POUVOIR ET ELECTIONS EN RDC : LES AFFABULATIONS DE GERMAIN NZINGA MAKUTU MISES A NU : A l’occasion des élections de 2006, Vital Kamerhe se trouvait déjà en contradiction, non seulement avec le directoire politique national du PPRD, mais aussi avec l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP) de l’époque. En interne, Kamerhe voulait s’afficher comme l’autorité suprême, le centre d’impulsion de toutes actions du parti. C’est ainsi qu’il démantela aussi bien les caucus des femmes que les ligues des jeunes dans le but de tout contrôler à son niveau. Au niveau de l’AMP, Vital Kamerhe était opposé à la création de cette plate-forme autant qu’à toute forme d’alliance comme il en sera conclu avec le PALU et l’UDEMO, cela sous prétexte que le PPRD était capable, à lui seul, de remporter la majorité au Parlement pour ainsi contrôler la Primature qu’il convoitait déjà en sa qualité de patron du Parti qu’il espérait remporter la majorité.

En entrant ainsi publiquement en contradiction avec le Président de la République qu’il accusait indirectement de lui avoir menti, Vital Kamerhe ne pouvait, logiquement, qu’en tirer les conséquences et s’en aller. Cela est tout à fait normal en politique comme c’est souvent le cas en France, par exemple. Le dernier cas en date est celui de Mme Christiane Taubira qui avait démissionné suite à ses divergences avec son Gouvernement, notamment dans le débat sur la déchéance de nationalité pour les binationaux.
A ce stade de la restitution des faits, on peut déjà comprendre que contrairement à ce qu’avance Nzinga Makutu, Vital Kamerhe était bel et bien entré en contradiction avec le Président de la République et sa famille politique et ne pouvait, donc, que s’incliner selon les règles de la politique. Cela sera d’autant plus patent qu’à son départ, il sera suivi par d’autres députés aigris de la majorité et quelques-uns de l’opposition qui lui étaient devenus fidèles. On était alors loin, bien loin de tout calcul électoraliste, d’autant plus qu’on était encore à deux ans des élections de 2011 et que la Constitution avait été révisée pour ramener le nombre des tours de l’élection présidentielle à un seul.
A ce titre, comment peut-il être possible de justifier une connivence entre Vital Kamerhe et Joseph Kabila pour des joutes électorales coupe-gorge ? Est-ce en s’affaiblissant avec le départ de Kamerhe et d’autres cadres de la majorité que Kabila espérait être réélu en 2011 ? Ces questions peuvent encore être posées aujourd’hui au moment où Vital Kamerhe est aux premières loges de ceux qui crient vivement au départ de Kabila après 2016. Kamerhe est même dans la clique de ces leaders politiques qui sont cornaqués par les occidentaux qui cherchent à reprendre le contrôle des pouvoirs en Afrique après y avoir perdu l’influence au profit des chinois, indiens et autres pakistanais pour avoir longtemps guerroyé au Moyen Orient contre le terrorisme et l’islamisme, délaissant ainsi les marchés africains.
En effet, Vital Kamerhe fut du groupe de la dizaine de politiciens invités aux USA pour y subir un casting des présidentiables. Dans son rapport final, Herman Cohen, qui avait initié ce casting, avait conclu qu’aucun de ses invités n’avait l’étoffe présidentielle. Il est bien vrai qu’après les législatives de 2006, le PPRD remporta le plus grand nombre des sièges, sans cependant atteindre à lui seul la majorité. Celle-ci ne fut possible qu’avec les alliances qui avaient été tissées en amont, à l’instar de celle avec le PALU à qui revenait la Primature.
Contraint, par la force des choses, de se contenter du perchoir de l’Assemblée Nationale, il se mettra alors en croisade contre le Gouvernement à travers une multitude de motions dont il initiait certaines en complicité avec des députés de l’opposition. Entre-temps, il fédérait autour de lui ces députés de l’opposition et d’autres de la majorité, comme Claudel Lubaya, qui se disaient délaissés par le pouvoir pour n’avoir pas été désignés ministres alors qu’ils avaient beaucoup contribué à l’élection du Président de la République.
Dans la même période, et comme il l’avait dit et répété plusieurs fois dans son discours de démission, il se plaignait de ce qu’il appelait le gouvernement parallèle simplement parce qu’il sentait qu’il perdait progressivement son influence dans le pré-carré du Chef de l’Etat. Avant de démissionner de ses fonctions de Président de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe avait été interpellé par le directoire politique national du PPRD à la suite de ses déclarations en rapport avec la traque conjointe des FDLR par les FARDC et l’armée rwandaise à laquelle il s’était également opposé.
A cette occasion, Kamerhe s’était plaint du fait que les « cercles de réflexion » qu’il avait formés autour du Président Kabila avaient été démantelés. Il avait aussi cité des noms des membres de ces cercles de réflexion, comme Jean Mbuyu et Sekimonyo, en avançant qu’ils ne savaient plus accéder au Chef de l’Etat. La réunion se termina presqu’en eau de boudin suite à une montée de tension entre lui et Boshab qui avait été désigné SG du parti après lui.
Pour en venir à la goutte d’eau qui avait débordé le vase, on se souvient de la déclaration que Vital Kamerhe avait faite après le lancement de l’opération Umoja Wetu contre les FDLR. En substance, il avait déclaré ceci : « je venais de passer trois heures (de 10 heures à 13 heures) avec le Président de la République qui m’avait assuré que cette opération n’allait pas être déclenchée. Grande a été ma surprise, en arrivant à mon bureau, de suivre presqu’en direct sur France 24 l’entrée des troupes rwandaises en territoire congolais. Je vous assure que nos mamans qui travaillent dans les champs peuvent s’évanouir au simple vu d’un uniforme militaire rwandais ». Soit dit en passant, on n’enregistra aucune femme tombée en syncope à cause de cette traque conjointe.

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