RDC : l'ONU préoquipée par les violences intercommunautaires entre les Hutu, et les Nande dans le Nord-Kivu. Publié, le 8 février 2016 Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme ) HCDH( s'est déclaré lundi alarmé par des informations faisant état d'une escalade des violences intercommunautaires dans les territoires de Lubero et Walikale )province du Nord-Kivu(, dans l'est de la République démocratique du Congo )RDC(. Ces violences auraient au moins 21 morts et 40 blessés et 70 maisons auraient été incendiées au cours du week-end passé.

Le démon du conflit communautaire refait surface à Rutshuru, territoire de la province du Nord-Kivu, avec son lot d’actes d’intolérance et de tuerie gratuite observé ces derniers jours avec beaucoup d’inquiétude par les populations locales.
Liguées comme un seul homme pour faire face à ces dérapages qui empoisonnent le climat social, plusieurs personnes éprises de paix et de justice et des organisations citoyennes locales condamnent fermement l’intolérance ethnique qui s’installe progressivement entre les membres des communautés hutu et nande, dans le territoire de Rutshuru.
Cette animosité entre les deux les communautés à une fois de plus malheureusement débouché à mort d’homme comme il y a quelques années auparavant. L’intolérance aveugle tant redoutée s’est soldée dans la nuit de dimanche 19 à lundi 20 juillet courant, à la mort de deux personnes et quatre blessés graves parmi les membres de la communauté Nande à Kabati, localité du groupement de Kisigari, dans la chefferie de Bwisha, au Sud de Rutshuru-centre.
La tension ainsi créée suite à ce double meurtre a provoqué un mouvement important de déplacement des populations. Jusqu’à ce moment, affirment des sources locales, de nombreuses familles Nande se déplacent, craignant pour leur sécurité. Les civils des deux communautés sont soutenus par des groupes armés, les Hutus par les Forces démocratiques de libération du Rwanda )FDLR( et les Nandés par des combattants traditionnels Mayi Mayi, ce qui rend la situation potentiellement encore plus explosive.
» Nous demandons au gouvernement congolais de prendre toutes les mesures possibles pour garantir la protection des civils et éradiquer la menace des groupes armés. Nous exhortons toutes les parties en présence à faire preuve de retenue et à privilégier le dialogue afin d'apaiser les tensions «, a dit la porte-parole du HCDH. Nous avons aussi reçu des rapports sur des déplacements massifs de civils, des pillages, des enlèvements et au moins trois viols au cours des derniers jours «, a dit une porte-parole du HCDH, Cécile Pouilly.
Selon le HCDH, les tensions entre les communautés hutue et nandée, qui sont en hausse depuis novembre dernier, semblent avoir atteint un niveau alarmant avec ces derniers incidents et pourraient engendrer des violences à grande échelle et davantage de déplacements. Les mêmes sources renseignent que la tension est montée d’un cran dans cette cité après la manifestation de la communauté hutu, la veille dans la soirée, contre la communauté Nande. Le bilan fait état de quatre personnes blessées à la machette lors de cette manifestation. Plusieurs familles ont même abandonné leurs habitations pour trouver refuge à la paroisse catholique locale ainsi qu’aux alentours de la base des casques bleus de la Monusco.
A en croire les mêmes sources, ces populations ont peur des probables accrochages entre les deux communautés.
Dimanche soir en effet, des tracts ont circulé dans la cité, demandant aux membres de la communauté hutu de quitter Nyamilima dans les 48 heures. La réaction de cette communauté ne s’est pas fait attendre.
A 23 heures, la plupart d’entre eux sont descendus dans la rue, munis de machettes, pour manifester leur colère.
Quatre personnes ont été blessées à cette occasion aux quartiers Israël, Bethléem et Tumaniini. Il s’agit de trois Nandes et d’un hutu, actuellement admis aux soins à l’hôpital de Nyamilima.
Des populations de la communauté hutu, en provenance de Buganza et Kasisi à 7 km de Nyamilima, ont tenté ce matin d’entrer à Nyamilima afin de prêter mains fortes aux membres de leur communauté. Mais, selon des sources locales, elles ont été dispersées par les FARDC.
Instrumentalisation !
De son côté, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a lancé un appel au calme. Pour lui, il n’est pas question que cette province revive les conflits ethniques à la base des évènements malheureux qui ont endeuillé plusieurs familles au Nord-Kivu.
Julien Paluku Kahongya dénonce un conflit instrumentalisé:
«Certainement qu’il y a des tireurs des ficelles çà et là, qui risquent d’opposer inutilement les communautés dans le territoire de Rutshuru, dans le groupement Binza; alors que personnellement je sais que les communautés vivent dans cette partie, depuis longtemps, sans se faire la guerre, sans se tirer dessus. Voilà pourquoi je demande à cette population de revoir dans le passé, comment elles ont coexisté ensemble et de s’interroger sur ceux qui sont en train de les instrumentaliser aujourd’hui, de les éloigner près d’eux.»
A (re) Lire: Nord-Kivu: vive tension à Nyamilima suite au meurtre de 5 habitants
C’est de cette façon, a-t-il estimé, qu’on va ramener la paix dans cette partie.
Le gouverneur du Nord-Kivu a promis de descendre, dans les jours à venir, à Nyamilima avec le président de l’Assemblée provinciale ainsi que d’autres notables :
«Nous allons arriver à Nyamilima dans les jours qui viennent pour que nous parlions à la population de cette partie », a annoncé Julien Paluku.

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