Le 23 Avril 2016 est un jour qui aura connu quelques évènements significatifs pour le temps critique que traverse présentement le climat politique de la R.D. Congo. D’une part, il a été suivi les meetings historiques organisés par la coalition de l’opposition qui jure défendre la Constitution du pays jusqu’à sa dernière énergie. D’autre part, à Goma, la famille politique du président de la République, par le biais du gouverneur de Province Julien Paluku, fait tomber sa masque et annonce ouvertement sa volonté de marcher sur la souveraineté du peuple congolais en déclarant l’impossibilité de la tenue des élections présidentielles en Novembre 2016. En effet, ayant adopté comme méthode d’action une attitude de fourberie en dépit de ses ambitions évidentes de se pérenniser au pouvoir à la tête d’un peuple qui l’a de plus en plus désavoué, on n’a jamais entendu du chef de l’état lui-même la parole tranchante de « J’y suis et j’y reste ».

Ensuite, Monsieur Julien PALUKU, s’est donné le privilège de s’arroger les prérogatives de la CENI pour déclarer qu’il est impossible d’organiser les élections en novembre 2016. Enfin, et pire que tout, le gouverneur du Nord-Kivu est l’unique citoyen congolais, fût-il autorité politico-administrative de haute sphère, qui, de l’occasion, a pu se permettre de devancer quiconque à proposer à son auditoire « son interprétation des Articles 69,70 et 161 » de la Constitution congolais, uniquement dans le souci de plaire au « patron », au plus grand mépris du peuple à qui il doit aujourd’hui sa fortune et son prestige au fauteuil du gouverneur de Province. Il y a lieu d’insister que ce genre de courage ressemble tout de même à un mépris en l’endroit de ses sujets, quand on connaît le degré d’allergie qu’éprouve toute la population du Nord-Kivu contre toute tentative de forcer la prolongation du mandat présidentiel de Joseph KABILA au-delà de la fin de cette année 2016.
Une des preuves de cette allergie peut être détectée dans la réaction de la masse populaire de Béni telle qu’exprimée par la lettre de la coordination de la société civile locale dont une photocopie est attachée au présent article.
Une question fondamentale serait de s’interroger si ce courage du gouverneur de province du Nord-Kivu à clamer tout haut les bévues dont l’instigateur lui-même a froid aux yeux relève tout simplement d’un excès de zèle, ou bien il s’agit là d’un sentiment du triomphalisme et un signal fort indiquant que le coup d’état constitutionnel est déjà irréversiblement consommé ? Bien plus, en considérant la confiance que le peuple congolais avait placée en Joseph KABILA au début de son règne, beaucoup auraient souhaité lui dresser, un jour, l’étendard de héros comme Lumumba, Nelson Mandela et tant d’autres défenseurs de la démocratie et des droits du peuple. Mais hélas ! À partir du moment où il a délibérément préféré marcher sur la perle de la Nation (fouler au pied la Constitution qui équivaut à la dignité même d’une Nation), pour quel intérêt continuer à lui forcer des éloges non mérités ?
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent Machozi, le 19 mars 2016). Dans son communiqué du 09 avril 2016 et publié sur www.benilubero.com , le Kyaghanda Yira a décrété la journée du 14 avril comme la journée du génocide Yira.
Pourquoi la journée du 14 avril?
Nous sommes en 1998 Les Chrétiens viennent de fêter Pâques. Toute la cité de Butembo se réveilla prisonniers ! « Qu’aucun être vivant ne sorte d’une maison : enfants, jeunes, adultes, vieux, poule, coq, canard, chèvre, cobaye… ! L’ennemi est entré dans la ville ! Nous procédons à un nettoyage de la ville contre l’ennemi ! « Atakaye onekana inje ni Aduyi, Kama ni mwisho ni mwisho [en français, Tout être animé qui sera vu à l’extérieur sera considéré comme un ennemi]. Seuls les personnels de la Croix rouge sont autorisés à sortir et à circuler ». Pendant trois jours, seul ce message était diffusé sur les chaînes locales. Tout le monde était prisonnier ! Personne ne savait ce qui se passait chez son voisin.
Trois jours après, c’est toute la cité qui était en deuil ! Des femmes étaient violées, d’autres étaient éventrées en présence de leurs enfants ou de leurs maris! Des cadavres jonchaient dans les rues. Il en a donc circonscrit toutes les dimensions et a la pleine conscience du soulèvement qui s’ensuivrait. C’est toujours par des détours, que ses collabos ont tenté de scruter les pensées de la masse, comme pour jauger l’état de l’esprit du peuple congolais sur ce « calcul du détournement du pouvoir » au-delà du mandat devant expirer à la fin de l’année en cours.
Or, à l’occasion de la matinée politique de la famille politique du président de la République animée à Goma, à l’hôtel IHUSI, ce 23 avril 2016, légèrement vers midi, toute la pensée obscure, issue de la détermination du pouvoir en place à escroquer la souveraineté du peuple, a été explicitement exposée au grand jour par le courage d’un gouverneur de province qui, finalement, a fixé les opinions et dit tout haut ce que le Président Kabila dirait tout bas. Haranguant les partisans de son maître, le gouverneur Julien Paluku, emporté par le délice qui caractérise l’entourage du chef de l’état, lequel délice aveugle tout dirigeant égoïste sur la souffrance du bas-peuple, a commencé par un éloge du président, stipulant que malgré le démarrage de la course de la Démocratie en R.D. Congo le 24 avril 1990, Joseph KABILA en reste le véritable « père ».

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