Génocide et massacres dans la région de Beni le député nationale Paul Muhindo Vaumawa demande au ministre congolais, de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, d’user son pouvoir d’injonction et d’ordonner aux magistrats de mettre en état tous les dossiers des présumés coupables dans les massacres de Beni. Ces personnes arrêtées au motif d’avoir participé aux différents massacres de Beni ne sont toujours pas encore présentés au juge. Il y a urgence, estime Paul Muhindo Vaumawa, car certains de ces prévenus ont trouvé la mort avant le procès. «Le fait que ces gens ne sont pas transférés au niveau du tribunal, la confusion reste entretenue. Voilà pourquoi nous demandons au ministre de la Justice d’instruire les magistrats ; parce que nous voulons savoir qui sont réellement ceux qui ont été arrêtés. Ils doivent être punis et les populations de Beni doivent être rétablis dans leur justice», insiste le député national. Pour le ministre de la Justice, tous les cas de massacres ont été répertoriés.

Dans un rapport de novembre 2014, un groupe de parlementaires originaires du Nord-Kivu avait révélé des disfonctionnements dans la chaine de commandement de l’armée qui dissimulaient à peine une complicité active avec l’ennemi. On peut y lire qu’un Major(dont le nom a été tu) « contacté par un enfant rescapé alors que les tueries étaient en cours et que les cris des victimes parvenaient à la position qu’il contrôlait, a menacé de fusiller tout élément de son unité qui oserait intervenir et a même arraché les chargeurs de certains des éléments préoccupés d’intervenir» [7]. Un autre officier a carrément fait fermer les deux numéros verts mis en place par la Monusco privant la population, qui se faisait massacrer, de la possibilité d’appeler au secours. Ces officiers ne seront ni arrêtés ni poursuivis en justice.
Bien avant le rejet de la version officielle par les experts de l’Onu, la journaliste belge Colette Braeckman avait, dans son article du 21 octobre 2014, émis le doute que les massacres de Beni« soient réellement l’œuvre des ADF », évoquant ses sources sur terrain [8]. De son côté, Mbusa Nyamwisi, ancien ministre des Affaires étrangères et natif du territoire de Beni, avait été plus explicite. Dans une interview à Radio France internationale, l’ancien ministre avait ouvertement accusé le commandant des FARDC à Beni, le général Mundos, un proche deJoseph Kabila, d’être à la fois« le commandant des FARDC et des ADF » [9]. Et d’ajouter que les massacres de Beni doivent faire l’objet d’une enquête internationale.« Les gens parleront », avait-il insisté. La demande d’une enquête internationale sur les massacres de Beni a été relancée par l’ONG américaineHuman Rights Watchdans son rapport de décembre 2014 [10]. Silence radio du côté des autorités congolaises. Un silence qui en dit long sur un Etat plongé jusqu’au cou dans le sang de sa propre population et qui ne veut surtout pas d’enquête internationale pour ne pas mettre des personnalités haut-placées dans l’embarras.
En effet, dans son point de presse du lundi 24 novembre 2014, le ministre de la Communication Lambert Mende a affirmé que les massacreurs de Beni bénéficiaient de la complicité des personnalités« à tous les niveaux des institutions » [11]. Il n’a jamais été entendu par la justice pour recueillir la liste de ces personnalités et les renseignements dont il disposait sur le niveau de leur implication dans les tueries. A la place, le régime deKabilas’est lancé dans une chasse à l’homme contre les commerçantsNandede Beni et de Butembo, et des personnalités soupçonnées d’être des partisans de Mbusa Nyamwisi. Une campagne de vengeance contre un adversaire politique [12]et des populations hostiles au pouvoir, vengeance qui aura absorbé les moyens de l’Etat dans le cadre de« la répression des innocents »alors que de dangereux criminels et leurs complices restent libres.
Les Congolais ont même de quoi s’inquiéter lorsqu’on apprend du gouvernement que les populations de Beni devraient abandonner leurs villages en proie aux massacres pour se regrouper dans les zones urbaines. Une suggestion qui accrédite la thèse du« génocide des populations congolaises » [13]mené par des assaillants affluant du Rwanda et d’Ouganda voisins, avec la complicité du régime deJoseph Kabila, en vue de mener le Congo à sa balkanisation.
Quelles issues ?
La meilleure façon de mettre fin aux massacres de Beni est de déclencher une enquête internationale pour identifier les auteurs, leurs complices et les bénéficiaires ultimes de cette campagne de tueries. Les arrêter, les traduire en justice et les faire condamner. Cette enquête peut être initiée par la Procureur de la Cour pénale internationale compte tenu du manque de crédibilité des autorités congolaises. L’enquête peut aussi être initiée par des institutions étrangères nationales ou internationales. Il arrive aux parlements d’une grande puissance d’initier des enquêtes parlementaires pour faire la lumière sur un cas grave de crimes de génocide/crime contre l’humanité(cas d’enquêtes parlementaires françaises et belges sur le génocide rwandais).
Une autre façon d’arrêter ces massacres est de donner suite aux demandes formulées par la population de Beni [14]. Elle avait exigé que les officiers envoyés en mission à Beni, en commençant par le général Mundos, soient remplacés par des officiers et des soldats originaires des provinces congolaises autres que le Kivu. En effet, un grand nombre d’officiers et de soldats déployés à Beni sont d’anciens rebelles intégrés dans les rangs de l’armée au terme de brassages et de mixages. Ces soldats et officiers ont tissé des liens de complicité avec les« milieux »locaux, des complicités qui les mettent souvent en face de leurs anciens camarades qui continuent d’opérer dans les rangs des multiples bandes et groupes armés du Kivu en lien avec le Rwanda et l’Ouganda voisins. Des demandes restées lettre morte.
Bien entendu on peut aussi, en désespoir de cause envisager que la population de Ben.

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