Barack Hussein Obama le président, des États-Unies, visite Hiroshima au Japon : « Il y a 71 ans, la mort est tombée du ciel » d' après le journale français, le Monde! Rarement l’expression « historique » fut plus juste. A Hiroshima, victime du feu nucléairele 6 août 1945, le président Barack Obamaa renouvelé, vendredi 27 mai, son engagement à œuvrer à un mondedébarrassé de l’arme nucléaire et a surtout condamné toutes les guerres et« les souffrances indicibles »qu’elles infligent.

Accueilli par le premier ministre Shinzo Abe, M. Obama avait d’abord visité le musée du mémorial pour la Paix où sont présentés, de manière parfois insoutenable, les effets du bombardement atomique sur les êtres humains. Une visite rapide (une dizaine de minutes) que la presse n’a pas été autorisée à couvrir.
Après s’être recueilli quelques instants devant le monument à la paix, le président américain a déposé une couronne de fleurs blanches. Après son allocution il s’est entretenu quelques instants avec trois survivants très émus. Agés, ils avaient attendu ce moment depuis des décennies. Plus que des excuses, la majorité d’entre eux souhaite que le monde reconnaissance leurs souffrances, afin de donnerun sens à la formule sibylline du monument à la paix :« Reposez en paix, on ne répétera jamais la même erreur. »Phrase sans sujet mais qui, pour eux, en a un : L’humanité.
C’est pourquoi, les survivants de la bombe atomique (hibakusha) demandaient que Barack Obama visite le musée du mémorial pour la paix. Longtemps, le ressentiment à l’égard des Américains a dominé chez eux. Un geste de regret était attendu. Soixante et onze ans sont passés. Les 183 000 victimes de l’atome reconnues, dont l’âge moyen en 2016 est de 80 ans, s’éteignent peu à peu. Et avec eux s’évanouit la mémoire vive de ce qu’ils ont vécu. Elle se transmet mais pour les plus jeunes, le bombardement relève de l’ histoire. Le peu de temps qui reste pour écouterles victimes de l’un des plus grands drames du XXesiècle fut sans doute une des raisons de la décision de Barack Obama de se rendreà Hiroshima.
Pas d’excuses
En tout cas, beaucoup de survivants l’ont ressenti ainsi :« Nous vousavons attendu si longtemps », a écrit au président une victime, MmeKeiko Ogura.« J’admire son courage d’être venu », dit pour sa part Koei Oiwa, unhibakushade 90 ans. Après d’âpres débatsau sein de leurs organisations, ils ont renoncé à exigerdes excuses (exclues d’entrée de jeu par Washington et Tokyo).
« Hiroshima nous a appris la vérité sur la science qui peut devenir un outil de massacre », Barack Obama
MmeYoshiko Kajimoto, 85 ans, qui, adolescente, a perdu ses parents dans le bombardement, a longtemps nourri une profonde rancœur à l’égard des Américains :« Depuis une dizaine d’années, j’ai pris conscience qu’il faut surmonterla haine. Ce que j’attendais de la visite du président Obama, c’est qu’il prenne conscience de ce que nous avons vécu et transmette ce qu’il a ressenti au reste du monde. »
« La dignité d’Hiroshima, c’est de ne pas répondrepar la haine à ces bombardements inhumains », a écrit vendredi dans un éditorial le quotidien localChugoku Shimbun. Pour M. Terumi Tanaka, 84 ans, secrétaire général de l’association nationale des victimes des bombes A et H,« l’abandon de l’arme nucléaire sera la vraie excuse que le monde peut faire aux victimes de la bombe ». Ce n’est pas sans état d’âme que M. Tanaka a renoncé à demanderdes excuses.
Pas de débat sur les responsabilités
Pour la jeune génération, les effets du premier bombardement atomique doivent guiderle présent en vue de l’abolition des armes nucléaires :« Je ne demande pas des excuses du président Obama, mais au moins qu’il ne légitime pas ce bombardement, annonce un étudiant dans la foule, qui se presse aux alentours du parc de la Paix.Si on s’obstine à demander des excuses on ne peut pas progresser. Sa présence est déjà en soi une excuse silencieuse », ajoute un autre jeune. Cette visite, la première d’un président américain en exercice, se voulait placée sous le signe non de la contrition mais de la« poursuite de la paix ». Dans son allocution, le président américain a navigué habilement dans les méandres de la sémantique entre émotion, mémoire, éthique et politique.
« Pourquoi suis-je ici ?, a déclaré M. Obama.Pour réfléchirpourquoi des femmes et des enfants, des Américains, des Coréens et des Japonais ont péri.(…)Nous devons faireface à l’histoire, a-t- il poursuivi.Il y a soixante et onze ans, la mort est tombée du ciel et le mondea changé.(…)Hiroshima nous a appris la vérité sur la science qui peut devenirun outil de massacre. »Le martyre de ces deux villes« doit éveillernotre conscience morale » Les victimes coréennes oubliées
Le député indépendant de Hiroshima, Shizuka Kamei, avait été plus virulent :« Si le président Obama se rend à Hiroshima sans exprimerde remords, il est préférable qu’il ne vienne pas. »Les plus déçus sont les victimes coréennes du bombardement. Barack Obama a négligé le monument à la mémoire des 30 000 Coréens tués lors du bombardement, situé un peu à l’écart dans le parc de la Paix.
Au total il y a eu 50 000 atomisés coréens à Hiroshima et 20 000 à Nagasaki. Pour la plupart, ils avaient été recrutés comme travailleurs forcés par le Japon. Selon Toshiki Fujimori, secrétaire adjoint de la confédération des organisations des victimes de la bombe A et de la bombe H,« il est honteux d’entendre les dirigeants japonais déclarerque des excuses sont exclues ».

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