Comment réagira Barack Obama au un autre président des États-Unies si jamais le chef del' état congolais Joséph Kabila modifie le Constitution ? «Ce n’est qu’une hypothèse pour le moment. Nous verront comment y répondre si la situation se présente. Mais, je tiens à répéter ce en quoi nous croyons c’est notre expérience et notre conseil à nos amis dans ces pays, le respect de la Constitution est important, très important pour la population pour qu’elle ait l’impression de pouvoir participer et choisir son président, très important aussi pour la réputation internationale de ces pays, de ‘prouver qu’ils peuvent avoir des transitions pacifiques. La réponse de Kabila attendue Après le passage de Russ Feingold sur RFI, tout le monde attend la réaction de Kinshasa. D’aucuns attendaient que le ministre de l’Information et porte-parole du Gouvernement, organise un point de presse pour répondre à l’Envoyé spécial des Etats-Unis d’Amérique. Mais une chose reste sûre Barack Obama, le président américain le temps et l’occasion de savoir ce que pense son homologue congolais au mois d’août prochain à Washington où une quarantaine des chefs d’Etat africains, dont Joseph Kabila sont invités par la Maison Blanche.

RDC : Kabila ou la stratégie du félin :p
C'est lA quéstion qui agite le Tout-Kinshasa. Joseph Kabila quittera-t-il le pouvoir en 2016 ? De Paris à Washington, on scrute le moindre signe, mais le chef de l'État ne paraît pas décidé à mettre fin au suspense. Il est loin le temps - c'était le 9 octobre 2012, juste avant le sommet de la Francophonie à Kinshasa - où François Hollande disait : "La situation en République démocratique du Congo est tout à fait inacceptable, sur le plan des droits, de la démocratie et de la reconnaissance de l'opposition." Fini la période des poignées de main glaciales. Ce 21 mai, à l'Élysée, le président français a accueilli son homologue congolais à bras ouverts. Que se sont-ils dit dans leur tête-à-tête, avant la réunion élargie aux ministres et conseillers ? "Hollande a rappelé son attachement à la stabilité des institutions congolaises et à la défense des droits humains, souffle un diplomate français. Et, dans sa réponse, Kabila a éludé le sujet." Est-ce à cause de ses intérêts économiques en RD Congo ? Aujourd'hui, la France fait profil bas et laisse aux États-Unis le soin de dire son fait à Joseph Kabila.
Le 4 mai à Kinshasa, à la sortie d'une audience au Palais de la nation, au bord du majestueux fleuve Congo, John Kerry a été direct. "Je crois que [le président Kabila] a clairement en tête le fait que les États-Unis sont intimement convaincus que le processus constitutionnel doit être respecté", a lancé le secrétaire d'État américain. "Nous ne voulons pas que M. Kabila change la Constitution ou fasse un troisième mandat", a ajouté Russell Feingold, l'émissaire spécial de Barack Obama pour les Grands Lacs. Pourquoi les Américains sont-ils moins pressants à l'égard d'autres présidents, comme le Rwandais Paul Kagamé ? "Joseph Kabila n'a pas fait un bon travail. Il faut qu'il parte, estime l'ancien sous-secrétaire d'État américain Herman Cohen. Paul Kagamé, lui, a très bien géré son économie. Pour les États-Unis, quand un président africain fait de la bonne gouvernance, il est un peu excusé pour le manque de démocratie dans son pays" (Voice of America, le 1er mai).
Y a-t-il un effet Kerry à Kinshasa ? Personne ne peut le nier. Depuis la capture de Patrice Lumumba par les hommes du colonel Mobutu, en décembre 1960, tous les Congolais connaissent le poids des États-Unis sur le cours de leur histoire. Et Joseph Kabila est le premier à savoir combien les Américains ont été décisifs lors de l'arrivée au pouvoir de son père, en mai 1997. Aussi ne peut-il ignorer aujourd'hui cette mise en garde de Barak Obama. Ses partisans non plus. "Dans le camp Kabila, les jusqu'au-boutistes commencent à douter, confie Franck Mwe di Malila, conseiller du président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo. Ils n'ont plus les mêmes certitudes qu'hier. Ils prennent conscience qu'il est de plus en plus difficile de changer l'article 220 de la Constitution [qui interdit de modifier le nombre et la durée des mandats du chef de l'État]. Du coup, ils cherchent d'autres stratagèmes."
Le problème est d'autant plus sérieux que la majorité présidentielle est divisée. D'un côté, Évariste Boshab, le secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) - le parti au pouvoir -, prône ouvertement une révision de la Constitution afin que Joseph Kabila puisse se représenter en 2016. De l'autre, Lambert Mendé, le porte-parole du gouvernement, assure que le chef de l'État partira en 2016. Et Olivier Kamitatu, le président de l'Alliance pour le renouveau du Congo (ARC) - un parti de la majorité présidentielle -, déclare : "Au Congo, comme ailleurs en Afrique, on ne divise pas un pays pour le destin d'un seul homme." Au centre du jeu, Aubin Minaku, le président de l'Assemblée nationale, affirme que Joseph Kabila respectera la Constitution sans dire à quelle date il partira, ce qui laisse la porte ouverte à une éventuelle prolongation de mandat. Quant à Moïse Katumbi, le gouverneur du Katanga, il a tweeté récemment - sans dire à qui il pensait - : "Dans la vie, il faut savoir partir"...
Tous les députés, sénateurs et gouverneurs de son camp convoqués Le 20 mars dernier, pour essayer de remettre de l'ordre dans ses troupes, Joseph Kabila a convoqué à son quartier général tous les députés, sénateurs et gouverneurs de son camp. Son QG, c'est une immense ferme à Kingakati, à 80 km à l'est de la capitale. C'est là qu'il s'adonne à la moto tout-terrain. Pas de micros, pas de caméras. Plusieurs centaines de personnes ont été invitées à se délester de leurs appareils électroniques et à s'asseoir sous une immense tente. Et le président leur a dit en substance : "Pas de débats stériles sur 2016. Nous en sommes encore loin. L'heure est au travail." À ceux qui lui prêtent l'intention, en 2016, de laisser la présidence à l'un de ses fidèles pour mieux revenir en 2021 - comme le Russe Vladimir Poutine en 2008 -, il a répondu : "Je n'ai pas de dauphin, et je n'en connais pas." Et sur la question des institutions.

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