Les autorités du Congo-Kinshasa, en colère contre les étrangers, surtout les américains en ce jours : Mr Jason Stearns, chercheur américain spécialiste de la RDC a été expulsé du Congo après avoir été cité dans un article publié de l’agence de presse américaine Bloomberg consacré à une personne proche du président congolais Joseph Kabila et dont le nom est repris dans les “Panama Papers” dévoilant des investissementsde certaines personnalités à travers le monde dans des paradis fiscaux. Les autorités de Kinshasa ont expulsé un chercheur américain spécialiste de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris vendredi de source officielle. Selon une source diplomatique, Jason Stearns, directeur du Groupe d’étude sur le Congo à l’Université de New York, a été renvoyé jeudi soir par avion en Europe d’où il devait gagner les États-Unis vendredi. M. Stearns “a trompé les services de l’immigration” sur son lieu de résidence à Kinshasa, a déclaré à l’AFP un haut responsable congolais, ajoutant que l’universitaireavait été invité en RDC “par une ONG qui n’est pas régulièrement enregistrée” dans le pays.

Le dossier suspectant les mouvements « Y’en a marre » et « Balai Citoyen » d’être instrumentalisés par les Américains pour déstabiliser la République Démocratique du Congo RDC continue à défrayer la chronique à Kinshasa où un conseiller du président Joseph Kabila persiste à pointer le doigt accusateur sur l’implication américaine via l’ambassade US à Ouagadougou qui aurait boutiqué le complot sans succès.
La descente à Kinshasa des mouvements citoyens ouest-africains « Y en a marre » et « Balai citoyen », respectivement du Sénégal et du Burkina Faso, continue à défrayer la chronique. Pour Kinshasa, il s’agit d’une tentative de déstabilisation du régime Kabila. Un conseiller diplomatique, très écouté, du chef de l’Etat, Joseph Kabila, pointe du doigt accusateur les américains. Qui par l’intermédiaire de leur ambassadeur à Ouagadougou, ont planifié et financé le déplacement et le séjour dans la capitale congolaise des activistes sénégalais et burkinabé. Il s’agit d’un diplomate, originaire du territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu, naturalisé Américain. La RDC est elle aussi éclaboussée par les révélations des « Panama Papers », ces documents, révélés par un consortium de médias, qui pointent l’implication du cabinet Mossack Fonseca dans une entreprise de blanchiment et d’évasion fiscale d’envergure internationale. Trois personnalités congolaises sont concernées. Parmi elles, la sœur du président Kabila, également députée, Jaynet Kabila, et une figure de premier plan de l'industrie minière congolaise.
Le milliardaire israélo-congolais Dan Gertler qui a bâti sa fortune dans les mines est l'une des personnalités qui apparaissent dans les documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca. Les documents dévoilés démontrent que Dan Gertler, proche du président Joseph Kabila, est bien notamment propriétaire des deux sociétés immatriculées aux Iles Vierges Britanniques, Caprikat et Foxwhelp, détentrices depuis 2010 de blocs pétroliers sur la partie congolaise du Lac Albert. Deux sociétés avec lesquelles Mossack Fonseca a coupé les liens une fois découvert que leur propriétaire était Dan Gertler, que la firme qualifie « de marchand de diamants de sang ».
Autre personnalité qui apparaît dans les fichiers panaméens, la sœur jumelle du président congolais, Jaynet Kabila. Selon ces documents, celle qui est aussi députée, aurait été propriétaire avec l'homme d'affaires congolais Feruzi Kalume Nyembwe, d'une société offshore baptisée Keratsu, enregistrée en juin 2001 à Niue, une petite île du Pacifique sud. Keratsu serait indirectement actionnaire de l'opérateur téléphonique Vodacom Congo.
En RDC, nombreuses sont les voix qui accusent la famille du président d'avoir amassé une fortune colossale depuis son arrivée au pouvoir. De son côté, une coalition d'ONG baptisée « Droits pour Tous » demande notamment aux autorités judiciaires, mais aussi au Parlement, de diligenter des investigations pour faire la lumière sur d'éventuelles fraudes fiscales de grande ampleur. “Mais il y a plus grave”, a ajouté ce responsable sans vouloir en dire davantage.
M. Stearns est cité dans un article publié le 5 avril par l’agence de presse américaine Bloomberg consacré à une personne proche du président congolais Joseph Kabila et dont le nom est cité dans les “Panama Papers”, la fuite de documents provenant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca et révélant les avoirs de personnalités dans des paradis fiscaux.
L’article de Bloomberg cite un courriel de M. Stearns dans lequel celui-ci estime que le travail de l’agence sur ces documents “donne un aperçu rare de ce que nous supposons être un éventail vaste et varié des actifs détenus par la famille du président”.
Vendredi, lors d’une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a mis en garde les journalistes au Congo contre la publication des noms de personnalités congolaises figurant dans les “Panama Papers”.
Il y a des personnes “qui ont été citées et qui […] attendent toutes griffes dehors toute citation [de leur nom] dans un journal, ou dans une chaîne de télévision ou dans une chaîne de radio pour déclencher une procédure judiciaire parce que ces personnes disent ne pas avoir de compte à Panama”, a déclaré M. Mende.
“Il faut faire très attention (avant) de citer des noms parce que vous risquez de vous retrouver devant la justice et de dire qu’il n’y a pas la liberté au Congo […] parce que les gens ont aussi droit à leur honneur”, a-t-il ajouté.
M. Stearns, qui a vécu plusieurs années au Congo, notamment pendant la guerre de 1998-2003, est l’auteur d’un ouvrage de référence sur ce conflit (“Dancing in the Glory of Monsters”, non traduit en français).
Son Groupe d’étude sur le Congo a publié en mars un rapport sur la série de massacres de civils ayant endeuillé le nord de la province du Nord-Kivu (est du Congo) depuis octobre 2014, affirmant que des soldats de l’armée régulière ont participé à ces tueries, ce qu’a réfuté publiquement M. Mende.

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