RDC : l’ONU s’apprête à renouveler le mandat de la Monusco dans un contexte tendu entre les deux contés

Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit, à travers une résolution fixer, les nouvelles missions de la Monusco en République démocratique du Congo. Dans ce contexte, à en croire nos sources, il sera difficile pour l’ONU de répondre favorablement à la demande du Gouvernement congolais, qui voudrait une réduction significative des troupes de la Monusco parce que, selon lui, le contexte a complètement changé et les FARDC sont entrain de prouver de quoi elles sont capables sur terrain, en neutralisant tous les groupes armés qui pullulent l’Est de la République pendant des années jusqu' en ces jours avec des massacres, pillage vols.
Selon les mêmes sources, parce que l’Onu a fait état d’une situation caractérisée par « une impasse électorale » en Rd Congo. Le projet de résolution présenté par la France et qui devrait être adopté par le Conseil de sécurité "prend note" de la décision du secrétaire général Ban Ki-moon de réduire de 1.700 l'effectif militaire de la mission. Le plafond des effectifs reste toutefois fixé à 19.815 soldats, auxquels s'ajoutent 760 observateurs militaires et officiers et quelque 1.450 policiers, ce qui peut permettre à l'ONU de réinjecter des renforts en cas de besoin. Le Conseil réaffirme être prêt à abaisser ce plafond et à réduire encore la voilure "quand des progrès importants auront été réalisés" pour atteindre les objectifs prioritaires de la mission, notamment la protection des civils et la lutte contre les groupes armés qui opèrent dans l'est du pays. Cette réduction des forces est bien moindre que celle demandée par Kinshasa, qui veut un départ rapide des Casques bleus.
Mercredi dernier devant le Conseil, le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, avait souhaité que les effectifs de la Monusco soient réduits de moitié d'ici la fin de l'année, en prélude à une "sortie ordonnée et définitive" de la mission. En mars 2015, l'effectif déployé avait déjà été réduit de 2.000 soldats. Mais l'ONU insiste pour que la poursuite du retrait des Casques bleus tienne compte de la sécurité sur le terrain, qui reste fragile. L'ONU avait annoncé début mars la reprise prochaine de sa coopération militaire avec l'armée régulière pour s'attaquer aux groupes rebelles opérant dans l'est du pays, notamment le FDLR et les ADF (Forces démocratiques alliées, rebelles ougandais). Ce soutien militaire de la Monusco aux FARDC (forces gouvernementales) était suspendu depuis février 2015. Le Conseil de sécurité des Nations unies va renouveler ce mercredi 30 mars, pour un an, le mandat de la Mission des Nations unies au Congo, la Monusco. Contrairement aux recommandations du secrétaire général Ban Ki-moon de décembre 2015, l’ONU n’envisage la réduction de ses effectifs que si des progrès notables sont réalisés sur le terrain. Le Conseil prêtera donc une attention toute particulière à la reprise des opérations conjointes entre la Monusco et des Forces armées de RDC (FARDC) dans l’est du pays pour combattre les groupes rebelles. La protection des civils sera un autre élément déterminant alors que les violations des droits de l’homme se multiplient dans un contexte pré-électoral très tendu.
Le renouvellement du mandat de la Monusco est un bras de fer annuel entre l’ONU et les autorités de Kinshasa qui souhaitent voir partir cette opération de maintien de la paix, en place depuis 16 ans dans le pays.
Mais cette année, le vote, qui se tiendra ce mercredi 30 mars, intervient dans un contexte très particulier avec la fin du mandat de Joseph Kabila et la crainte de le voir se maintenir au pouvoir et ouvrir une nouvelle crise constitutionnelle au cœur de l’Afrique centrale.
Pas question dans ces conditions de réduire de 1 700 le nombre de ses casques bleus, comme l’avait recommandé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon en décembre dernier. La résolution laisse toutefois entrouverte une porte de négociation si des progrès substantiels sont réalisés sur le terrain.
Les civils entre deux feux
Mais c’est peu dire que l’ONU n’y croit pas tant elle met l’accent sur la protection des civils qui sont les premières victimes des groupes armés opèrant dans l’est, mais aussi des forces de sécurité nationale dans ce contexte préélectoral très tendu.
Le Conseil de sécurité rappelle d’ailleurs la date butoir de novembre 2016 pour la tenue des élections, mais il omet de préciser ce qu’il peut advenir de la mission au cas où Joseph Kabila s’accrocherait au pouvoir.
Autre écueil, la lutte contre les groupes armés rebelles : l’ONU souhaiterait voir une intensification des opérations. Elle a d’ailleurs signé un accord de coopération avec les forces gouvernementales. Mais celui-ci énonce que si les casques bleus souhaitent des opérations coordonnées avec l’armée congolaise, ils doivent obtenir l’autorisation du gouvernement de Kabila.
Autant dire que ce nouveau mandat de la Monusco, que l’ONU voulait plus stratégique et politique, risque de se heurter à nouveau au refus des Congolais de coopérer.

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