RDC : climat politique entre l'Unafec, parti politique de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza et la majorité présidentiel de Joséph Kabila. En effet, après avoir signé la déclaration du G7 proclamant Moïse Katumbi comme son candidat à la prochaine élection présidentielle, l’Unafec s’est permise d’afficher les effigies de ce dernier sur la devanture de son siège à Lubumbashi et sa permanence à Kinshasa. Cela n’est, ni plus ni moins, une campagne électorale déguisée, d’autant plus que Moïse Katumbi n’est pas membre de l’Unafec. C’est pour cela que la PNC a procédé, depuis mardi dernier, au retrait de ces effigies partout où elles étaient placardées. Cela n’a pas plus à certains membres du parti qui ont tenté de manifester et de s’opposer aux forces de l’ordre. Celles-ci les ont repoussés de leur position, ce qui a provoqué quelques remous au quartier Luapula, dans la commune de la Kenya, à Lubumbashi, où se situe le siège de l’Unafec. A Kinshasa, par contre, les cadres et militants de l’Unafec ont vivement protesté contre le comportement cavalier de Kyungu Wa Kumwanza qui a, une fois de plus.

La tension était perceptible dans la ville depuis que la police a arraché mardi les effigies de Moïse Katumbi. Le tribunal de grande instance de Lubumbashi a poursuivi jeudi 21 avril le procès en flagrance de treize présumés militants de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (UNAFEC), accusées d’être les meneurs des échauffourées qui ont secoué la veille la commune de la Kenya.
De son côté, le président de l’UNAFEC – dont le siège a été scellé par le parquet cette nuit – indique qu’aucun membre du parti n’a été arrêté mercredi par la police.
A l’audience de ce jeudi, il est prévu la comparution d’un colonel de la police pour éclairer le tribunal sur les faits qui se sont déroulés mercredi.
Au total, treize personnes, dont un jeune homme de dix-sept ans, sont accusées par le parquet général de Lubumbashi de s’être attaqué aux éléments de la police déployés dans la commune de la Kenya et d’avoir troublé l’ordre public en jetant des projectiles sur les forces de l’ordre. Les prévenus sont aussi poursuivis pour vandalisme des boutiques, bistrots et salons de coiffure appartenant à des particuliers.
Selon les sources policières, toutes ces personnes ont été arrêtées par la police en pleine manifestation des militants de l’UNAFEC. Elles ont été toutes déférées le même mercredi devant le parquet afin de répondre de leurs actes.
Par la suite, le parquet a scellé le siège de ce parti de l’opposition, «jusqu’à nouvel ordre». Une équipe de policiers a été positionnée à cet endroit.
Une situation que ne comprend pas le président de l’UNAFEC, Kyungu wa Kumwanza, qui dénonce un acte « antidémocratique »:
«Nous avons en face de nous des gens qui ne comprennent rien de la démocratie en ce mois. Ils ne comprennent absolument rien! C’est la dictature!»
Kyungu wa Kumwanza soutient aussi qu’aucun membre de son parti n’a participé aux événements de mercredi dans la Kenya. Selon lui, aucun militant n’a été arrêté par la police.
Plusieurs avenues du quartier Luapula dans cette commune ont été bouclées mercredi 20 avril dans la matinée par la police, qui procédait à la dispersion des attroupements des militants de l’Union nationale des fédéralistes du Congo avec des tirs des gaz lacrymogène, selon des sources concordantes. Déjà, ces cadres et militants, à Kinshasa comme à Lubumbashi, avaient vivement protesté contre la décision unilatérale de Kyngu d’engager le parti au sein du G7.
Ce jeudi à Kinshasa, l’Unafec a tenu une conférence de presse pour dénoncer la tricherie de Kyungu Wa Kumwanza. Ils ont aussi dénoncé sa politique de la terre brûlée qui consiste à discréditer, par ses actes, l’Unafec pour la simple raison qu’il en a légalement perdu le contrôle depuis son aventure avec le G7.
Avant cette conférence, des cadres du parti, et non des badauds, étaient allés mardi dernier au siège du parti à Kinshasa pour y déloger les irréductibles de Kyungu qui squattaient encore le lieu. L’ancien membre de la Majorité présidentielle, Tshibangu Kalala estime que la requête de la MP à la Cour constitutionnelle pour l’interprétation de certains articles de la constitution est « un référendum masqué ». Plus de deux cents députés ont introduit une requête auprès de cette cour pour demander l’interprétation des articles 70, 103 et 105 de la constitution. Des articles liés aux mandats du président de la République, du député et du sénateur.
Tshibangu Kalala affirme que l’article 70 sur le mandat du chef de l’Etat est clair et ne demande pas d’interprétation.
Pour lui, la démarche de ces députés vise plutôt à savoir si le président Kabila, dont le deuxième et dernier mandat s’achève en décembre, va continuer à diriger le pays au-delà de son mandat ou pas.
« En réalité, on pose une autre question : ‘’Est- ce que le président va continuer ou pas ?’’ Là ça devient un referendum déguisé. Un référendum où il n’y aura que neuf congolais qui vont voter et les 70 millions exclus. Donc, on demande à la cour constitutionnelle de prendre la place du peuple souverain, du Parlement dans son ensemble pour rédiger un nouvel article de la constitution, qui ne va pas figurer dans la constitution mais qui sera dans un arrêt de la cour constitutionnelle », analyse Tshibangu Kalala.
Le président du parti politique « Notre beau pays » croit savoir que le contenu de ce nouvel article sera ainsi rédigé: « S’il n’y a pas élection d’un nouveau président de la république avant l’expiration du mandat du président en fonction, ce dernier reste au pouvoir jusque le jour où on va organiser l’élection d’un nouveau président de la République ».
Ce constitutionnaliste qui a récemment quitté la Majorité présidentielle recommande « une riposte graduée des forces démocratiques pour stopper ce référendum masqué ».
La question de la fin du mandat présidentiel agite la classe politique depuis plusieurs mois. Elle porte notamment sur ce qui devrait être fait au cas où la commission électorale n’organisait pas l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel.

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