RD-Congo vers un dialogue pour une tradition ? Joséph Kabila sur la trace de Robert Mogabe ? Samy Badibanga un membre del' UDPS refuse : Pourquoi le dialogue proposé par le gouvernement ? Nous voulons le dialogue, mais à certaines conditions : le pouvoir doit au préalable s’engager à respecter la Constitution, en ce qui concerne notamment la durée et le nombre des mandats. Nous souhaitons également que soit nommé un médiateur neutre, qui superviserait le processus. Or ce n’est pas ce que le pouvoir propose. La nomination par l’Union africaine d’ Edem Kodjo au poste de facilitateurne vous satisfait donc pas ? Ce n’est pas une question de personne, mais de méthode. Pourquoi l’UA a-t-elle pris cette initiative plutôt que de s’inscrire dans la dynamique existante ? Les Nations unies avaient déjà entamé des consultations pour la mise en place d’un dialogue auquel Étienne Tshisekedi acceptait de participer. Cela aurait permis d’inclure des partenaires, tels que les États-Unis et l’Union européenne. Alors pourquoi l’UA a-t-elle débuté un nouveau processus ?

Les Nations unies avaient déjà entamé des consultations pour la mise en place d’un dialogue auquel Étienne Tshisekedi acceptait de participer.
Cela aurait permis d’inclure des partenaires, tels que les États-Unis et l’Union européenne. Alors pourquoi l’UA a-t-elle débuté un nouveau processus ? Et pourquoi ne dit-elle rien quant au respect de la Constitution et du calendrier des élections ?
Est-il encore possible d’organiser la présidentielle dans les limites constitutionnelles, c’est-à-dire avant le mois de décembre ?
C’est à la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] de le dire, mais, à mon humble avis, ce n’est plus possible. Il ne nous reste que trente-six semaines pour intégrer sur les listes les électeurs qui viennent d’atteindre la majorité, pour réviser complètement le fichier électoral et ensuite le publier. Et lorsque la Ceni se sera prononcée, nous devrons établir des responsabilités. N’avions-nous pas, nous, parlementaires, voté des budgets à la Ceni qui ne lui ont pas été attribués ? Je pense que le pouvoir a intentionnellement refusé d’organiser les élections.
Il est vrai que l’UDPS a été, sinon dupée, du moins occupée par ce « prédialogue » qui n’a fait que retarder les choses
Étienne Tshisekedi, le chef de l’UDPS, avait accepté un « prédialogue » avant de se rétracter. Ses atermoiements ne sont-ils pas l’une des raisons du retard qui a été pris ?
Le respect des textes et l’État de droit ont toujours été sa boussole. Il ne reviendra jamais là-dessus, et c’est heureux. Mais il est vrai que l’UDPS a été, sinon dupée, du moins occupée par ce « prédialogue » qui n’a fait que retarder les choses.
La position de l’UDPS n’est pas claire non plus sur la question du Front citoyen 2016. Le fils d’Étienne Tshisekedi, Félix, a signé la déclaration qui créait cette coalition avec d’autres leaders de la société civile et de l’opposition, mais pas le parti. Pourquoi ?
Félix Tshisekedi ne pouvait pas aller plus loin sans en référer aux instances du parti. Les discussions se poursuivent en son sein. D’ailleurs, à ce jour l’éventualité d’une adhésion n’a pas été rejetée.
Félix a peut-être plus d’ambition et de volonté d’avancer quand Étienne Tshisekedi a pour lui l’expérience et le recul
Étienne et Félix Tshisekedi sont-ils sur la même ligne ? On a parfois le sentiment que le parti bloque les initiatives de Félix.
Faut-il vraiment dialoguer ? Henri Mova Sakanyi accepte. Était-il vraiment nécessaire de convoquer un nouveau dialogue national, comme l’a fait le président Kabila ?
Le dialogue, c’est la seule solution pour ouvrir la voie à des élections apaisées et crédibles. Les acteurs politiques de ce pays doivent s’engager devant la nation afin que les élections ne soient pas, en RD Congo, toujours porteuses de malheurs. Souvenez-vous des premiers scrutins de notre histoire : ils nous ont conduits à la sécession du Katanga et du Kasaï, au coup d’État de septembre 1960, à l’assassinat de Lumumba… Les élections de 1965 n’ont même pas eu lieu parce qu’un coup d’État militaire a balayé les institutions après le référendum de 1964 ; la présidentielle de 2006 s’est accompagnée de violences à Kinshasa, et il y a eu encore des morts en 2011. Doit-on continuer ce cycle infernal ?
Peut-il y avoir un dialogue si l’UDPS, le principal parti d’opposition, refuse d’y participer?
Nous voudrions que tous les Congolais qui comptent se retrouvent autour de la table, et Étienne Tshisekedi en fait partie. Toutefois, il n’est pas notre unique interlocuteur, et, même si le dialogue ne fait pas l’unanimité, nous comptons sur la présence de beaucoup de participants.
Nous voulons que tout le monde participe au dialogue, mais certains se trouvent dans une logique insurrectionnelle
Mais deux autres figures de l’opposition, Vital Kamerhe et Moïse Katumbi, ont annoncé qu’ils n’y prendraient pas part. Peut-on encore parler de pourparlers inclusifs ?
Vital Kamerhe et Moïse Katumbi sont fraîchement passés à l’opposition. Il y a des questions de posture et de communication, mais fondamentalement nos différences ne sont pas si grandes. Je vous l’ai dit : nous voulons que tout le monde participe au dialogue, mais certains se trouvent dans une logique insurrectionnelle. Ils rêvent d’un scénario à la burkinabè et pensent qu’ils peuvent conquérir le pouvoir après trois jours d’insurrection. Tant qu’ils croiront qu’ils ont le monopole de la rue, ils ne s’assagiront pas et ne feront pas preuve de responsabilité. Peut-être faudra-t-il une démonstration de force pour qu’ils reviennent à la raison.
De toutes les façons les Congolais finiront par dialoguer. Mais faut-il discuter avant ou après qu’il y a eu des clashs ou des morts ? Nous ne souhaitons pas en arriver là. Si les Burundais avaient discuté plus tôt, le pays ne serait pas dans la situation où il est aujourd’hui. Je précise que le dialogue n’a pas vocation à changer notre Constitution actuel
Est-il encore possible d’organiser la présidentielle dans les délais ? Oui ça doit être ?

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