Rdc, dans un climat politique très tendu: l’opposition congolaise sera encore de nouveau, dans la rue, jeudi le 26 mai 2016 pour dénoncer, l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui vient d’autoriser le président Kabila à rester au pouvoir en cas de report des élections. Une mobilisation sous haute tension alors que la répression s’accroît sur les opposants au camp présidentiel.

Face à cette situation politique, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Maman Sidikou, se dit «profondément préoccupé par les tensions politiques croissantes» dans ce pays. Dans un communiqué publié samedi 21 mai, il estime que ces tensions risquent de compliquer la tenue du dialogue politique, censé baliser le chemin des élections.
«La multiplication des procédures judiciaires ainsi que tous autres actes ayant pour effet de rétrécir l'espace politique, ne feront qu'exacerber ces tensions et rendre encore plus difficile la tenue du dialogue politique. L’opposition congolaise ne désarme pas. Alors que les élections générales prévues en fin d’année ont toutes les chances d’être reportées, les principaux partis d’opposition, réunis dans trois grandes plateformes (Dynamique, G7, Front Citoyen) restent mobilisés et demandent aux Congolais de descendre dans la rue. Principales revendications : la tenue des élections dans les délais et le départ du président Kabila fin 2016 comme l’exige la Constitution. Mais depuis plusieurs mois le scénario du « glissement » du calendrier électoral se met petit à petit en place pour permettre au Chef de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat. Dernier épisode en date, qui vient valider cette stratégie : l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui autorise Joseph Kabila à rester à son poste au-delà du terme de son mandat si les élections ne pouvaient se tenir dans les temps.
Un appel à l’article 64
En appelant la population à descendre dans la rue, l’opposition demande aux Congolais « de n’accorder aucun crédit à l’arrêt de la Cour constitutionnel qui ne fait qu’enfoncer davantage le pays dans l’impasse électorale créée à dessein par le président Kabila » dénonce un communiqué signé des trois plateformes. Avant d’annoncer « le déclenchement d’actions d’envergure et de salut pour la Nation conformément aux prescrits de l’article 64 de la Constitution ». Un article qui stipule que « tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». Une consigne très explicite pour l'opposition congolaise. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a réagi dimanche 22 mai aux déclarations des Etats-Unis d’Amérique et de la Grande Bretagne, menaçant de sanctionner «la répression» et «l’oppression» en RDC. «Il n’y a rien qui autorise les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à nous intimer des injonctions ou à nous menacer des sanctions unilatérales», a affirmé M. Mende.
«Je voudrais répéter mot pour mot ce que le Chef de l’Etat a dit aux ambassadeurs accrédités à Kinshasa lorsqu’il les a reçus: ‘des conseils, nous sommes prêts à les recevoir amicalement. Des injonctions, jamais!’», a déclaré le porte-parole du Gouvernement.
Lambert Mende réagissait ainsi au communiqué du porte-parole adjoint du département d’Etat américain, Mark Toner, publié par l’Ambassade des Etats-Unis à Kinshasa samedi 21 mai. D’après ce document, Washington étudie les possibilités d’appliquer «des sanctions en réponse [au] schéma croissant de l’oppression en RDC.»
Les Etats-Unis d’Amérique se disent aussi préoccupés par «la multiplication des intimidations et des cas de harcèlement et de détention des membres de l’opposition et des leaders de la société civile.»
Cette déclaration a été faite une semaine après celle de l'envoyée spéciale de la Grande-Bretagne pour la région des Grands Lacs, Danae Dholakia. Selon elle, Londres et ses partenaires européens envisagent des «sanctions ciblées […] contre ceux qui ont la responsabilité de l'action ou de la décision dans la violence contre les citoyens et dans l'intimidation de l'opposition» en République démocratique du Congo.
Dans la même lancée, la Monusco s’est déclarée aussi profondément préoccupée par «les tensions politiques croissantes en RDC». Son chef, Maman Sidikou, note que «la multiplication des procédures judiciaires ainsi que tous autres actes ayant pour effet de rétrécir l'espace politique, ne feront qu'exacerber ces tensions et rendre encore plus difficile la tenue du dialogue politique.»
De son côté, Lambert Mende appelle la MONUSCO au respect des décisions de la justice congolaise.
Il a déclaré : «Nous avons retrouvé un modus operandi plus positif avec la Mission onusienne depuis quelques mois et nous poursuivons un dialogue stratégique avec elle. Et nous espérons vivement que par cette rhétorique sur le rétrécissement des espaces politiques à laquelle recourent maintenant nos partenaires de la Monusco que nous avons déjà entendue dans d’autres expressions, les responsables de la Mission ne se laissent pas entrainer dans un nouveau et inutile bras de fer avec notre Gouvernement par ceux de leurs collègues qui ont pris l’habitude de se montrer condescendants, pour ne pas dire plus, à l’égard de nos institutions, notamment la justice. La justice doit être respectée.»

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