En ces jours l’histoire politique nationale dela République Démocratique du Congo, est jalonnée par, de rencontres et de dialogues de par et d' autres entre la majorité présidentiel, et l' opposition dans un climat des tensions Ci-après d’autres aspects de la question abordés par le journaliste Jacques Mukaleng Makal lors de ce long entretien avec Me Norbert Nkulu Kilombo Mitumba. Si l’on plongeait dans la nuit des temps pour que les Congolais comprennent cette réalité liée au Dialogue… Le dialogue est en effet un sujet important. Un sujet d’actualité qui préoccupe les Congolais. Dans notre pays, le dialogue a connu plusieurs formes. Le Dialogue marque profondément l’histoire de notre pays. Voilà pourquoi le dialogue - terme générique - reçoit chaque fois une dénomination précise. Le Chef de l’Etat, Président de la République, à la suite de son message à la Nation a estimé bon de convoquer le Dialogue. Ce dialogue est dénommé «Dialogue national, politique et inclusif».

La table ronde de 1960 est donc une forme de dialogue...
Absolument car il y avait d’une part les Congolais et d’autre part, les Belges, colonisateurs, pour discuter de l’avenir du pays. En fait, le dialogue marque profondément notre histoire. Savez-vous que l’Etat congolais dans sa configuration actuelle est née précisément du dialogue ayant réuni les puissances occidentales de l’époque. La Conférence de Berlin était une forme de dialogue entre puissances occidentales et à l’occasion de ce dialogue est né l’EIC, Etat Indépendant du Congo avec comme souverain, le roi Léopold II. De la Conférence de Berlin nous pouvons retenir ce qui est affirmé par toute l’Afrique, le principe de l’intangibilité des frontières. Ce principe hérité de la colonisation est une confirmation de ce qui a été fait à Berlin.
Effectivement, l’Etat Indépendant du Congo est né et est devenu la colonie belge. A partir de 1955, les revendications à l’indépendance commencent à s’exprimer et les Belges, en accord avec les Congolais, décident d’organiser la table ronde de Bruxelles en 1960. C’est de cette forme de dialogue qu’est né le dialogue et c’est à la table ronde de Bruxelles que la date de l’indépendance de notre pays a été arrêtée. La loi fondamentale de cet Etat qui allait naître a été prise par les Belges en tenant compte des recommandations de la table ronde. Cette loi fondamentale installait pour trois ans au minimum, quatre ans au maximum, les institutions du pays. Aussitôt les festivités de l’indépendance terminées, le pays s’est plongé dans la crise. Comment le pays s’est-il plongé dans la crise? Quatre jours après les festivités, il y a eu une mutinerie de la Force publique, suivie de scènes de pillages dans les villes de la République naissante. Et, sécession du Katanga le 11 juillet, sécession du Kasaï le 9 août. Le 5 septembre, révocation de Lumumba et certains de ses ministres. Le pays avait basculé dans la crise une semaine après environ les festivités de l’Indépendance.
Comment cette crise a-t-elle été résolue?
Par précisément des appels au dialogue invitant tous les acteurs politiques à se retrouver autour d’une table. C’est dire que le dialogue marque la vie politique de notre pays. Non seulement à la naissance de la colonie - l’Etat Indépendant du Congo - mais aussitôt après l’Indépendance - à la naissance de la République Démocratique du Congo. Au mois de janvier 1961, le Président Joseph Kasavubu tente d’organiser un dialogue appelé table ronde de Léopoldville.
Pourquoi table ronde de Léopoldville?
A l’exemple de la table ronde de Bruxelles, celle de Léopoldville (ndlr: ancienne appellation de Kinshasa) réunit à Léopoldville la classe politique. Mais cette rencontre fut un échec. Les Congolais se retrouvent alors un mois plus tard en conférence à Tananarive pour parler politique. A nouveau sans succès. Vient la conférence de Coquilathville (ancien nom de Mbandaka). Le Président provincial Moïse Tshombe et son ministre des Affaires étrangères Evariste Kimba prennent part à ce forum de Mbandaka et sont arrêtés. A nouveau, ce dialogue se solde par un échec. Est alors convoqué en juillet le Conclave de Lovanium, sur le site de l’actuelle Université de Kinshasa.
Pourquoi le Conclave de Lovanium?
Parce que Lovanium, la cité universitaire, est un coin reculé de la ville. Il est propice à l’analyse et la réflexion. Il s’agit en fait d’une session extraordinaire du Parlement (Assemblée nationale et Sénat) chargée de trouver une solution à la crise. National, Politique et Inclusif. Pourquoi cette trilogie?
Expliquons d’abord le Dialogue «national». Les questions qui vont être traitées au cours de ce dialogue concernent la Nation entière. Il est donc utile que les représentants de la Nation, dans sa diversité, prennent part à ce Dialogue. De là l’invitation adressée à la Société civile.
Le thème principal de ce forum, c’est le processus électoral avec toutes les questions qu’il pose. Processus électoral est un thème fondamentalement politique. Il faut donc que les acteurs politiques viennent à ce Dialogue. Voilà pourquoi ce Dialogue est «politique» en raison de son objet mais aussi en raison des acteurs, les participants qui sont des politiques.
Dialogue «inclusif». Cela signifie qu’aucune composante du Congo n’est écartée de ce Dialogue. Le Chef de l’Etat a visé la Nation dans toute sa composante, politique, sociologique, culturelle afin qu’elle prenne part à ce Dialogue.
Permettez-moi de dire que ceux qui ont appris le latin savent que le mot «inclusif», signifie «dans»; il s’oppose au mot «exclusif» qui signifie dehors. Donc le Président de la République voudrait que toutes les composantes de la Nation prennent part à ce Dialogue, de manière que ce Dialogue soit crédible. Que les enfants du pays puissent discuter des sujets qui les concernent autour du processus électoral et autour d’une table. Vous avez parlé d’un plongeon dans l’Histoire. Ce plongeon est vrai et j’ai dit que le Dialogue peut prendre plusieurs formes.

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