Organisation des Élections en République Démocratique du Congo : Pour beaucoup de commentateurs à Kinshasa l’annonce faite par la CENI a fini par entamer le peu de crédibilité qui restait encore à la centrale électorale congolaise. Celle-ci a en effet assisté, sans aucune réaction à l’activisme écrasant du ministère de l’intérieur tout au long du mois de juillet au cours duquel le découpage territorial a été effectivement mis en place par les commissions constituées à cet effet. Le ministère de l’intérieur est allé jusqu’à annoncer «ses» dates pour l’élection des gouverneurs, entre fin juillet et début août. Une prérogative qui revient pourtant à la CENI en sa qualité de pouvoir organisateur des élections en République Démocratique du Congo. Le coup de grâce, s’il faut ainsi s’exprimer, est venu de l’annonce, mardi 28 juillet par la CENI, du report de la date de l’élection des gouverneurs une annonce qui intervient au moment où des fuites avaient déjà prévenu que cette option était celle du bureau politique.

La majorité aurait souhaité se donner un peu plus de temps pour évaluer la nouvelle situation, compter ses forces avant d’aller à l’assaut des nouvelles provinces ou de conclure des «deals» avec des partis politiques de la majorité ou de l’opposition soutenant l’option du dialogue.
Le mauvais «timing» de l’annonce de la CENI a ainsi, malheureusement, confirmé les critiques de ceux qui ridiculisent une «CENI aux ordres de la majorité». La deuxième conséquence fâcheuse est la confirmation de l’analyse selon laquelle le calendrier électoral de la CENI n’est plus qu’un chiffon. Et que la concentration des élections locales, municipales, urbaines et provinciales, dans la meilleure des hypothèses fin 2015 et, au pire, courant 2016, repousserait ipso facto la présidentielle et les législatives nationales, à la fois faute d’argent et de temps.
Une sorte de démonstration par l’absurde. D’autant que la CENI se sera elle-même fait hara-kiri. On peut, déjà, en faire le constat avec l’important retard accumulé, au stade actuel, sur certaines étapes du calendrier électoral : dépôt des candidatures aux élections communales et locales du 26 mai au 28 juillet 2015 ; publication des listes définitives des candidats députés provinciaux le 9 juin 2015; contentieux des candidatures des candidats conseillers des communes et des secteurs-chefferies du 13 au 23 juillet 2015; publication des listes définitives des candidats conseillers des communes et des secteurs-chefferies le 28 juillet 2015.
Lentement mais sûrement, la boucle est en train d’être bouclée en faveur du glissement. Retour sur le meeting de « soutien à Joseph Kabila » ce mercredi à Goma
A l’instar des manifestations organisées dans tout le pays depuis la fronde du « G7 », le gouverneur du Nord-Kivu, Monsieur Julien Paluku Kahongya, a organisé ce mercredi 7 octobre 2015 un « meeting populaire de soutien à Joseph Kabila ».
Après une marche de quelque 4km depuis l’aéroport de Goma, le gouverneur s’est adressé pendant deux heures à quelque 2.000 sympathisants et autres curieux rassemblés sur la voie publique sur la Place de la République (ex Esplanade de l’ONC), en plein centre-ville de Goma. Le meeting s’est terminé vers 13 heures locale.
Grave abus d’autorité :
A travers des communiqués diffusés à la radio publique et sur d’autres médias privés de la place, la Mairie de Goma et le service du Protocole d’Etat (cabinet du gouverneur) ont exigé la fermeture de tous les marchés, commerces, services publics, entreprises et établissements publics, banques, etc. « jusqu’à la fin du meeting du gouverneur ». S’il est légitime pour le gouverneur, comme tout citoyen, de soutenir qui il veut, comme il veut, et de le manifester publiquement, il est par contre inadmissible d’user de sa position et des moyens de l’Etat dans cette démarche privée et partisane. En l’occurrence, le gouverneur Julien Paluku n’aurait pas dû recourir aux moyens de l’Etat (y compris les agents et fonctionnaires de l’Etat qui ont été enjoints de fermer leurs services pour aller l’attendre à l’aéroport depuis le matin, et ensuite participer à son meeting). Le gouverneur n’avait aucun droit d’ordonner ou faire ordonner la fermeture des activités privées et des marchés publics afin d’aller participer au meeting de son camp politique. C’est non seulement une violation grave du principe de la neutralité politique de l’administration publique, mais aussi une atteinte aux droits reconnus aux particuliers et une négation de la liberté d’opinion. Cela rappelle les tristes décennies du Parti-Etat et de la pensée unique.
Gaspillage des ressources de l’Etat et manques à gagner :
Toute cette mobilisation coûte de l’argent, et de l’argent du Trésor Public, alors que la province et le pays font face à de multiples problèmes et vivent sous perfusion internationale sur pratiquement tous les plans. Le projet de budget de l’Etat congolais pour 2016 est estimé à 8 milliards de dollar américain, soit autant que le budget annuel d’une seule université américaine ! Quant aux commerçants et autres « débrouillards » forcés de stopper leurs activités, leur manque à gagner est énorme. Ce qui implique là encore un manque à gagner pour l’Etat en termes de taxes et redevances sur les activités économiques. Tout cela pour une réunion partisane d’un camp politique !
Deux poids deux mesures et privatisation de l’Etat :
Les rassemblements et manifestations pacifiques des organisations de la société civile comme notre mouvement citoyen ou encore ceux des partis d’opposition sont constamment « interdits » ou réprimés par les autorités. Celles-ci prétextent toujours des « raisons de sécurité » ou « l’ordre public ». En réalité, elles ne tolèrent pas, ou très rarement, toute opinion différente de la leur ni toute voix critique, et utilisent tous les moyens à leurs disposition pour les étouffer ou les réprimer. Mais là, comme il s’agissait d’une manifestation de la coalition au pouvoir, dela place dans ce jours en Rdc pour mieux se préparer.

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