Malawi en Afrique australe : une jeune femme albinos a été tuée pour la revente de ces os. Son oncle est soupçonné. Dix Malawites soupçonnés d'avoir tué samedi une femme albinos de 21 ans ont été arrêtés, a indiqué lundi la police alors qu'une délégation de l'ONU conduit actuellement une mission pour enquêter sur le traitement des albinos dans le pays. "Ils ont entraîné la femme dans une ferme et l'ont tuée. Ils ont retiré huit os, mis le corps dans un sac et l'ont brûlé sur la scène de crime", a expliqué à l'AFP le porte-parole de la police du Malawi, Kondwani Kandiado. "Ils voulaient tuer cette femme après avoir entendu des rumeurs selon lesquelles les os des albinos peuvent rapporter beaucoup d'argent", a-t-il poursuivi. Les os utilisés lors de rituels Dans plusieurs pays d'Afrique sub-saharienne, les membres et les os des albinos sont utilisés pour des rituels censés apporter richesse et pouvoir. Au Malawi, au moins huit albinos ont été tués ces deux dernières années.

Selon la police, le suspect principal n'est autre que l'oncle de la victime, Gerald Phiri, âgé de 38 ans.
Après le crime, les suspects ont emmené les os à Lilongwe, la capitale du Malawi, mais leur transaction pour les vendre est finalement tombée à l'eau, selon les autorités.
Ce meurtre survient trois semaines après le meurtre d'une petite fille albinos de deux ans qui avait été enlevée.
Deux personnes, dont le père de l'enfant, ont été arrêtées suite à ce crime.
Une équipe de l'ONU est actuellement au Malawi pour enquêter sur le traitement des albinos.
Leur mission se concentre sur les "attaques envers les personnes atteintes d'albinisme et la vente de leurs membres", précise l'ONU.
En mars, sept personnes soupçonnées de trafic d'os humains avaient été brûlées vives par une foule en colère.
L'albinisme, maladie génétique héréditaire qui se traduit par une absence de pigmentation dans la peau, le système pileux et l'iris des yeux, touche environ une personne sur 1.200 au Malawi.
Amnesty International lance un appel
« Il est inquiétant que la sécurité des personnes atteintes d'albinisme ne soit pas renforcée au Malawi, alors qu'elles sont la cible d'un nombre croissant d'attaques, a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe dans un communiqué de presse.
« Les obligations du gouvernement en termes de droits humains lui imposent de protéger le droit à la vie de chaque citoyen. Il doit faire en sorte que la police dispose des ressources nécessaires pour protéger les personnes risquant d'être attaquées. »
Ces crimes doivent faire l'objet d'enquêtes en vue de traduire en justice les responsables présumés, sans recourir à la peine de mort.
En 2015, des militants au Malawi ont signalé 45 faits, dont des homicides et des tentatives d'homicide, des enlèvements et des tentatives d'enlèvement, ainsi que la profanation de tombes d'albinos. Certaines victimes d'enlèvement n'ont jamais été revues depuis.
Le nombre d'agressions imputables à des personnes ou à des bandes visant des personnes atteintes d'albinisme a grimpé en flèche en 2015. Des familles ont retiré leurs enfants de l'école, craignant pour leur sécurité.
En novembre 2015, des chercheurs d'Amnesty International ont rencontré des personnes atteintes d'albinisme et leurs familles. Elles ont raconté vivre dans la peur constante des agressions et des violences. Certaines ont dû quitter des zones rurales pour s'installer en zone urbaine afin de se mettre en sécurité.
« Le gouvernement doit prendre des mesures immédiates afin de protéger les personnes atteintes d'albinisme et de s'attaquer aux causes profondes des violences et des discriminations qu'elles subissent, a déclaré Deprose Muchena.
Il doit aussi agir et lutter contre les superstitions et les croyances culturelles délétères qui alimentent ces attaques. Les albinos sont pourchassés et sacrifiés en Afrique car on leur voue un « culte » qui nécessite leur sacrifice à cause de croyances et de rites et dont certains font commerce parce qu’ils en ont besoin pour survivre.
En Tanzanie, les albinos, dont des enfants, sont pourchassés et sacrifiés comme l’on pourchasse les éléphants ou les rinhocéros pour leurs ivoire précieuse qui permet aux braconniers de survivre, comme le montre l’article " En Tanzanie, des albinos pourchassés vivent terrés et terrorisés" :
"Quand il marche dans la rue, Alfred Kapole, sait que ses jambes, ses bras, sa peau, sa langue et ses cheveux valent des milliers de dollars : en Tanzanie les organes des albinos, recherchés pour leurs pouvoirs soi-disant magiques, se vendent à prix d’or. Alors il se cache.
« Un jour, on allait à l’hôpital avec le secrétaire et le trésorier de l’association des albinos quand des ouvriers ont commencé à crier : "tiens, voilà une bonne occasion de se faire du fric" », raconte Alfred, président de cette association pour la région de Mwanza (nord).
Les ouvriers furent arrêtés puis relâchés. « Il y a trop d’impunité, c’est pourquoi nous vivons dans la peur », poursuit-il tremblant comme une feuille, caché derrière ses lunettes et son chapeau de feutre noir.
Comme beaucoup dans son cas en Afrique de l’Est, il a dû quitter son emploi de peur d’être kidnappé, tué et démembré, comme 43 albinos assassinés l’année dernière dans ce pays - sans compter les nourrissons tués par leurs propres parents.
Selon la population, des sorciers utilisent les organes et les os des albinos dans des décoctions porte-bonheur qui, selon les croyances locales, permettent aux chercheurs de diamants de trouver des brillants, tandis que des pêcheurs utilisent leur cheveux pour appâter les poissons du lac Victoria.
En février 2008, Mariam Emmanuel, cinq ans, fut ainsi massacrée dans sa chambre. « En pleine nuit, trois hommes sont arrivés avec des torches. Ils l’ont empoignée et l’un d’entre eux a sorti un grand couteau. Un homme l’a égorgée tandis qu’un autre la maintenait. Elle se débattait », raconte sa soeur Mindi, 12 ans, alors cachée.

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