Les Etats-Unis et la Chine ont lancé lundi à Pékin leur Dialogue stratégique et économique annuel, sous les auspices du président chinois Xi Jinping, une réunion sous haute tension cette année en raison des contentieux en mer de Chine méridionale. "Les Etats-Unis et la Chine doivent renforcer leur confiance réciproque", a déclaré le président Xi en inaugurant deux jours de discussions entre les deux premières puissances mondiales. Il a aussitôt planté le décor des négociations en estimant que "la vaste (région) du Pacifique devait être une scène de coopération et non pas une zone de compétition".

Les Etats-Unis de l'administration de Barack Obama ont fait de l'Asie-Pacifique la priorité de leur politique étrangère, conformément au désormais fameux "pivot" ou "rééquilibrage" de l'Amérique vers cette région où la Chine est de plus en plus influente.
Sujet sensible: les tensions en mer de Chine
Mer de Chine méridionale, Corée du Nord, Taïwan, changement climatique, cyber-sécurité, terrorisme, niveau du yuan, échanges commerciaux et coopération économique: la liste des sujets de discussions lundi et mardi est loin d'être exhaustive entre, côté américain, le secrétaire d'Etat John Kerry et le secrétaire au Trésor Jacob Lew, et côté chinois, le vice-Premier ministre Wang Yang et le conseiller d'Etat Yang Jiechi, qui a la main sur la politique étrangère.
Cette année, la 8e édition du "Dialogue stratégique et économique Etats-Unis/Chine" risque d'être dominée par les tensions en mer de Chine méridionale entre Pékin et ses voisins d'Asie du sud-est.
Les Etats-Unis et la Chine se sont accusés dimanche de "provocations" sur ce dossier qui ne cesse d'empoisonner les relations internationales dans la région. La Chine a dénoncé dimanche les "provocations" américaines dans ses contentieux territoriaux en mer de Chine méridionale, et averti qu'elle n'avait pas peur des "problèmes" dans cette zone.
"Les pays extérieurs devraient jouer un rôle constructif sur ce sujet, pas l'inverse. La question de la mer de Chine méridionale s'envenime à cause des provocations de certains pays qui poursuivent leurs intérêts égoïstes", a déclaré l'amiral Sun Jianguo lors d'un sommet sur la sécurité à Singapour. La Chine revendique la quasi totalité de la mer de Chine méridionale, où elle mène d'importantes opérations de remblaiement, au grand dam de voisins comme le Vietnam, les Philippines, Brunei et la Malaisie. Mais elle se heurte notamment aux Etats-Unis qui ont répété maintes fois que la liberté de navigation devait prévaloir dans ces eaux stratégiques, où passent le de transport de fret et d'hydrocarbures. Washington estime que les querelles de souveraineté doivent être réglées par la diplomatie, non par la politique du fait accompli menée par la Chine, et a envoyé ces derniers mois des navires de guerre croiser à proximité d'îles contrôlées par Pékin. Le nouveau ministre taïwanais de la Défense a assuré lundi que l'île ne reconnaîtrait pas une zone de défense aérienne que pourrait proclamer Pékin sur la mer de Chine méridionale.
Les autorités américaines disent craindre que l'avis de la Cour permanente d'arbitrage attendu dans les semaines à venir sur un dossier déposé par les Philippines contre Pékin à propos la mer de Chine méridionale ne conduise les Chinois à annoncer une "zone d'identification aérienne" comme ils l'ont fait en 2013 concernant la mer de Chine orientale.
Pékin revendique la majeure partie de la mer de Chine méridionale, par laquelle transite une partie non négligeable du commerce international. Les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Taïwan et le sultanat de Bruneï ont également des revendications, qui se chevauchent, sur cette mer-là.
"Nous ne reconnaîtrons pas une zone d'identification aérienne chinoise", a dit le ministre de la Défense taïwanais, Feng Shih-kuan, devant les élus du parlement.
Ses propos interviennent après l'investiture en mai du gouvernement de la nouvelle présidente, Tsai Ing-wen, membre du Parti démocrate progressiste (PDP, ou Minjindang). La victoire de Tsai dans les urnes a mis fin à huit années de politique d'amitié menée par le parti nationaliste Kuomintang vis-à-vis de la Chine continentale. (J.R. Wu; Eric Faye pour le service français). Les nouveaux navires chinois des gardes-côtes, en mer de Chine méridionale, sont plus puissants que la majorité de leurs analogues. Leur mission comprend l'application de la loi, la recherche et le sauvetage.
Le CCG3210, un navire particulièrement combatif, connu sous le nom d'Yuzheng 310 a déjà influencé la politique en mer de Chine méridionale. Le navire est doté de mitrailleuses, de canons légers et de matériels innovants pour les communications.
"Construit en 2010, le CCG3210 a escorté une flottille de pêche et a fixé la marine philippine lors d'une dispute sur les droits territoriaux. Mais c'était juste le début", rapporte The National Interest.
En mars 2013, le bateau de patrouille indonésien Hiu Macan 001 a arraisonné un bateau de pêche chinois dans les eaux territoriales indonésiennes à environ 200 kilomètres au nord-ouest des îles Natuna.
Les îles faisant aussi partie du territoire indonésien, l'équipage du Hiu Macan 001 a arrêté les pêcheurs chinois et s'est dirigé vers son port d'attache avec eux à bord. Quelques heures après, un CCG3210 chinois est apparu. Il s'est signalé au Hiu Macan 001 et a exigé de libérer les pêcheurs. Au même moment le capitaine du Hiu Macan 001 a découvert que son équipement de communications par satellite avait cessé de fonctionner comme s'il avait été bloqué par le navire chinois.

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