Le Kenya interdit, le braconnage des éléphants sur l' enssemble de sont térritoire nationale : le ministre dela Faune de cette pay d' Afrique del' Est, a brûlé samedi 30 avril 2016 quelque 105 tonnes d’ivoire, soit la plus grande cérémonie de destruction d’« or blanc » par le feu jamais organisée en Afrique. Onze bûchers de 16 000 défenses ont été dressés face au Parc national de Nairobi. Le symbole est fort, spectaculaire, car il y a urgence. L’Afrique ne compte plus que 500 000 éléphants, moitié moins qu’il y a trente ans, et 30 000 y sont tués chaque année par les braconniers. Près d’un animal toutes les quinze minutes. Tout le continent est frappé, ou presque. Seul le Botswanasemble faireexception, abritant 40 % de la populationdu continent grâce à une ambitieuse politiquede lutte contre le braconnage.« Les éléphants vont disparaîtrede certaines parties d’Afrique centrale et orientale, c’est inévitable,admet Mike Chase, directeur d’Elephants Without Borders. Ils viennent au Botswana car ils sont pourchassés dans les pays alentour.

Aujourd’hui, les éléphants sont comme des réfugiés. »
5 % du stock mondial en fumée
Samedi, le premier coup de torche sera donné par le président kényan, Uhuru Kenyatta. L’ensemble des réserves nationales en ivoire, soit 5 % du stock mondial, partira en fumée dans un brasier qui pourrait brûlerpendant plusieurs jours, aidé par les milliers de litres de diesel et de kérosène déversés. L’ivoire, en effet, brûle très mal, voire pas du tout. Le Service de la Faune kényane (KWS) a annoncé mardi qu'un groupe de 11 éléphants avaient été tués par des braconniers. Un acte dont il recherche activement les auteurs et qu'il a décrit comme le plus important massacre de pachydermes au Kenya depuis deux décennies.
C'est un triste record qui vient d'être révélé par le Service de la Faune kényane (KWS). Alors que le braconnagedes espèces menacées ne cesse de prendre de l'ampleur à travers le monde, un nouveau massacre a eu lieu dans le sud-est du pays. Les corps criblés de balles d'une famille de 11 éléphants dont un éléphanteau âgé de deux mois, ont été découverts samedi dans le Parc national de Tsavo. Leurs défenses avaient été tranchées. Selon le KWS, c'est le plus important massacre de pachydermes que le Kenyaa connu depuis deux décennies. "Nous n'avons pas perdu autant d'éléphants en une seule et unique tuerie depuis le début des années 1980.C'est un signal clair que les choses empirent", a estimé Patrick Omondi, chef du programme Eléphants au KWS. "Nos premières constatations montrent que les braconniers étaient au moins dix", a poursuivi M. Omondi. Dans un communiqué, le KWS a affirmé rechercher activement les auteurs de ce terrible massacre.
Sans surprise, c'est une nouvelle fois le succès de l'ivoire dont sont faites les défenses d'éléphants qui en est à l'origine. Ces dernières années, la demande en Asie où l'ivoire est utilisée dans la médecine traditionnelle et dans la fabrication d'objets décoratifs, a particulièrement augmenté, conduisant à une hausse importante du braconnage d'éléphants d'Afrique. "Un kilo d'ivoire peut atteindre jusqu'à 2.500 dollars au marché noir, un argent qui finance des gangs extrêmement organisés dotés d'armes sophistiquées", a souligné M. Omondi.
Des tonnes de défenses d'éléphants saisies en Asie
Bien que le commerce international de l'ivoire soit, sauf rares exceptions, interdit depuis 1989, les autorités peinent à enrayer le phénomène. En 2012, environ 360 éléphants ont été tués par des braconniers, contre 289 l'année précédente, selon KWS. Au moins 40 braconniers et six "rangers" (gardiens armés des parcs) du KWS ont été tués en 2012, dans le cadre de la lutte anti-braconnage. Ajouté à cela, les saisies de défenses d'éléphants se sont faites de plus en plus fréquentes et importantes.
Début janvier, les douanes de Hong Kong avaient saisi plus d'une tonne de défenses d'éléphants en provenance du Kenya, d'une valeur d'un million d'euros, la troisième prise de ce type en provenance de ce pays ou de Tanzanie voisine en moins de trois mois, rappelle l'AFP. "Le braconnage des éléphants est à son pire niveau depuis une décennie et le volume des saisies d’ivoire enregistrées a atteint celui de 1989", a indiqué de son côté la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) dans un rapport publié en juin.
Au milieu du XXe siècle, plusieurs millions d'éléphants étaient recensés en Afrique avant que ce nombre ne chute dramatiquement à environ 600.000 spécimens à la fin des années 1980. La survie des éléphants« ne sera jamais assurée tant qu’une demande existe »,a insisté Uhuru Kenyatta. Au cœur des critiques, on trouve la Chine, principal consommateur d’ivoire de contrebande et friande d’or blanc ouvragé, sous forme de statuettes bouddhistes ou d’éléments de décoration, alimentant le massacre des éléphants africains.
Mais brûler l’ivoire servira-t-il la cause des éléphants ? Au sommet de Nanyuki, certains s’interrogent : faire disparaître 5 % du stock mondial ne va-t-il pas faire flamber les prix ? Car les cours de l’or blanc sont en chute libre. De plus de 2 000 dollars (1 747 euros) le kilo il y a quelques années, ils auraient dégringolé, selon les spécialistes, au-dessous des 500. Pékin a en effet cédé à la pression et travaille aujourd’hui avec les Etats-Unis à une interdiction de l’import et de l’export « d’or blanc ».« Nous brûlons l’ivoire car pour nous il n’a aucune valeur»,a pour sa part clamé Richard Leakey, légende vivante de la lutte contre le braconnage au Kenya et présent au sommet.
Pour l’Afrique,« la fin des éléphants serait une perte irremplaçable,estime Ibrahim Thiaw, qui lui-même a vu la carcasse du dernier éléphant de Mauritanie son pays natal.« C’était en 1983, se rappelle-t-il.J’ai vu l’extinction d’une espèce chez moi. Je vois à quel point les éléphants nous manquent aujourd’hui alors qu’ils étaient si importants dans notre culture. Leur disparition serait comme la perte d’un organe pour notre le Kenya.

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