Moïse Katumbi, ex gouverneur du Katanga aujourd' hui, présent dans l' opposition dénonce « un procès politique contre lui en République Démocratique du Congo

« Un faux procès » du pouvoir à place de Joséph Kabila contre ma personalité, pour m' empecher de ne pas me présenter aux élections selon lui. Son avocat dela nationalité française Éric Dupond-Moretti a annoncé mardi à Jeune Afrique que son arrivée dans l'équipe de défense de l'opposant congolais Moïse Katumbi. Il revient sur les raisons qui l'ont motivé à prendre cette décision. Interview.
À la veille de la deuxième audition de Moïse Katumbi, prévue le 11 mai à l’office du procureur général près la cour d’Appel de l’ex-Katanga, dans le sud de la RD Congo, Me Éric Dupond-Moretti, surnommé l’« Ogre du Nord » ou « Acquittator » (pour ses multiples succès à la barre), a rejoint l’équipe de défense de l’opposant, fraîchement déclaré candidat à la présidentielle.
Depuis début mai, une enquête est ouverte contre cet ancien proche du président Joseph Kabila, passé à l’opposition. La justice congolaise le soupçonne d’avoir recruté des « mercenaires étrangers » dont des Américains. Des « allégations fausses », selon l’ambassade américaine à Kinshasa, qui affirme que son ressortissant, Darryl Lewis, arrêté le 24 avril à Lubumbashi, n’était qu’un simple « consultant en sécurité » de Moïse Katumbi.
Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous accepté de rejoindre l’équipe de défense de l’opposant Moïse Katumbi ? La police congolaise a dispersé mercredi matin plusieurs milliers de partisans de l'opposant congolais Moïse Katumbi rassemblés autour et à l'intérieur du palais de justice de Lubumbashi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Candidat déclaré à la prochaine présidentielle, M. Katumbi devait être entendu par un magistrat du parquet dans le cadre d'une enquête pour "recrutement de mercenaires". Peu avant 11h00 (09h00 GMT), la foule a forcé les barrages de police pour occuper le bâtiment où devait avoir lieu l'audition.
A l'intérieur du palais, la police a utilisé des matraques électriques pour disperser la foule. Puis, elle a lancé des grenades lacrymogènes sur la foule qui s'est regroupée à bonne distance, en scandant des slogans de soutien à M. Katumbi.
Le calme revenu, M. Katumbi, tout de blanc vêtu avec une écharpe aux couleurs du drapeau de la RDC, est entré dans la salle d'audience peu après 11H20 (09H20 GMT). Son audition, à huis clos, a commencé un quart d'heure plus tard.
Les magistrats chargés de l'entendre se concertaient encore pendant que la police chargeait les partisans venus bien plus nombreux que lundi, pour la première audition de M. Katumbi.
Toutes les autres audiences prévues au palais de justice ce mercredi ont été reportées. C’est un soulagement pour ses proches. Moïse Katumbi est ressorti libre du palais de justice de Lubumbashi ce lundi en fin de journée après plusieurs heures d’audition devant les juges. Des centaines de partisans ont tenu a l’accompagné en milieu de matinée pour se rendre à la convocation du procureur. Ses supporters ont attendu toute la journée, craignant que la justice délocalise l’affaire à Kinshasa et interpelle l’ancien gouverneur. Les réseaux sociaux bruissaient de la présence d’un avion qui attendait Katumbi sur le tarmac de l’aéroport pour le transférer dans la capitale congolaise… mais il n’en a rien été. Moïse Katumbi a pu regagner son domicile de Lubumbashi en fin d’après-midi. Mais sur le plan judiciaire, ses ennuis ne font que commencer avec la justice congolaise. L’audition de lundi a simplement été suspendue et reportée au mercredi 11 mai.
27 collaborateurs de Katumbi arrêtés
Rival sérieux du président Joseph Kabila qui cherche à se maintenir au pouvoir au-delà des délais constitutionnels, Moïse Katumbi est entré dans le viseur du pouvoir fin 2015, alors qu’il quittait bruyamment la majorité présidentielle. Depuis, l’ancien gouverneur est la cible d’intimidations des autorités congolaises. Ce lundi Human Rigths Watch (HRW) a comptabilisé que « pas moins de 27 collaborateurs » de Katumbi ont été arrêtés entre le 22 avril et le 7 mais 2016. Selon Daniel Bekele, le responsable d’HRW pour l’Afrique, « Les arrestations et les agressions commises à Lubumbashi semblent consister en autre chose que les habituels cas de harcèlement policier, mais plutôt en des actes visant précisément un prétendant à la présidence et ses proches partisans ».
Manifestation interdite, permanences politiques vandalisées
L’ONG rappelle la longue litanie d’opérations d’intimidation sur l’ancien gouverneur et ses proches. Notamment autour de la date du 24 avril, journée de manifestation de l’opposition dans l’ensemble du pays. « La police a tiré des cartouches de gaz lacrymogène sur Katumbi et une grande foule de manifestants pacifiques à Lubumbashi, afin d'empêcher le déroulement d'un rassemblement d'opposition lors duquel Katumbi devait prendre la parole, explique HRW. Les permanences de deux partis d'opposition à Lubumbashi ont été récemment vandalisées. » À Kinshasa, Goma et Bukavu, ces manifestations se sont déroulées dans le calme.

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