Sanctions ciblées contre la RDC et ses dirigeants : la Monusco a démenti les rumeurs de la voix

Il est reproché aux trente-huit personnalités congolaises visées, qui se recrutent essentiellement dans le pré-carré présidentiel, de cautionner la violence perpétrée contre les citoyens et toute velléité d’intimidation vis-à-vis de l'opposition. Les mesures punitives envisagées devraient se traduire par le refus d’octroi de visas, le gel des avoirs et, éventuellement, des poursuites judiciaires devant les juridictions internationales.
Citée dans cette affaire comme la source ayant transmis à Washington les noms des dirigeants et hauts fonctionnaires congolais responsables des actes d’intimidation, de harcèlement et de détention des membres de l‘opposition et des leaders de la société civile, la Monusco est montée au créneau pour apporter un démenti sanglant à cette allégation. « La Monusco a un mandat clair qui ne fait aucunement mention de transmission des noms à une quelconque institution pour des sanctions », a laissé entendre son directeur de l’Information publique cité par radio Okapi. Ce dernier regrette qu’une certaine presse ait relayé cette information sans croiser des sources. Bien plus, l’organe à la base de ce qui est qualifié de mensonge par l’organe onusien aurait confirmé que la liste serait partie de la Monusco qui l’aurait confectionnée.
Entre-temps, les États-Unis d’Amérique continuent à faire pression sur Kinshasa qui visiblement ne semble pas s’en émouvoir. Le gouvernement avait, du reste, dénoncé dernièrement cette tendance à l’ingérence dans les affaires intérieures de la RDC de la part des partenaires extérieurs. Là-dessus, le chef de la diplomatie congolaise avait, par le biais d’un communiqué, fustigé la politique de chantage à peine voilé à laquelle se livraient certains partenaires de la RDC. Quarante huit- heures après, le ministre de la justice a convoqué l’ensemble du corps diplomatique accrédité au pays pour lui éclairer sa lanterne par rapport aux faits reprochés au gouvernement dont le harcèlement présumé des opposants. La crise politique et la forte répression sur les opposants au président Joseph Kabila inquiètent les principaux bailleurs internationaux de la RDC qui envisagent de sanctionner certains hauts responsables… mais sous condition. Des sanctions internationales peuvent-elles faire plier les autorités congolaises enfermées dans une impasse électorale profonde et le harcèlement des opposants politiques ? Alors que la République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce dans l’instabilité et le risque d’embrasement, la communauté internationale se mobilise pour accentuer sa pression sur Kinshasa. Les bailleurs du Congo s’inquiètent du probable report de l’élection présidentielle de novembre 2016 qui permettrait au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat. La Cour constitutionnelle a déjà validé ce scénario en autorisant le chef de l’Etat à rester à son poste jusqu’à la tenue du scrutin. La communauté internationale commence donc à agiter le chiffon rouge des sanctions ciblées.
« Redémarrer le processus électoral au plus vite »
Dans l’impasse politique, les autorités congolaises ont intensifié la répression sur les opposants : arrestations arbitraires, harcèlements, intimidations… Un « rétrécissement de l’espace démocratique » qui préoccupe vivement Washington, Londres, Paris, l’Union européenne (UE) et les Nations unies. Et une fois n’est pas coutume, tout le monde semble sur la même longueur d’onde. L’UE « appelle les autorités congolaises à redémarrer au plus vite le processus électoral en franchissant des étapes concrètes » et dénonce la répression qui « entrave les débat politique en RDC ». Londres et Washington mettent également l’accent sur la répression et notamment sur celle qui s’abat sur Moïse Katumbi.
« Ils devront en assumer les conséquences »
Mais pour la première fois, la communauté internationale évoque des sanctions ciblées à l’encontre de hauts responsables congolais. Charles Bambara, Directeur de l’Information publique de la Monusco
L’instance onusienne a démenti avoir été mise à contribution pour confectionner la liste de trente-huit personnalités congolaises qui seraient visées par des sanctions au niveau du Sénat américain. L’affaire des sanctions ciblées que se préparent à prendre les États-Unis d’Amérique sur certaines personnalités congolaises accusées, à tort ou à raison, d’entretenir le climat politique malsain, qui prévaut au pays sur fond de restriction de l’espace politique et de répression des manifestations pacifiques, est à prendre au sérieux. Washington, qui entend aller jusqu’au bout dans ce dossier, insisterait, d’après des sources, pour que les personnalités congolaises incriminées soient réellement sanctionnées. La résolution y afférente introduite le 27 mai au Sénat américain par les sénateurs Richard Durbin, Edward Markey et Christopher Murphy serait en étude, apprend-on.

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