, jusqu’à ce jour, de nombreux questionnements sur la notion de légitimité dans l’État congolais. Ceux qui dirigent sont-ils réellement investis par le pouvoir du peuple? Et dans tout cela, quelle est la part du peuple? Tout récemment, on a vu lors de la proclamation des résultats des élections présidentielles de 2011, l’opposant historique, Étienne Tshisekedi Wa Mulumba s’autoproclamer Président de la République en contestant les scores publiés par la Commission nationale électorale en faveur du candidat Joseph Kabila, l’actuel Chef de l’État. A cet effet, Tshisekedi avait même ordonné l’arrestation de Kabila. « Je vous demande de chercher ce monsieur partout où il est dans le territoire national de me l’amener ici vivant. Celui qui m’amènera Kabila ici ligoté, aura une récompense », dixit Tshisekedi. Peut-on dire qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’État? Ou d’une simple plaisanterie de mauvais goût…Sans doute au Congo, on aura tout vu. Il sied, par ailleurs, de rappeler les circonstances qui ont été à la base de la crise politique du septembre 1960. Comment en est-on arrivé là? Quels diables moches envoûtaient-ils les dirigeants congolais de l’époque? Au lendemain de la fête, les vieux problèmes ont refait surface. D’abord, les désordres orchestrés par les militaires congolais qui réclamaient les grades supérieurs après l’indépendance. N’étant pas d’accord avec ces militaires « capricieux », le Général belge de la Force publique, Emile Jansenss, déclara lors d’une parade militaire: « Dans l’armée, avant l’indépendance égale à après l’Indépendance ». C’est la colère au rang des forces noires congolaises. Dès lors, elles aussi, réclament leur indépendance. Le pays vibre au rythme d’un grand imbroglio. « On casse, on pille, on tue et on viole… ». Même les étrangers sont menacés. Les Belges aussi. L’armée belge intervient finalement. Lumumba accuse l’ancienne colonie de formater les troubles. Enfin, la cérémonie qui consacra l’indépendance du Congo s’est déroulée le 30 juin 1960 . Le gouvernement congolais issu de l’union nationale est au pouvoir. A Léopoldville et dans tout le Congo, la mémoire des gens est encore fraîche. Personne ne semble oublier le discours du Premier ministre , Patrice Lumumba, dans lequel beaucoup d’observateurs avertis pensent que le monarque belge avait symboliquement reçu une belle gifle. Comme on pouvait bien le remarquer, dans le message de Lumumba, il y avait du répondant si on pouvait l’égaliser avec celui du souverain belge. Toutefois, était-il nécessaire de tenir un discours aussi musclé dans ce cadre? Non. Personne n’oublie également le discours consensuel du Président de la république du Congo, Joseph Kasa-Vubu. Aucun commentaire non plus sur le discours du Roi Baudouin car, cette allocution ne faisait que glorifier et magnifier le rôle de la Belgique au Congo depuis belle lurette. Le 11 juillet 1960, la province du Katanga proclame son indépendance. Le leader sécessionniste katangais Moïse Tschombé pouvait bien compter sur l’appui des puissances occidentales. Moins de deux semaines après que le pays ait accédé à l’Indépendance, le gouvernement de Léopoldville se voit dépasser par les événements. Pendant que le président Kasa-Vubu et son Premier Ministre cherchaient à résoudre le problème, un autre s’y rajoute ; le 9 août 1960, Albert Kalonji proclame à son tour l’Indépendance du Sud-Kasaï. Le gouvernement se doit d’agir mais Kasa-Vubu privilégie le dialogue avec les sécessionnistes, Lumumba a une opinion très contraire au Chef de l’Etat. Il charge son ami Mobutu à qui il confie les commandes de l’armée de mener l’opération de la reconquête. 5 septembre 1960 : la République démocratique du Congo est devenue un État indépendant depuis 65 jours. Ce jour-là, le Président de la République, Joseph Kasa-Vubu annonce à la radio la révocation du Premier Ministre Lumumba et de quelques ministres de son gouvernement. Kasa-Vubu reproche à Lumumba d’avoir trahi le peuple congolais. Dans la foulée, la réaction ne s’est fait pas attendre. Ayant appris la nouvelle, Lumumba s’est rendu promptement au Parlement où ses sympathisants l’attendaient de pied ferme. D’entrée de jeu, Lumumba s’adresse au Parlement et déclare : « Le gouvernement reste au pouvoir et continue sa mission. Personne pas même le Président de la République n’a le droit de révoquer un gouvernement élu par le peuple, sauf le peuple ». De vifs applaudissements se dégagèrent de la foule. A l’attention des médias, Patrice Lumumba affirme : « La Radio vient de publier une déclaration de Kasa-Vubu aux termes de laquelle le Gouvernement est révoqué. Au nom du Gouvernement, au nom de la nation toute entière, je démens cette information ». A la fin de son allocution, Patrice Lumumba destitua à son tour le Président Kasa-Vubu avec l’approbation du Parlement.

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