Marche pacifique del' opposition politique en Rdc: La situation était calme jeudi matin à Kinshasa et Lubumbashi avant des manifestations annoncées de l'opposition pour dénoncer un récent arrêt de la Cour constitutionnelle permettant au président congolais Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat en décembre.

La présence policière était visible mais relativement discrète. Quelques dizaines de manifestants commençaient à affluer vers 07h20 GMT au lieu de rassemblement proche du siège de partis d'opposition.
On ne pouvait pas capter la radio française RFI sur son canal habituel, mais on pouvait l'écouter sur la fréquence de Brazzaville, la capitale congolaise voisine.
Trois coalitions d'opposants à M. Kabila ont appelé à manifester jeudi dans toute la RDC pour dénoncer la décision rendue le 11 mai par la Cour constitutionnelle.
Cet arrêt autorise le chef de l’État, au pouvoir depuis 2001, à rester en fonctions au-delà du 19 décembre si la présidentielle n'est pas organisée d'ici là, comme cela semble chaque jour un peu plus certain.
La Constitution interdit à M. Kabila de se représenter et l'opposition accuse le président depuis des mois de chercher à contourner la loi fondamentale pour se maintenir à la tête du pays après 2016.
La marche de l'opposition a été autorisée à Kinshasa mais toutes les manifestations d'opposition ont été interdites à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays, fief de l'opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle ayant quitté le pays vendredi après des ennuis judiciaires.
Elles ont été interdites également dans toute la province du Nord-Kivu (est).
Une des coalitions appelant à manifester a exhorté mercredi la population à braver ces interdictions.
A Goma, capitale du Nord-Kivu, de nombreuses boutiques sont restées closes, et plusieurs écoles ont renvoyé les enfants chez eux alors que des véhicules remplis de policiers patrouillaient sur les grands axes, selon un journaliste de l'AFP.
A Lubumbashi, selon une équipe de l'AFP, la circulation était bien moindre qu'un jour normal. Nombre de boutiques étaient restées portes closes. Vers 07h30 GMT, plusieurs dizaines de policiers antiémeutes étaient déployés aux abords de la place de la Poste, dans le centre, où l'on ne voyait aucun manifestant. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) juge «inconstitutionnel» l’arrêt de la Cour constitutionnelle, interprétant l’article 70 de la constitution relatif au mandat du chef de l’Etat.
Le parti d’Etienne Tshisekedi a livré sa position, samedi 14 mai, au cours d’une déclaration politique, faite à Kinshasa.
«L’arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle en interprétation de l’article 70 de la constitution est inconstitutionnelle. C’est une imposture et un non-sens», a déclaré le secrétaire général-adjoint de l’UDPS, Bruno Tshibala.
A l’occasion, il a déclaré ne pas être prêt à céder à ce qu’il qualifie de provocation de la Cour Constitutionnelle pour décourager les gens à aller au dialogue, seul cadre, selon lui, où doit se décider la suite du processus électoral.
Pour Bruno Tshibala, personne n’a le droit de violer l’esprit de la constitution dans le sens des optons fondamentales qui avaient levées de commun accord.
Le secrétaire général-adjoint de l’UDPS regrette que l’arrêt de la Cour prolonge le mandat de Joseph Kabila alors qu’en vertu de l’article 5 de la constitution, le pouvoir dans notre pays émane du peuple qui est le seul souverain.
«Si les élections ne sont pas organisées dans le délai, Monsieur Kabila devra quitter le pouvoir. Le dialogue qui est en vue a pour mission justement de régler tous les problèmes par le compromis qui sera dégagé par toutes les forces sociales et politiques réunies dans ce forum», a poursuivi Bruno Tshibala.
Rendu le 11 mai courant, cet arrêt permet à Joseph Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter pour un troisième mandat, de rester en fonctions au-delà du terme de son mandat, fin 2016, si l'élection présidentielle censée avoir lieu cette année n'est pas organisée.
Avec cet arrêt, la Haute cour avait ainsi répondu à une requête en interprétation déposée par plus de 250 députés. Le quartier administratif et huppé de la Gombe devant être traversé par les manifestants dans le nord de la capitale de la République démocratique du Congo avait des airs de week-end, selon des journalistes de l'AFP.
On n'y voyait pratiquement aucun écolier dans les rues vers 07h00 GMT. Comme souvent en pareil cas dans cette ville habituée aux violences à caractère politique, bien des parents ont choisi de ne pas envoyer leurs enfants à l'école. Les transports en commun tournaient au ralenti et la circulation était particulièrement fluide.

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