Ville de Beni aujourd' hui est une grande aglomération, de la République démocratique du Congo, située à proximité du Parc national des Virunga, sur le plateau du mont Ruwenzori (5119 m d'altitude), en bordure de la forêt de l'Ituri. Elle se trouve à70 km de Kasindi, une cité qui fait frontière avec l' Ouganda, et plus de 60 km au nord de Butembo Ville considéré comme le plus grand centre commerciale dela région. Beni ville accueille un important marché local des bois, et possède un aéroport ( code AITA: BNC). Elle fut le théâtre de violents affrontements en 2001 au cours de la Deuxième guerre du Congo. Cette ville a permis au gouvernement central de Kinshasade reprendre le contrôle militaire et administratif de l'est du pays pendant la guerre d'agression menée par les pays voisins qui souhaitaient la balkanisationde la République démocratique du Congo afin de contrôler lesrepubliquettesqui en seraient issues, surtout dans sa partie orientale très convoitée pour ses minerais et son sol productif.

Le territoire administratif de Beni connut l'occupation coloniale en 1894, date à laquelle un poste d'État fut établi dans ce village 3. Avant cette date, les archives sur Beni sont très peu éloquentes, excepté une mine d'informations socio-politiques recueillies auprès des missionnaires catholiques qui s'étaient lancés à la "conquête" spirituelle de cette contrée où ils craignaient d'être devancés par des anglicans anglophones venant de l'Ouganda ainsi que par des missions protestantes.
La correspondance datant de 1889 à 1897 et échangée entre le Père Auguste Achte depuis l'Ouganda où il servait en tant que missionnaire et son Supérieur général est très instructive à maints égards. On y apprend, par exemple, que les explorateurs Stanley et Emin Pacha (1889/1890) étaient de passage "dans cette contrée" de Beni. Ce fut d'ailleurs lors de ce passage en 1889 que Stanley découvrit le mont Rwenzori dont le sommet était à l'époque couvert de neige sur 7 km². Depuis, la fonte de ce glacier africain unique s'est accentuée par le fait du changement climatique au point qu'il ne reste plus qu'un petit km² des glaciers 4.
La correspondance des missionnaires susmentionnés renseigne également que le Père Auguste Achte se mit à l'apprentissagedu swahili auprès du Père Guillermain, en prévision de son affectation "au-delà de la Semliki", expression qui désignait Beni et ses environs. On en déduit que la population de Beni parlait déjà swahili auXIXesiècle 5. En effet, l'islam conduit par des arabes et des arabisés esclavagistes s’infiltra dans la région de Beni vers 1870, ce qui pourrait expliquer en partie l'usage du swahili en tant que langue véhiculaire de l'époque, sachant que le swahili tire de la langue arabe une bonne partie de son vocabulaire.
Jusqu'aux années 1900, Beni et Irumu faisaient partie de la zone administrative du Haut-Ituri. Vers 1902, Beni fut rattaché à Rutshuru dans le Kivu, marquant ainsi sa séparation définitive d'avec Irumu.
La ville de Beni doit son nom à Mbene, un chef coutumier très influent qui administra cette agglomération avant l'"arrivée des Blancs". Par la tradition orale, il nous est parvenu l’anecdote suivante : un colon belge s’enquit du nom du village auprès des autochtones. « Chez Mbene », lui répondirent-ils. Mais dans ses notes, le Belge retiendra « Beni » et ce fut dès lors le nom donné à ce village. La sacralisation de toute parole sortant de la bouche d'un Blanc à l'époque coloniale pourrait se vérifier dans plusieurs domaines.
Citons, par exemple, les noms donnés à plusieurs sites, quartiers et rivières autour de la ville de Beni. Ils témoigneraient d'une forte influence des colons belges au Congo-Léopoldville en général et dans l'est du pays en particulier. "Boïkene", c'est le nom d'un des quartiers huppés de Beni. Ce quartier doit ce nom à un Belge qui aurait souhaité un "bon week-end", en fin de semaine, à l'équipe de cantonniers qu'il dirigeait. Nos cantonniers analphabètes ont cru entendre que le Blanc leur disait que ce lieu s’appellerait "Bo-ï-Kene" et se mirent à propager la nouvelle autour d'eux. De Cité Belge (vers Mabolio), un autre Blanc se serait intéressé à la montagne qui surplombe ce village et aurait demandé aux badauds : "Qu'y a-t-il là-haut?" Depuis, ladite montagne s'appelle "La-o". Et un autre colon belge, alors qu'il se trouvait sur la route de Mangina, donna ordre à ses accompagnateurs: "Passez ici et suivez le chemin de la brousse !". Ces pauvres gens se dirent entre eux, très enthousiasmés : "Le Blanc dit que ce village s'appelle 'Pa-sse-si' et que de l'autre côté où son doigt était pointé c'est 'Bou-rou-sse'".Ainsi seraient nés les noms de Pasisi et de Burutsu. Enfin, pour ce qui est de l'origine du nom porté par la rivière Semliki, on raconte qu'un explorateur aurait demandé à un pêcheur qu'il trouva en train de pêcher de lui communiquer le nom de cette rivière. Pensant que ce Blanc s'intéressait à ses modestes prises de la journée, il lui glissa laconiquement en kinande : "Si-mu-li-ki" ce qui, traduit, veut dire : "Il n'y a rien dedans". Mais dans son carnet de voyages, l'explorateur indiqua qu'un indigène lui a révélé le vrai nom de cette majestueuse rivière...
Pour revenir à Beni, il convient de reconnaître que cette agglomération revêtait d'une importance capitale, eu égard à sa position stratégique. Les belges firent de ce lieu leur centre administratif et un carrefour commercial tourné vers l'Ouganda et le Kenya par le poste frontalier de Kasindi. Une communauté grecque rompue dans le commerce s'y implanta en y érigeant des maisons atypiques encore visibles de nos jours où le devant abritait l'échoppe tandis que l'arrière maison servait de résidence. Les missionnaires catholiques s'établirent sur les hauteurs de Beni-Païda où ils construisirent une église, des couvents et l'une de premières écoles de la région sous l'impulsion d'Henri Pierard, un missionnaire belge.
Dans le milieu des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980.

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