"La femme sans voile est comme une pièce de 2 euros, elle passe d’une main à l’autre" Manon Gauthier-Faure Invité à votre rédaction, s’exprimer sur l’islamophobie dans une école suisse, le directeur du Centre islamique de Genève, frère du non moins controversé Tariq Ramadan, a expliqué aux collégiens qu'une femme non voilée était "comme une pièce de deux euros". "Visible pour tous, elle passe d'une main à l'autre", a-t-il ajouté. Son passage dans l'école fait, à raison, scandale en Suisse.

Afin d’évoquer l'islamophobie avec ses élèves, âgé de 15 à 17 ans, une enseignante du Centre de la transition professionnelle à Genève a eu l'idée lumineuse d'inviter... Hani Ramadan, le controversé directeur du Centre islamique de Genève, licencié de l'Instruction publique en 2003 pour avoir justifié la lapidation, et frère du non moins controversé Tariq Ramadan, davantage connu en France que Hani. Révélée ce jeudi par le quotidien Le Tempset par la télévisionLéman Bleu, son intervention a été l'occasion de tenir des propos scandaleux.
Comment Hani Ramadan a-t-il atterri dans cette classe ? “Il y a eu des tensions dans la classe de mon fils liées à l’islamophobie,a raconté une mère d’élève au quotidien. L’enseignante a demandé aux élèves de questionner des passants sur ce thème; elle a invité à plusieurs reprises un musulman en classe, qui a conseillé de faire venir Hani Ramadan.” Lors de cette intervention, le descendant du fondateur des Frères musulmans a présenté une insupportable métaphore :
“Une femme est comme une perle dans un coquillage. Si on la montre, elle crée des jalousies.Ici, la femme sans voile est comme une pièce de deux euros. Visible par tous, elle passe d’une main à l’autre.”
Licencié de l’instruction publique en 2003
Comme le relate Le Point, l’affaire est vite arrivée aux oreilles du département de l’Instruction publique (DIP) du Conseil d’Etat de Genève. Il a convoqué l’enseignante pour un “entretien de service”, alors que celle-ci n’avait pas prévenu sa hiérarchie de cette intervention. “C’est une personnalité contestée qu'il n'est évidemment pas recommandé d'inviter en classe pour parler d'enjeux sensibles réclamant dans le contexte actuel de la distance et du sang-froid”, a déclaré dansLa Tribune de Genèveson porte-parole Pierre-André Preti, estimant que “lespositions publiques de monsieur Ramadan sont incompatibles avec les valeurs et la mission de l'école publique”. Hani Ramadan était enseignant dans le secondaire quand il a été licencié de l’instruction publique en 2003.
Le petit fils d'Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, avait signé une tribune parue dans Le Mondeen septembre 2002 dans laquelle il justifiait la lapidation. “Parce qu'il s'agit d'une injonction divine, la rigueur de cette loi est éprouvante pour les musulmans eux-mêmes. Elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification”, écrivait-il alors. Ses déclarations de cette semaine s'inscrivent dans leur droite lignée. Il y a tout juste une semaine, à Brétigny-sur-Orge, le prédicateur Tariq Ramadan et Edwy Plenel participaient à un dîner-débat à l'invitation d'une association pour l'insertion des jeunes de banlieue et d'un tour operator spécialisé dans les pèlerinages à la Mecque. Les deux intervenants ont déroulé leur partition. Tariq Ramadan se lançant dans un long prêche communautaire en vue de conseiller l'audience sur le comportement à adopter compte tenu de l'actualité, Edwy Plenel en défenseur de la liberté d'expression laissera échapper des propos plus ambigus qu'il n'y paraît...
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Dans son dernier roman, Michel Houellebecq met furtivement en scène l’islamologue suisse Tariq Ramadan, adepte d’une « charia novatrice voire révolutionnaire » en course pour la présidentielle. Malheureusement pour lui, Tariq Ramadan verra ses ambitions politiques plombées par ce que l’auteur appelle « ses accointances trotskistes ». C’est finalement son rival, alliée à l'ensemble de la classe politique contre Marine Le Pen, qui accédera au poste suprême dans la fiction « houellebecquienne ».
Et si le rapprochement entre l’islamiste « moderne » et les trotskistes avait finalement eu lieu samedi dernier à Brétigny-sur-Orge ? En pleine tournée promotionnelle pour son dernier livre Pour les musulmans, Edwy Plenel débattait en effet avec Tariq Ramadan qui publie lui De l'islam et des musulmans. Une conférence-débat organisée par une association pour l'insertion des jeunes de banlieue et... France Manassik, un tour operator spécialisé dans les pèlerinages à La Mecque.
Perçu par certains comme le « gendre idéal de l’islam », Tariq Ramadan cultive depuis longtemps un dicours ambigu sur l’islam fondamentaliste, une dénonciation du bout des lèvres qui vise toujours un autre responsable. Faut-il rappeler sa réaction face à l'enlèvement des jeunes filles au Nigéria par les terroristes de Boko Haram ? Il le condamnera… pour mieux pointer la responsabilité de l’Occident coupable de ne réagir qu’« à des exactions de cette nature sur le plan émotif » encourageant les terroristes à agir de la sorte. Une dialectique largement en vogue dans les milieux de la sociologie d’extrême gauche qui nous explique encore aujourd’hui très sérieusement que le terrorisme islamiste n’est que la conséquence du racisme des Occidentaux. Tariq Ramadan refusera également de condamner la lapidation en Arabie saoudite se limitant à proposer « un moratoire », pendant lequel il faudrait arrêter de« jeter la pierre à la femme adultère »

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