RDC vers une avenir politique chaotique avec des complicités des grandes puissances : Dans un pays où les deux premiers Chefs d’Etat avaient été chassés du pouvoir à la suite des coups de force (le général Joseph Désiré Mobutu contre Joseph Kasa-Vubu le 24 novembre 1965 ; Laurent Désiré Kabila contre Mobutu le 17 mai 1997) et un troisième, Laurent Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier 2001, l’alternance démocratique au pouvoir est fiévreusement attendue à l’horizon 2016. Sarah Sewall a épinglé, à dessein, le triste feuilleton de Biaise Compaoré au Burkina Faso, chassé du pouvoir après 27 ans de règne sans partage, pour n’avoir pas voulu respecter la volonté du peuple et tenté de tripatouiller la Constitution, afin de se maintenir éternellement au pouvoir. Elle a fait également état de la situation chaotique que connaît le Burundi, suite à l’entêtement de Pierre Nkurunziza d’exercer un troisième mandat anti-constitutionnel par défi.

Quel rôle peuvent jouer les États-Unis (USA) en faveur de la paix dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) ? Le militant de la diaspora congolaise, Kambale Musavuli décritl’histoire récente de la politique américaine dans la région en mettant l’accent sur ses échecs. Bien qu’il reconnaisse les changements dans l’approche de l’administration Obama, y compris la récente nomination de l’ancien sénateur Russ Feingold en tant qu’envoyé spécial, Musavuli donne l’impression aux lecteurs que rien n’a fondamentalement changé.
Je suis en désaccord. Quelque chose de fondamentalachangé dans la gestion de la crise des grands lacs par les États-Unis au cours des deux dernières années. Ce changement a commencé quand les Etats-Unis ont pris au sérieux les allégations formulées dans le rapport de 2012 du groupe d'experts des Nations Unies sur la RDCqui a clairement démontré l’importance du rôle de Kigali dans le soutien au mouvement rebelle M23.
Tout d’abord, les États-Unis ont seulement suspendu une aide militaire au montant symbolique au Rwanda. Cependant, alors que le conflit s’éternisait et que les pourparlers de paix vacillaient, Obama n'a pas donné une dérogation au Rwanda pour utiliser des enfants soldats. Alors que le montant de l’aide suspendue suite à cette décision était limité, c’était un coup dur pour le Rwanda car cela signifiait que le pays ne pouvait plus compter sur les États-Unis pour fermer les yeux sur son mauvais comportement au Congo.
Dans les mois qui viennent de s’écouler, les États-Unis ont augmenté leurs pressions diplomatiques. Au-delà de la nomination de Feingold, qui est activement impliqué dans la plupart des négociations et autres efforts internationaux visant à ramener la paix dans la région, les officiels américains font également pression sur les acteurs pour mettre fin à la violence une fois pour toute. La récente défaite du M23 face aux troupes de la RDC et de la nouvelle force d’interposition de la brigade des Nations-Unies est largement due au fait que le Rwanda, en prise à une intense pression diplomatique de la part des USA et du Royaume-Uni, n’est pas intervenu en faveur du M23. Ces pressions diplomatiques ont inclus des appels venant d’officiers de haut rang comme le secrétaire d’État américain John Kerry.
Le militant congolais Musavuli a cependant raison concernant l’histoire mouvementée de la politique américaine dans la région. Les diplomates américains à Kigali, à Kinshasa, et à Kampala, ont depuis longtemps été au courant des engagements illicites du Rwanda au Congo, mais ils avaient pour consigne de leur administration, républicaine ainsi que démocrate, de les ignorer. Ceci est dû au fait que le principe fondamental et implicite de la politique américaine dans l’Afrique de l’après guerre froide est, et à toujours été, celui de la stabilité politique. Ce ne fut que lorsque le rôle du Rwanda, en tant qu’acteur del’instabilitéau Congo, est devenu si évident et manifeste qu’il devint impossible de le nier. Ceci eu pour conséquence de porter atteinte aux principes directeurs de la politique américaine, amenant au récent changement de position de Washington.
Que les États-Unis agissent dans l’intérêt de leur propre sécurité nationale n’est pas une nouvelle choquante. Le plus intéressant, dans l’histoire de la politique américaine au Congo, est le débat entre des responsables politiques de premier plan au sein de la maison blanche et entre les plus proches conseillers du Président Obama.
Certain responsables américains ne veulent appliquer la responsabilité de protéger(R2P) que lorsqu’elle est conforme à la compréhension. Il n’est point besoin de souligner qu’aux yeux du président américain, l’Afrique devrait tourner la page d’hommes forts pour passer à celle d’institutions fortes. Il faut comprendre par là son souci de voir ses frères Africains intérioriser la culture démocratique, qui devrait obliger ceux qui aspirent à accéder au pouvoir d’Etat de gagner loyalement leurs tickets dans les urnes et de rendre élégamment le tablier une fois le nombre et la durée de leurs mandats épuisés.
Pour clarifier davantage la position américaine face aux processus électoraux en Afrique, Sarah Sewall a souligné que « les vrais, leaders ne définissent pas leur, héritage en raison de la durée de leur pouvoir, mais plutôt par rapport à ce qu’ils réalisent durant leurs mandats, afin de poser un fondement sûr pour des progrès durables ».
Les analystes politiques notent que les messages de Washington sur la passation civilisée du pouvoir entre les présidents congolais sortant et entrant ne cessent de s’accumuler, au point de paraître comme une série d’avertissements aux hommes au pouvoir, afin qu’ils tirent les conséquences d’un «glissement» en gestation contre la volonté du peuple congolais. Le décor de fin de règne du maréchal Mobutu était marqué aussi par un défilé d’envoyés spéciaux de Bill Clinton à Kinshasa, pour n’avoir pas su lire les signes du temps il avait fini.

Commentaires