Afrique Nos Amis Dictateurs : L' Afrique offre aujourd'hui l'image d'un continent ravagé par des conflits que l'on a vite fait de qualifier d'ethniques. Qu'il s'agisse du Liberia, de la Sierra Leone, de la Côte d'Ivoire, du Rwanda, de la République démocratique du Congo ou du Darfour, à propos duquel on parle même de génocide, l'ethnicité est tenue pour principale responsable de conflits qui, bien souvent, débordent le cadre national stricto sensu pour s'élargir à de vastes espaces régionaux. Mais ces conflits, meurtriers et déstabilisants, se réduisent-ils à leur dimension ethnique apparente ?

Crise politique en Afrique aujourd' hui, se trouve à un tournant. Ce tournant, sur le plan historique, n’est autre chose que la fin de l’impérialisme. La crise de la pensée occidentale est identique à la fin de l’impérialisme. » Michel Foucault (1)
L’intronisation du nouveau président et gouvernement "socialistes" ne laisse aucun doute quant à la continuité de la politique étrangère de leurs prédécesseurs : alignement au millimètre près sur la "politique atlantiste" et totale servitude aux intérêts de l’Empire américain.
Tout particulièrement, au Moyen-Orient : soutien aveugle aux gérontocratiques absolutismes des pétromonarchies et aux dérives suicidaires de l’extrémisme sioniste.
En Amérique Latine : hostilité permanente à l’encontre des pays revendiquant indépendance économique et respect de leur souveraineté nationale ( Cuba, Bolivie, Equateur, Venezuela). Avec appui indéfectible aux ploutocraties, travesties en ’démocraties électorales’, régies par des castes de milliardaires livrant leurs pays au pillage ( Chili, Colombie, Mexique, Pérou).
Même approche en Europe dite ’de l’Est’, totalement inféodée à l’OTAN : solidarité inconditionnelle avec les régimes mafieux camouflés, là encore, en ’démocraties’ (Albanie, Bulgarie, Roumanie, etc.). Tout en harcelant la Russie, pour entraver son développement. Ou, en Asie : les régimes ultra corrompus, tels que ceux de Thaïlandeou des Philippines, seront encensés par rapport à une Chine qui sera, bien évidemment, sans cesse diabolisée.
Manière, pour ce qui est de la Russie ou de la Chine, de se relaxer dans la "bonne conscience" en sniffant une ligne aux "droits de l’homme" C'est désormais officiel : Blaise Compaoré, l'ancien président burkinabè, est Ivoirien. Son décret de naturalisation, signé de la main du président Alassane Ouattara, est daté de novembre 2014, soit seulement un mois après la chute de l'ancien président. Ce décret a été publié auJournal officielen janvier 2016. L'ancien président du Burkina Faso est exilé en Côte d'Ivoire depuis qu'il a été chassé du pouvoir. Blaise Compaoré fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour son implication présumée dans la mort de l'ancien chef d'Etat Thomas Sankara. Il devrait donc devrait échapper à la justice car il ne peut pas être extradé.
Le décret numéro 2014-701 ne fait qu'une vingtaine de lignes. Signé d'Alassane Ouattara, il annonce sobrement, que suite à sa demande, Blaise Compaoré, né en 1951 à Ouagadougou, est naturalisé ivoirien. Le décret suivant annonce, lui, la naturalisation de François Compaoré, le frère de l'ancien président burkinabè.
Les textes sont datés du 17 novembre 2014, soit à peine plus de quinze jours après la chute de l'ex-chef d'Etatet son exil à Abidjan. Mais ils sont entrés en vigueur au lendemain de leur publication, le 18 janvier 2016.
Ces naturalisations interviennent donc un mois seulement après l'émission d'un mandat d'arrêt internationalpar la justice du Burkina Faso contre l'ancien président du pays. Celui-ci est inculpé pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ancien président du Burkina Faso Thomas Sankaraen 1987 lors d'un coup d'Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir. De plus, il est impliqué d'attentat contre la sûreté de l'Etat, complicité d'assassinat et complicité de recel de cadavre.
Les autorités ivoiriennes ne souhaitent pas commenter ces informations. «C'est une affaire strictement personnelle», réagit ainsi une source.
Blaise Compaoré devrait donc devrait échapper à la justice du pays qu'il a dirigé pendant de longues années. Etant donné les liens d'amitié entre Blaise Compaoré et Alassane Ouattara, une extradition semblait peu probable, après cette naturalisation, elle l'est encore moins.
«Lamentable »
En tout cas, la nouvelle fait débat à Ouagadougou. Si certains partisans de l’ancien président n’y voient aucun inconvénient, d’autres par contre, ses adversaires, qualifient d’acte «honteux» de celui qui a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans.
Pour Pascal Zaida, secrétaire exécutif du mouvement populaire des jeunes, un mouvement qui avait soutenu le projet de référendum défendu par les partisans de l’ancien président, il sera difficile pour Blaise Compaoré de se présenter devant une justice à deux vitesses. «Nous estimons que d'un point de vue légal, c'est normal, il peut avoir la nationalité, ce n'est pas interdit. L'ethnicité dans la longue durée historique. Pour comprendre les conflits africains contemporains, il est indispensable de retracer l'histoire de l'imposition de l'État moderne, colonial puis postcolonial. En effet, l'ethnicité, c'est-à-dire la conscience d'appartenir à un groupe humain différent des autres et de le revendiquer, est indissociable en Afrique de la formation du modèle européen d'État-nation qui s'amorce à la fin du xixe siècle. À cet égard, on peut s'interroger sur l'origine des ethnies en Afrique : ont-elles été « inventées » par le colonisateur (français, anglais, belge, portugais, espagnol) ou ont-elles […]

Commentaires