Élection des gouverneurs en Rdc toujours dans un climat des tensions entre la majorité, et l' opposition pour quel raison ? chaqun parle de son intérêt personnel et aublie les autres. Pour beaucoup de commentateurs à Kinshasa l’annonce faite par la CENI a fini par entamer le peu de crédibilité qui restait encore à la centrale électorale congolaise. Celle-ci a en effet assisté, sans aucune réaction, à l’activisme écrasant du ministère de l’intérieur tout au long du mois de juillet, au cours duquel le découpage territorial a été effectivement mis en place par les commissions constituées à cet effet. Le ministère de l’intérieur est allé jusqu’à annoncer «ses» dates pour l’élection des gouverneurs, entre fin juillet et début août. Une prérogative qui revient pourtant à la CENI en sa qualité de pouvoir organisateur des élections en République Démocratique du Congo. Le coup de grâce, s’il faut ainsi s’exprimer, est venu de l’annonce, mardi 28 juillet par la CENI, du report de la date de l’élection des gouverneurs.

L’empressement de la majorité pose en effet, au stade actuel, deux questions majeures à la classe politique congolaise ainsi qu’aux partenaires dans le processus électoral. La première relève de la problématique constitutionnelle : que deviennent, dans cette course, les nouveaux majeurs, dont le sort avait récemment «ému» même le chef de l’Etat, au point de l’amener, dans son adresse du 30 juin, à souhaiter que le dialogue permette, entre autres, de trancher en faveur de leur enrôlement. Aucun texte n’autorise, en effet, qu’une institution, un individu ou groupe d’individus, empêche des citoyens à part entière d’exercer leur devoir civique.
La deuxième question est d’ordre politique. Le découpage des provinces a en effet redistribué les circonscriptions électorales sur l’ensemble du territoire national. Mais au-delà de ce redéploiement, il restera encore et toujours l’épineuse question de la redistribution du corps électoral – la fameuse cartographie - face au phénomène du nombre élevé des bureaux de vote dans certains territoires à faible démographie, comparativement à leur nombre relativement bas dans les territoires à plus forte densité démographique.
Pour qu’elle ne soit pas évacuée juste comme un simple détail, rappelons que cette question avait empoisonné le débat au lendemain des élections de 2011. Avec, d’un côté, des bureaux de vote ayant connu un taux de participation de plus de 100%, sans aucune explication cohérente et, de l’autre, un taux de participation différent d’un scrutin à l’autre entre la présidentielle et les législatives dans un même bureau et pour des élections couplées. Plus généralement, les Missions d’Observation Electorales s’étaient montrées très dubitatives, sinon critiques, sur des taux de participation extrêmement élevés dans les zones favorables à la majorité et très bas dans celles où c’est l’opposition qui avait les faveurs.
Autant dire que l’empressement à aller coûte que coûte aux élections locales sans avoir enrôlé les nouveaux majeurs, sans un audit fiable du fichier électoral et sans un redéploiement conséquent de la cartographie des bureaux de vote plus conforme aux réalités démographiques, s’il ne cache pas une intention malicieuse, prépare à tout le moins le lit de la contestation.
Voilà pourquoi, à la limite,le dialogue n’aurait de sens que s’il devait permettre à chaque groupe de Congolais de développer son cahier de charges face à la gouvernance générale du pays et, en particulier, à une gouvernance électorale contestable. Des cahiers de charges qu’une instance d’arbitrage harmoniserait dans un rapport d’équidistance avec toutes les tendances politiques et sociales s’exprimant dans le pays.
Sans évidemment présager de la suite des événements, c’est l’exercice tenté, tant bien que mal, par le Congo-Brazzaville. Du moins, c’est le message qu’on a cherché à faire passer dans l’opinion et auprès des partenaires. Les voisins de la RD Congo n’ont pas seulement eu la sagesse – ou la malice -d’accepter le principe de deux dialogues, ils se sont en plus employés à éviter à leur chef de l’Etat la position critiquable de quelqu’un qui aurait d’emblée pris position pour une partie du pays contre une autre. Une annonce qui intervient au moment où des fuites avaient déjà prévenu que cette option était celle du bureau politique de la majorité, qui s’était réuni à ce propos lundi 27 juillet au Palais du Peuple. La majorité aurait souhaité se donner un peu plus de temps pour évaluer la nouvelle situation, compter ses forces avant d’aller à l’assaut des nouvelles provinces ou de conclure des «deals» avec des partis politiques de la majorité ou de l’opposition soutenant l’option du dialogue.
Le mauvais «timing» de l’annonce de la CENI a ainsi, malheureusement, confirmé les critiques de ceux qui ridiculisent une «CENI aux ordres de la majorité». La deuxième conséquence fâcheuse est la confirmation de l’analyse selon laquelle le calendrier électoral de la CENI n’est plus qu’un chiffon. Et que la concentration des élections locales, municipales, urbaines et provinciales, dans la meilleure des hypothèses fin 2015 et, au pire, courant 2016, repousserait ipso facto la présidentielle et les législatives nationales, à la fois faute d’argent et de temps.
Une sorte de démonstration par l’absurde. D’autant que la CENI se sera elle-même fait hara-kiri. On peut, déjà, en faire le constat avec l’important retard accumulé, au stade actuel, sur certaines étapes du calendrier électoral : dépôt des candidatures aux élections communales et locales du 26 mai au 28 juillet 2015 ; publication des listes définitives des candidats députés provinciaux le 9 juin 2015; contentieux des candidatures des candidats conseillers des communes et des secteurs-chefferies du 13 au 23 juillet 2015; publication des listes définitives des candidats conseillers des communes et des secteurs-chefferies le 28 juillet 2015.
Lentement mais sûrement, la boucle est en train d’être bouclée en faveur du glissement des élections.

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