DIALOGUE ET ELECTIONS EN RDCONGO : QUAND WASHINGTON RECLAME UNE CHOSE ET SON CONTRAIRE : Les Etats-Unis d’Amérique semblent être le dernier pays exclusiviste qui maintient la pression sur la tenue des élections coûte que coûte en 2016. L’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, Thomas Perriello, l’a répété lundi 22 février dernier en invitant la classe politique à trouver un consensus pour organiser les élections dans «un vrai délai constitutionnel». Il a estimé que la tenue des élections avant fin 2016 éviterait au peuple congolais de revivre des guerres liées à la conquête du pouvoir. Thomas Perriello a lancé cet appel à la sortie des échanges qu’il a eus lundi 22 février successivement avec les présidents des deux chambres du Parlement. Cette sorte de chantage à la paix cache mal le fonds de pensée de Washington qui, sous prétexte du respect de la constitution, ne vise pas autre chose que le changement de régime en RDC. En effet, cet acharnement sur les délais constitutionnels.

Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, FMI, est rentré bredouille. Il n’a pas pu obtenir « l’accord politique » qui devrait lui permettre de présenter et de défendre le « Dossier RDC », le 10 juin 2009, lors du Conseil d’administration du FMI à Washington. Motif principal de cet échec : les contrats chinois qui n’ont pas encore été revisités par le Gouvernement congolais et qui accordent à la Chine « l’accès facile aux matières premières ». Ça sent mauvais.
Le FMI et la RDC ne se sont pas tombés sur un « accord politique » devant permettre au directeur général de cette institution financière internationale, Dominique Strauss-Kahn, de présenter le « Dossier RDC » au prochain Conseil d’administration du FMI. Il est vrai que depuis la signature des « Contrats Chinois » entre la RDC et la Chine, le FMI se montre réticent pour la signature d’un nouveau programme économique, PEG II, avec le gouvernement congolais. Cette institution conseille vivement les autorités congolaises de renégocier ces contrats pour que les termes de ceux-ci soient compatibles avec la soutenabilité de la dette extérieure de la RDC.
Jusqu’à ce jour, les choses n’ont pas évolué quand bien même le volet technique du prochain programme économique ait été bouclé. Que va-t-il se passer maintenant ? Qu’adviendra-t-il si le gouvernement congolais ne suit pas les conseils du FMI et maintient les termes de la convention sino-congolaise comme tel ?
LA GUERRE DES MINERAIS
Pour deviner ce qui pourrait se passer, force est de rappeler les précédentes analyses qui relèvent que les enjeux de la guerre en République démocratique du Congo sont d’ordre économique. Au centre, le contrôle des minerais.
En outre, par ces temps qui courent, la chaîne de télévision TV5, projette des séquences vidéo sur la guerre en République démocratique du Congo, intitulée la « Guerre des minerais ». L’auteur appuie cette assertion : la paix troublée en RDC et dans l’Afrique des Grands Lacs a comme nerf de guerre, les minerais, avec comme objectif le contrôle des zones minières.
Or, derrière les fameux « contrats chinois », il y a bel et bien l’accès aux matières premières. Cet « accès facile » intrigue et fâche bel et bien les partenaires traditionnels de la RDC que sont les Occidentaux. Ceux-là même qui ont pris une part très active à l’organisation des élections en RDC, mais qui, malheureusement, se voient coiffés par la Chine lors de la distribution des marchés « mirobolants ». Ils se disent être payés en monnaie de singe.
Aussi, Dominique Strauss-Kahn, qui est en quelque sorte le « porte-parole » de l’Occident, était venu à Kinshasa comme porteur d’un message clair : renégocier les contrats chinois pour bénéficier de l’allègement de la dette ou rien. Au-delà de cet « ultimatum », c’est déjà l’affrontement entre l’Occident et la Chine pour l’exploitation des minerais. L’allègement de la dette, bien qu’un fait réel, n’est qu’une forme de pression pour ne pas laisser la partie concurrente avoir le contrôle des minerais.
Cette option occidentale est partagée par les pays du même bloc. La stratégie commune occidentale qui a été certainement renforcée lors de la visite du président américain Barack Obama en Europe à l’occasion de l’anniversaire de l’OTAN s’inscrit justement dans cette logique de ne « pas contrer l’expansion économique du bloc occidental » avec l’ arrivée des pays émergents, dont la Chine.
UNE GUERRE STRATEGIQUE
Il faut prendre de la hauteur et bien lire les signes de temps. Que la RDC soit au centre des enjeux régionaux et mondiaux, ce n’est pas le fait du hasard. On a l’impression que le plan parti du séminaire de l’Île de Gorée, qui avait été financé par l’USAID et appuyé par le milliardaire américain George Soros, n’a jamais démordu de son plan pseudo citoyen de soulèvement populaire contre le régime.
On ne peut, donc, pas lire autrement cette allusion répétée à des guerres liées à la conquête du pouvoir. Aujourd’hui, les évidences sautent aux yeux pour signifier l’impossibilité qu’il y a de tenir les délais constitutionnels. La CENI l’a signifié et la commission des affaires étrangères du Sénat américain qui avait noté que les écueils pour la tenue des élections étaient plutôt politiques que techniques.
Or, à ce jour, à part ses multiples appels au dialogue, Washington et d’autres acteurs de la scène politique internationale n’ont fourni aucun effort pour faire asseoir les Congolais afin qu’ils se parlent. Ban Ki Moon, Secrétaire Général de l’ONU, avait été saisi par le Chef de l’Etat pour la désignation d’un médiateur/modérateur du dialogue, mais à ce jour, la demande est restée sans suite. Cela malgré le fait que la demande de Joseph Kabila comportait une liste de personnalités sur laquelle Ki Moon peut opérer un choix.
Il est temps qu’au-delà du discours, Washington cesse de jouer au pourrissement de la situation pour convaincre ses protégés congolais d’aller au dialogue prévue dans les jours à venir dans le pay.

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