Qui sont les hauteurs, et complices dans le Génocide de Beni térritoire à vrai dire : Au cours des 18 derniers mois les attaques contre les civils ont fait plus de 500 victimes dans la région de Beni, en République démocratique du Congo (RDC). Les autorités congolaises accusent les Forces démocratiques alliées (Allied Democratique Forces, ADF), un groupe rebelle islamiste entretenant des liens avec l’Ouganda, d’avoir commis ces massacres. Or cela n’est pas si simple : des éléments de preuve suggèrent en effet l’implication de l’armée congolaise et des liens potentiels avec les réseaux de contrebande. Kolu Mosekuse se rappelle très bien l’attaque commise contre Ngadi, un village endormi situé en bordure de la route nationale 4, le long de la frontière ougandaise. Alors que nous marchons le long d’un chemin de terre bordé d’étals de nourriture, d’un atelier de réparation et d’une station-service de fortune, M. Mosekuse, le chef adjoint du village, me raconte comment s’est déroulée l’attaque contre son village.

En octobre 2014, M. Makuta a reçu des coups de machette à la tête et au cou lors d’une attaque des hommes armée qui a fait huit victimes il a dit que son agresseur était un soldat.
« Ils portaient l’uniforme de l’armée congolaise et j’ai reconnu leur commandant, un colonel appelé Byamungu. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec les ADF et ils n’ont jamais attaqué le village. »
La fréquence des violences – qui se sont produites sur un vaste territoire – et le fait que certains des attaquants parlaient le kinyarwanda – une langue qui n’est généralement pas parlée dans cette région de la RDC – laissent supposer que de multiples groupes armés originaires d’une vaste région géographique sont impliqués.
Les ADF sont basées en RDC depuis plus de deux décennies. Le groupe rebelle a forgé des liens solides avec des personnalités politiques et économiques locales et a exploité les réseaux de contrebande existants, principalement celui du bois, tirant profit de la corruption existante au sein des FARDC et de l’administration locale.
Cette économie illicite est au coeur de la violence et de l’instabilité qui règnent depuis plusieurs décennies dans l’est du pays. Les troubles continus exigent une vaste présence militaire.
Fausses accusations
Les leaders politiques locaux décrivent l’organisation rebelle comme une « milice islamiste » et mettent l’accent sur les liens qu’elle entretient avec les réseaux extrémistes de la région, notamment avec Al-Shabab en Somalie et au Kenya.
« Ce qui se passe à Beni aujourd’hui n’est pas différent de ce que l’on voit au Nigéria – où vous avez Boko Haram – et à d’autres endroits », a dit Jules Kasereka, le maire de Beni.
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) se montre plus prudente, mais elle tient essentiellement le même discours.
« La situation est complexe », a dit à IRIN le général Jean Baillaud, le commandant adjoint des forces de la MONUSCO. Il pointe du doigt un groupe de maisons à peine visibles sous le dense couvert des arbres. « Un soldat, sa femme et leurs trois enfants vivaient là. Ils ont tué la femme et les deux plus vieux. Seul le bébé qui se trouvait dans les bras de la femme a survécu. »
Les autorités ont immédiatement identifié les attaquants comme étant des membres des ADF, un groupe rebelle basé dans les monts Rwenzori, près de la frontière ougandaise. Au cours des deux dernières années, ce groupe a été accusé d’avoir commis une série d’atrocités à l’encontre des civils de la région de Beni.
Selon les témoignages des victimes, des autorités locales et des groupes civils récoltés par le Centre d’étude pour la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l’homme, une organisation non gouvernementale (ONG) locale qui documente les actes de violence commis dans la région, plus de 500 personnes auraient été tuées entre octobre 2014 et décembre 2015.
Qui est responsable ?
S’il ne fait aucun doute que les ADF sont responsables d’un certain nombre d’abus, et notamment de meurtres, de viols et de recrutement d’enfants, un rapport publié récemment par le Groupe d’étude sur le Congo, un projet de recherche dédié à la compréhension des violences dans l’est de la RDC, a remis en cause cette version officielle. Les auteurs appellent le gouvernement à constituer dans les plus brefs délais une commission d’enquête spéciale dirigée par un procureur militaire haut gradé.
« Les ADF ne sont pas réellement ce que les gens croient qu’ils sont », a dit Jason Stearns, le principal auteur du rapport. « Ce n’est pas une organisation islamiste étrangère, mais une milice profondément enracinée dans la société locale qui entretient des liens avec les acteurs politiques et économiques. S’il est vrai que les ADF sont responsables de la majeure partie des massacres, il est clair que d’autres groupes, comme les soldats congolais, sont également impliqués. »
Pendant six mois, les chercheurs ont interviewé plus de 100 personnes, notamment des victimes, des leaders de la société civile et des officiers de l’armée nationale, les FARDC.
« En plus des commandants qui appartiennent strictement aux ADF, certains membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), des anciens [rebelles] du Rassemblement congolais pour la démocratie—Kisangani/Mouvement de libération (RCD–K/ML), ainsi que des membres des milices communautaires sont aussi intervenus dans les attaques contre la population civile », conclut le rapport.
Quelles sont les causes des violences ?
Certains officiers ont dit qu’on leur avait offert jusqu’à 250 dollars pour chaque personne tuée, mais ils n’ont pas voulu révéler de noms. Dans certains cas, les soldats des FARDC sont arrivés dans les villages un ou deux jours avant le début des massacres.
« Les soldats étaient là pour protéger le village. Au lieu de quoi ils ont attaqué la population », a dit Modest Makuta, un chauffeur de taxi de 27 ans de Tenambo, une communauté située en périphérie d’Oicha, où plusieurs attaques ont eu lieu.

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