LA RDC DANS L’IMPASSE POLITIQUE ? A scruter de près la situation sociopolitique de la RDC à l’aube de 2016, censée être une année de la fin du deuxième et dernier mandat présidentiel de Joseph Kabila, on note que le pays est dans une impasse pas de calendrier électoral ; pas d’argent pour financer le cycle complet des élections; le clivage politique est à son comble; risque d’affrontement entre forces politiques; faiblesse des institutions de la République; réduction des droits et des libertés des personnes; le programme quinquennal du gouvernement ne devrait être atteint qu’à 60 % ; l’insécurité persiste dans la partie Est du pays. Comme si cela ne suffisait pas, Kinshasa est en froid avec la communauté internationale. Tous ces éléments mis ensemble placent la RDC dans une incertitude. Seul face à son bilan Quelle que soit l’incertitude qui plane sur 2016, cette année reste celle du bilan du chef de l’Etat de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Il est le seul qui devra défendre son bilan devant le peuple.

LES HAUTS FAITS DU RAÏS
Arrivé au pouvoir le 26 janvier 2001, Joseph Kabila a promis de s’investir dans la pacification et la réunification de la RDC. Il a accepté la tenue du dialogue inter congolais de Sun City alors qu’il n’en était pas l’initiateur.
Bien plus, le Raïs a accepté les résolutions du dialogue inter congolais, notamment le partage de son pouvoir avec 4 vice-présidents de la République dans une transition de 2003 à 2006. Un acte d’humilité qui sera salué dans l’histoire politique de la RDC.
Durant les 5 premières années de son règne, Joseph Kabila a su maitriser des situations plus catastrophiques que celles que la RDC vit maintenant. Il a convaincu les partenaires extérieurs dans la reprise de la coopération structurelle avec les institutions de Bretton Woods. Et l’économie du pays a connu une croissance continue pendant plus de dix ans.
Il a pu organiser, par deux fois, les élections démocratiques en RDC, même si elles ont été entachées d’irrégularités. En 2006, en tant que président élu, il est allé saluer le perdant Jean-Pierre Bemba dans sa résidence privée à Gombe. Faisant ainsi montre d’un sens élevé d’humilité.
Pendant toute cette période, on sait qui entouraient le président de la République. Ils n’étaient pas 5 conseillers connus sur qui le chef de l’Etat comptait. On sait que Guillaume Samba Kaputo et Augustin Katumba Mwanke étaient les hommes clés du Raïs. Sans oublier Vital Kamerhe qui a joué un rôle non moins négligeable dans son élection de 2006.
Et, puis, patatras. L’absence de ces conseillers de poigne se remarque par les « fautes» que sa famille politique ne cesse de commettre ces derniers temps. Le pouvoir réagit aux évènements alors qu’il a tous les moyens légaux de les prévenir.
Au regard de la situation bouillante de la RDC, on est en droit de dire que ce qui se passe actuellement est la preuve que le président de la République n’est pas suffisamment aidé. C’est un homme seul. 2016 aurait pu être une année paisible pour le chef de l’Etat. Malheureusement, plusieurs problèmes minent le pays tant à l’interne qu’à l’externe. L’impuissance des animateurs des institutions.
A ce jour, la CENI est incapable de produire un calendrier électoral. Le financement des élections passe pour une montagne infranchissable pour l’Exécutif national alors que «gouverne c’est prévoir ».
De son côté, le parlement a failli dans la mise en place des lois nécessaires pour la tenue, dans le temps, des élections. Ce même parlement s’est compromis dans des votes de certaines lois, notamment la loi sur la répartition des sièges qui est totalement en déphasage avec la sociologie électorale. Surtout, le Parlement ne s’est jamais fait violence pour sanctionner « son » gouvernement. En 2014, le gouvernement a exécuté 1 milliard Usd de projets hors budget sans qu’un de ses membres « coupable » ne soit sanctionné.
Au lieu d’être un temple de la démocratie, l’Assemblée nationale est devenue un lieu par excellence de l dictature de la Majorité. Plusieurs lois importantes, nécessitant un compromis entre forces politiques, ont été votées sans la participation des députés de l‘Opposition.
Or, toutes ces «fautes» n’incombent pas directement au chef de l’Etat mais à ses collaborateurs qui ont bafoué des valeurs de la démocratie et de bonne gouvernance. Au point qu’à I ‘Assemblée nationale, notamment, les députés de la Majorité et de l’Opposition se regardent en chiens de faïence.
L’« erreur » du chef de l’Etat c’est de ne pas avoir sanctionné tous ces mauvais agissements de sa famille politique, en dépit de maigres résultats dans ses. Sachant que l’œuvre politique n’est pas solidaire calamiteuse dans laquelle se trouve la RDC atteste bien que le chef de l’Etat n’est jamais parvenu à trouver des collaborateurs suffisamment outillés, qu’il cherche depuis 2009, et qui auraient pu lui dispenser d’un si sombre tableau ?
En effet, ces deux dernières années, la Majorité présidentielle a commis tellement de fautes d’appréciation que le président aura du mal à normaliser la situation sans y laisser des plumes.
Déjà, l’année 2016 s’annonce agitée. La Majorité présidentielle devrait éviter les fautes commises en 2015 et imaginer d’autres stratégies de gestion des situations susceptibles de provoquer des affrontements sur la place publique.
Dès lors, la décision de la Majorité présidentielle d’organiser une marche le 16 février 2016 pour contrer celle programmée le même jour par l’Opposition politique serait une « faute » que le pouvoir devrait éviter. Puisque, en cas de dégâts collatéraux ceux-ci seraient mis à charge du chef de l’Etat en tant que « garant de la nation ».
Tout autant, le refus du gouvernement de faire mea culpa, en reconnaissant sa « responsabilité » de n’avoir pas mis de coté des fonds prévus dans les différents budgets depuis 2012, est aussi une « faute » de stratégie. A l’analyse, on se rend compte que le pouvoir a commis plus de bourdes en 2 ans que durant les 13 premières années du régime.

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