Le jour du lancement de Google+, Facebook était en état d’urgence Réseaux sociaux| « Facebook ne rigolait pas. C’était la guerre totale ». Aujourd’hui, Google+ est considéré comme une « ville fantôme », un réseau social sur lequel des centaines de millions de personnes se sont inscrites parce qu’on les a autrefois forcé la main, mais qu’elles n’utilisent presque pas. Cependant, lorsqu’il a été lancé par la firme de Mountain View, Mark Zuckerberg a pris la menace de cette nouvelle concurrence très au sérieux (peut-être même de manière exagérée). Il y a quelques jours, le magazine Vanity Fair a publié un extrait du livre d’Antonio Garcia Martinez, ancien employé de Facebook, qui raconte ses jours au sein de la compagnie de Mark Zuckerberg. L’extrait publié dans Vanity Fair évoque la réaction de Facebook le jour du lancement de Google+

« Facebook ne rigolait pas. C’était la guerre totale »
Antonio Garcia Martinez raconte plus loin que des employés de Facebook ont même diffusé en interne un poster avec la phrase ‘Carthago delenda est’ (avec un logo de casque de centurion et une police de caractère rappelant les messages de propagande de Seconde Guerre Mondiale) pour motiver les troupes de Mark Zuckerberg.
Alors que des centaines de millions d’internautes étaient probablement en train de comparer Facebook et Google+, le Lockdown du numéro un des réseaux sociaux suggérait que tout le monde devait travailler 7 jours sur 7 et même le soir pour contrer le nouveau concurrent lancé par la firme de Mountain View.
Des employés revoyaient le code de Facebook pour l’améliorer, d’autres, comme le rapporte Antonio Garcia Martinez,« disséquaient »Google+. Quant à l’auteur, qui travaillait dans le département publicités, il était surtout présent par solidarité. Ce sont les familles qui venaient au QG de Facebook pour rendre visite à ses employés.
En tout cas, alors que Facebook tournait à plein régime, l’auteur raconte qu’il a fait un tour pour voir les bureaux de Google. Et selon lui, ils étaient vides.« Il était clair que l’une des deux compagnies était prête à se battre jusqu’à la mort », écrit-il à ce propos. D’après l’agence Vanksen, Facebook reste le réseau social leader, même s’il est délaissé, notamment par les plus jeunes qui préfèrent des plateformes plus récentes, plus mobiles et où leurs parents ne sont pas présents. Au-delà des ados, l’agence précise que l’engagement sur Facebook a été divisé par trois en 2013.
De son côté, Google+ a connu un formidable essor et Oliviez Duffezindique dans un article que Google+ devrait être un élément indispensable à toute stratégie de référencement :« Google+ aura de très fortes répercussions sur le référencement naturel ». Quelle plateforme choisir pour son social media marketing 2014 ?
Facebook en baisse
La baisse de Facebook ne concerne pas que le nombre d’adolescents présents et l’engagement. C’est aussi le reachqui est touché. En effet, le quantité de contenu que chacun (membre ou page) veut faire ressortir dans les flux croit beaucoup plus vite que ce que les internautes peuvent absorber. Facebook se concentre donc d’une part sur ce qui génère le plus d’intérêt et d’autre part (et surtout) sur la diffusion payante. Ce n’est pas réellement une surprise puisque j’indiquais sur ce blog il y a près de 2 ans qu’il allait falloir payer pour être visible sur Facebook.
Deux visions antagonistes de Facebook
Le « problème » que Facebook rencontre actuellement vient d’une différence de fond entre la vision du fondateur et ce qu’en veulent les utilisateurs. Chacun veut sa version de Facebook, et ces deux visions sont aux antipodes l’une de l’autre. Mark Zuckerberg veut que Facebook soit le meilleur journal au monde. Il veut faire des flux d’actualité une expérience haut de gamme, de grande qualité avec des photos et des histoires. Plutôt que des partages de photos de soirées arrosées, il veut faire de Facebook un journal digital stylisé d’articles de 1 500 mots que chacun consulte tous les jours. De leur côté, les membres de la plateforme veulent une version plus tabloïd avec des histoires plus décalées, des chats, des chiens, des bébés, de la nourriture, des selfieset du LOL. A priori les articles stylisés et bien écrits ne se partagent pas autant que les vidéos et les photos virales[1]. Or, plus de viralité, c’est plus d’engagement, donc plus d’utilisateurs satisfaits. Ces divergences expliquent probablement les changements fréquents dans l’algorithme de Facebook. Pour nous aider à comprendre la réaction de Mark Zuckerberg lors du lancement de Google+, l’auteur explique qu’à l’époque, Facebook n’avait pas encore atteint le milliard d’utilisateurs. Par ailleurs, Google avait un produit sur certains points meilleurs que Facebook, il a avait décidé de lier Google+ aux autres services de son empire (dont Google Search et Gmail) et enfin, le nouveau réseau social ne contenait pas de publicités.
Facebook pensait donc que Google+ pourrait rapidement le dépasser. Et afin de gagner ce qu’Antonio Garcia Martinez décrit comme une« guerre totale », Mark Zuckerberg a décrété ce que les employés de Facebook appellent« Lockdown ».
« Nous avons reçu un e-mail à 13h45 le jour du lancement de Google+. Dans celui-ci, on nous a demandé de nous regrouper dans l’Aquarium, un cube avec des murs de verre où se trouvait le trône de Mark Zuckerberg », lit-on.
Devant ses ingénieurs, Mark Zuckerberg aurait par la suite déclaré ceci :« Vous savez, l’un de mes orateurs Romains préférés terminait tous ses discours avec la phrase ‘Carthago delenda est’ ou ‘Carthage doit être détruit’. Pour quelques raisons, je pense à ça maintenant ».
‘Carthago delenda est’était la phrase du sénateur romain Cato. Dans l’antiquité, ce dernier voulait que Rome détruise Carthage, un concurrent de l’Empire qui se trouvait dans l’actuelle Tunisie en Afrique.

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