L’Opposition dite « Front du peuple » sollicite la relaxation de l’activiste Christopher Ngoy et le retour au pays de Roger Lumbala. Le « Front du peuple » devra encore patienter pendant quelque 15 jours avant d’être fixé par le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et de la sécurité. C’est hier lundi 7 mars que le coordonateur de cette plate-forme de l’Opposition et sa délégation ont sollicité la relaxation de l’activiste Christopher Ngoy et le retour au pays de Roger Lumbala « sans lesquels les Alliés d’Etienne Tshisekedi ne sauront pas être en ordre utile de bataille pour le Dialogue » en perspective. C’était au ministère de l’Intérieur, Evariste Boshab et le groupe conduit par Lisanga Bonganga ont passé plusieurs heures « sous une très bonne ambiance pour parler du Congo et du peuple congolais ». Deux sujets majeurs ont caractérisé les échanges, à savoir : le cas de l’activiste Christopher Ngoy toujours détenu au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK).

A la table des discussions, Lisanga Bonganga a brandit aussi le dossier lié à l’arrestation de certains membres de l’UDPS arrêtés au mois de janvier 2015 et récemment encore, le 16 février dernier, à l’occasion de la Journée ville morte initiée par l’Opposition.
Pour le « Front du peuple », « l’absence de ces joueurs devant prester dans leurs rangs pour les enjeux politiques à venir ne semble pas les motiver à poursuivre ou à s’engager dans le processus électoral ». De l’avis de Lisanga Bonganga et consorts, la poursuite du processus électoral et la tenue du dialogue, comme d’ailleurs souhaité par Evariste Boshab, passe aussi et surtout par la relaxation des personnes citées ci-dessous y compris les autres acteurs politiques « qui croupissent dans les geôles de services de la sécurité ». Il s’agit, entre autres, d’Eugène Diomi Ngongala…

Evariste Boshab n’a pas fait la sourde d’oreille face aux préoccupations soulevées par ces acteurs politiques de l’Opposition. Le ministre de l’Intérieur s’est dit satisfait de voir les politiciens fréquenter son ministère dans la mesure où le ministère de l’Intérieur est celui de la population. « Une plate-forme politique est constituée des partis et regroupements politiques, personnalités… Voilà pourquoi le lieu indiqué pour solliciter certains avantages est le ministère de l’Intérieur », a confié le numéro 1 de la territoriale aux cadres du « Front du peuple ».
Concrètement, Evariste Boshab a sollicité de ses interlocuteurs un sursis de deux semaines soit de 15 jours. Le temps de s’informer auprès de différents services gérant les dossiers de Christopher Ngoy, Roger Lumbala… et répondre aux préoccupations du «Front du peuple ». Mais avant d’en arriver là, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité a demandé à Lisanga Bonganga de lui faire parvenir la liste de tous les militants de l’Udps qui auraient été interpellés au mois de janvier 2015. Notons que, les activistes des droits de l‘Homme dela République Démocratique du Congo en générale, menacent de tenir le gouvernement actuel, pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à leur collègue détenu par les services, envisageant même de se faire aussi prisonniers pour protester contre son arrestation.
L’affaire Christopher Ngoy, cet activiste des droits de l’Homme arrêté dans la foulée des manifestations contre la loi électorale du 19 et 20 janvier dernier, continue à alimenter la chronique. Des associations œuvrant dans ce secteur des droits humains sont décidées d’aller jusqu’au bout en utilisant tous les voies de droit pour obtenir la libération de leur membre détenu au secret, selon Human Rights Watch, par l'Agence nationale de renseignements (ANR). C’est dans ce cadre qu’il faut situer la marche que comptent organiser ces structures de défense des droits humains le lundi prochain pour obtenir la libération du président de l'ONG « Synergie Congo Culture et Développement » et coordonnateur de la plate-forme « Société civile de la République démocratique du Congo ».
D’après les initiateurs de cette marche voulue pacifique et non violente, les autorités compétentes seraient déjà saisies conformément à la procédure et aucun avis défavorable n’a été émis, à ce stade, pour interdire cette manifestation. Le collectif d’associations organisatrices de cette marche espère ainsi, par cette action, honorer la mémoire des chrétiens tombés sous les balles de la soldatesque mobutiste un certain 16 février 1992 alors qu’ils réclamaient plus de démocratie et de liberté. Tous les martyrs de la démocratie ayant payé de leur vie pour que triomphent les valeurs républicaines devraient trouver en cette marche un motif de consolation, un peu comme pour dire que leur combat n’aura pas été vain.
Le bémol de Mende
En tout cas dans les milieux des défenseurs des droits de l’homme, des appréhensions sont perceptibles quant au sort à infliger à Christopher Ngoy présenté comme le fer de lance des manifestations du 19, 20 et 21 janvier. L’expérience macabre de l’ancien directeur exécutif de la Voix des sans-voix, Floribert Chebeya, retrouvé mort en juin 2010 après s'être rendu chez le chef de la police de l'époque, est vite remontée à la surface, surtout que son lieu de détention est toujours tenu secret. Nonobstant les assurances du porte-parole du gouvernement qui a informé que Christopher Ngoy est bel et bien détenu par la police judiciaire des parquets en passe d’être déféré devant un juge, le doute persiste dans le chef de ses collègues.« On ne peut pas nous dire aujourd’hui que Christopher a été présenté à la justice sans que nous ne soyons au courant », rétorquent les défenseurs des droits humains.
Cherchant à dédramatiser la situation de cet activiste des droits de l’Homme, Lambert Mende a laissé entendre, lors de son dernier point de presse, que les proches du prévenu ainsi que ses avocats le voient régulièrement.« Je ne pense pas que les associations des droits de l’Homme aient des droits particuliers à exiger d’être informées.

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