Crime contre l' humanité dans la région de Beni Nord-Kivu: En moins de deux ans, plus de 1 100 personnes ont été tuées à Lubero et surtout à Beni, dans le Nord-Kivu, où le bilan macabre fait déjà état de près de 100 morts depuis le début de l'année, selon des sources concordantes. La série des massacres se poursuit, malgré la présence des Casques bleus et des soldats congolais sur le terrain.

En République démocratique du Congo, un rapport d'experts indépendants jette le trouble sur l'identité des auteurs responsables des massacres dans le territoire de Beni. Entre octobre 2014 et décembre 2015, plus d'un demi-millier de civils ont été assassinés, essentiellement à l'arme blanche. Pour le gouvernement congolais, comme pour la Monusco, la Mission des Nations unies au Congo, les responsables sont les ADF, des rebelles ougandais, qui voudraient se venger de l'offensive menée contre eux par l'armée congolaise. Mais cette version est mise à mal par le groupe d'étude sur le Congo, un groupe de recherche basé à l'université de New York dans un rapport intitulé Qui sont les tueurs de Beni et rendu public le 21 mars. Ces chercheurs appellent les autorités congolaises comme onusiennes à mener une enquête approfondie pour établir les responsabilités.
La principale conclusion de ce rapport, c'est qu'il est urgent de revoir la notion de ce qu'on appelle les ADFet déchirer l'écran de fumée. Qui tuent et surtout pourquoi, sont les questions cruciales auxquelles personne ne semble aujourd'hui encore capable de répondre.
Le groupe d'étude sur le Congo a étudié le mode opératoire des tueurs, interrogé 110 personnes, témoins oculaires, militaires, ex-ADF, membres de la société civile ou de l'administration locale. Comme le groupe d'experts de l'ONU et une mission d'enquête parlementaire congolaise, il note avec inquiétude la passivité de certains détachements militaires congolais, les sanctions prises contre d'autres officiers qui voulaient intervenir.
Mais ce rapport évoque la possibilité d'une participation directe de soldats congolais à des massacres dans au moins trois zones en 2014 et 2015, sans établir avec exactitude le degré de responsabilité de leur hiérarchie. Plusieurs milices et ex-groupes armés sont aussi accusés en lien ou non l'armée congolaise, et en particulier les réseaux d'anciens du RCD-KML. On se souvient que le gouverneur du Nord-Kivu a accusé le chef de cet ex-rébellion, un natif du territoire, Mbusa Nyamwisi d'être derrière les massacres et réciproquement.
Pour ces chercheurs, la gravité de ces allégations et la perpétuation de la violence exigent une enquête approfondie de toutes les parties, mais aussi une évaluation de la performance de la Monusco qui s'est révélée tout aussi incapable d'empêcher ces massacres. L’opération "ville morte" se poursuit
À Beni, dans le nord de la province du Nord-Kivu "tout reste fermé" pour le troisième jour de suite, a affirmé Gilbert Kambale, un des instigateurs du mouvement "ville morte" lancé lundi. Dans la soirée du mardi 3 mai, une attaque a eu lieu dans le village de Luna Mutshunge, situé à une soixantaine de kilomètres de Béni. Très peu de photos ont filtré sur cette nouvelle attaque, qui a fait fuir une partie de la population. Seuls des membres de la société civile de Béni ont pu prendre quelques photos quelques heures après les faits.
Sur ces photos transmises par la Société civile de Béni et le Centre de recherche des droits de l'homme (CRDH), au moins cinq corps présentant des blessures après des coups de machettes gisent à terre. L'un d'entre eux est visiblement très jeune.
Au moins deux maisons dans le quartier ont été incendiées selon le CRDH.
"Les autorités avaient annoncé quelques jours auparavant que la zone était sous contrôle". Yassin Kumbi est un journaliste radio pour Kivu 1à Béni. Il a pu se rendre sur place très tôt mercredi matin, au lendemain de l’attaque.
Je suis habitué à la couverture de ces attaques depuis maintenant 2014, mais je dois avouer que j’ai découvert un carnage en arrivant dans ce hameau de Eringeti. Les violences près de Béni, dans la province du Nord-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo, ont repris après une accalmie de quelques semaines. Dans la soirée de mardi, de nouvelles attaques sanglantes ont fait 19 victimes, majoritairement des femmes et des enfants. Notre Observateur s’est rendu sur place et parle de "véritable carnage ". À Beni, pratiquement chaque jour qui passe compte son lot de morts. Une série macabre déclenchée début octobre 2014 dans ce territoire du Nord-Kivu, dans l’est de la RD Congo. Là-bas, des groupes armés étrangers et des milices locales règnent en maître sur plusieurs localités. Et ce, malgré la présence de l’armée congolaise appuyée par la brigade internationale d’intervention de la Monusco, pourtant la plus importante mission de maintien de la paix des Nations unies dans le monde.
Jeune Afrique a pu compiler et recouper les chiffres macabres des tueries à Beni depuis le début de l’année auprès de sources onusiennes et de diverses organisations de la société civile du Nord-Kivu. Il en résulte qu’en moins de cinq mois, au moins 93 personnes ont été tuées. « Plusieurs civils ont été massacrés à la machette et leurs habitations ont été incendiées : c’est l’horreur ! » souligne un défenseur des droits de l’homme, joint au téléphone à Mbau, village du territoire meurtri.

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