Les USA ont un agenda caché en République démocratique du Congo C’est que début mai de l’année 2014, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en personne est descendu à Kinshasa et y a déclaré que les Etats-Unis allaient financer les élections avec une somme de 30 millions de dollars à condition que la constitution soit respectée en ce qui concerne les limites du mandat présidentiel. Depuis lors, l’envoyé spécial d’Obama pour les Grands lacs, Russ Feingold, a répété plusieurs fois d’une façon assez explicite des oukases et ultimatums. Quelques jours après la visite de John Kerry, Russ Feingold déclara : "Our strong advice is that there is a global election calendar with the presidential elections no later than the end of 2016, and (that there should be) no attempt to disregard the unamendable stipulation of article 220.

Pendant les 50 ans après les indépendances dans beaucoup des pays en Afrique, l’impérialisme n’a jamais arrêté de combattre les indépendances. Les capitalistes-impérialistes ont installé des dictatures néocoloniales comme ceux de Compaoré et de Mobutu. Avec l’aide de ce type de dictatures néocoloniales, ils ont créé des dettes odieuses, ils ont pu manipuler jusqu’au début de ce siècle, quand des économies émergentes ont changé la donne, les prix des matières premières. Les multinationales peuvent continuer à piller l’Afrique, mais contrairement à la période coloniale, ils n’investissent plus dans les États, dans le social ou les infrastructures. Raf Custers a comparé dans son livre Chasseurs de matières premières, édité par Investig’Action-Couleur livres le comportement des multinationales occidentales comme des météorites qui, après l’épuisement des ressources qu’ils sont venus exploiter, laissent derrière elles de grands trous vides sans que l’environnement ait tiré le moindre bénéfice. Les explosions de colère populaire reflètent combien les peuples en ont marre de cette situation de misère dans laquelle l’impérialisme les tient. Mais tant que l’on fait penser aux gens que la seule voie pour faire changer leur sort consiste à se battre pour l’alternance de leurs dirigeants, le changement ne sera pas du tout acquis.
Au Burkina Faso, Tolé Sagnon, ancien dirigeant du CGT-B, le plus grand syndicat dans le pays, posait très pertinemment la question lors d’une interview : « Pour moi, le débat qui vaut la peine d’être mené est la nature du changement attendu par notre peuple. Si l’alternance à la tête de l’État signifie un changement de personne pour la remplacer par une autre personne du même système, qui va mettre en œuvre les mêmes politiques de dépendance, les mêmes politiques économiques, en quoi cela servira-t-il les intérêts du pays réel qui se retrouve dans les rues ? »
Jean-Marie Bockel, ancien ministre de la Coopération au développement sous Nicolas Sarkozy l’a très bien compris. Il commentait la chute de Compaoré en ces termes : « Quelles que soient les qualités d’un certain nombre de chefs d’Etat, à un moment donné, il y a l’usure du pouvoir. » En effet, prenons les exemples de Mobutu au Congo, Ben Ali en Tunisie ou Moubarak en Egypte. Tous ont été pendant plusieurs décennies des alliés majeurs des puissances occidentales et de leurs intérêts économiques. Mais tous sont arrivés au point de rupture. Et sur la décision de la commission électorale nationale indépendante de commencer des élections locales et régionales en 2015, il disait : "The local elections are expensive but are not required by the constitution. Organizing and financing these, but not the (presidential) elections, which are required by the constitution, is not a believable approach."
D’abord ces déclarations violent la souveraineté et donc aussi la constitution congolaise puisque ce n’est pas au gouvernement étasunien de dicter le calendrier électoral en RDC. C’est une compétence de la CENI (Commission nationale électorale indépendante). Ce type d’ingérence est d’ailleurs allé trop loin. Des ambassadeurs occidentaux ont pris des initiatives de réunir des hommes politiques de la majorité et de l’opposition afin d’arriver à un consensus autour du calendrier électoral et de donner des injonctions à la CENI d’accepter ce « consensus ». Le samedi 31 mai, le Président congolais a même convoqué tous les ambassadeurs présents à Kinshasa et a dénoncé « les initiatives de certains de nos partenaires extérieurs qui donnent l’impression de vouloir créer anarchiquement des structures parallèles aux institutions légitimes en place en RDC pour gérer des questions relevant constitutionnellement de ces dernières. Pareilles initiatives seraient, selon le chef de l’Etat, nulles et de nul effet car ne répondant à aucune sollicitation des institutions étatiques de la RDC qui n’est pas un pays sous tutelle.”
Or Russ Feingold n’a pas reculé, il a continué à taper sur le même clou. Il faut aussi dire que l’équipe des envoyés spéciaux pour la région des Grands lacs qui agit comme une équipe représentant la Communauté internationale qui accompagne le processus de paix à l’Est du Congo reprend comme un écho le même thème des étasuniens dans ses déclarations. Ce qui n’est pas étonnant puisque cette équipe est dominée par des diplomates occidentaux.
Il faut savoir que dans le monde politique congolais, même chez certains hommes politiques de la majorité des déclarations sur leur pays venant de Washington, Paris et Bruxelles sont reçues comme la parole de Dieu. Des journaux, titrent sans gêne depuis lors une série interminables d’articles dans le style « Elections en RDC la CENI dos au mur » ou encore « Obama ne décolère pas » : « Kabila must go ! ». Ainsi le gouvernement étasunien a réussi à créer une situation de facto où la campagne électorale domine la vie politique deux ans avant les élections. C’est un acte de déstabilisation qui n’est pas à sous-estimer.

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