La communauté Nande Yira présent, dans sa base dela province du Nord-Kivu vers l' Est dela République Démocratique du Congo, dit adieu à son «père» l'abbé Malu Malu.

La dépouille mortelle de l’Abbé Apollinaire Malumalu est finalement retournée aux siens, en quelque sorte comme le corps meurtri de Jésus descendu de la Croix et déposé sur le genou de sa sainte mère, après tous les outrages subis des mains des malfaiteurs. Oui, Malumalu, désormais muet, atterrit à Mavivi, en territoire de Beni, juste quelques heures après les massacres de plusieurs innocents de ce samedi dont la psychose caractérise encore la population de cette contrée. Ceci serait-il une simple coïncidence ou un pur sabotage masqué ?
D’aucuns n’ignorent les conditions non élucidées de l’empoisonnement qui a conduit ces jours à la mort de ce héros et monument de la démocratie de la RDC. Mais ce pays semble être mal habitué à tourner l’histoire de ses héros en ironie, oubliant que ce genre d’humiliation non avouée porte chaque fois un coup de blessure dans le peuple qui en est témoin et qui, au moment opportun, réclamera un compte à rendre pour chacun des cas ayant été enregistrés.
En effet, aujourd’hui les autorités de Kinshasa ont acharnement réclamer que le corps inanimé de l’Abbé Malumalu transit par la capitale avant d’aller reposer dans le sépulcre de ses pères, uniquement pour l’habiller de l’honneur du « Grand Officier » de l’ordre national à titre posthume. Hélas ! Il l’a certes mérité. Mais qu’à cela ne tienne ! Le souvenir de la trahison de nos célèbres héros antérieurs est encore trop présent dans l’esprit pour que les dirigeants de la RDC estiment que le peuple congolais est si naïf qu’il peut être dupé n’importe comment. Et nul ne permettra que le pouvoir instrumentalise les derniers hommages dû au « père de la CENI » pour couvrir sa responsabilité dans la tragédie qui endeuille ces jours l’espace de Beni-Lubero.
Malumalu est, certes, parti. Mais il a laissé derrière lui des œuvres qui feront parler de lui aussi longtemps qu’il y aura besoin de lire ou de relire l’histoire de la République Démocratique du Congo. Point ne serait bien sûr besoin de trop spéculer sur les circonstances et les raisons de son « empoisonnement » (que ses médecins ont bien confirmé), mais une chose est très sûre : il aura ainsi payé le prix de son sens du civisme, du patriotisme et surtout du nationalisme. C’est le meilleur prix que les prédateurs au pouvoir aiment réserver aux héros dans notre pays. Lumumba l’a eu à son temps. Laurent-Désiré KABILA lui a emboité les pas. Et dans l’histoire de Beni-Lubero, le colonel Mamadou et le général BAHUMA l’ont mérité au même titre que le général MBUZAMABE l’eut à son compte pour ses exploits à Bukavu et tant d’autres compatriotesengloutis dans l’anonymat. Les deux premiers ont été élevé au titre de « héros » national au plus haut degré c’est-à-dire « grand cordon Kabila – Lumumba » de l’ordre national à titre posthume ; le général BAHUMAa été honoré comme héros national et élevé au grade du Lieutenant général à titre posthume ; ce genre d’élévation à titre posthume a été observé à la mort de général MBUZA MABEet après l’assassinat du colonel MAMADOU Ndala.
On en a trop avec ce genre d’ironie ! Ce théâtre a déjà tellement consterné les cœurs des congolais que l’hypothèse de la responsabilité de l’Etat dans la mort de ces héros se transformera progressivement en une affirmation, si les autorités congolais ne dissipent pas cette suspicion en organisant des enquêtes transparentes. Beaucoup d’émotion à Beni, où le cercueil de l’abbé Malu Malu est arrivé à la mi-journée ce dimanche 17 juillet avec toute une délégation, l’évêque de Butembo, le président de la Céni, le gouverneur du Nord-Kivu. Juste pour le temps d’une messe, avant son enterrement ce lundi 18 juillet à Butembo. L’ancien président de la commission électorale est un fils du pays, issu de la communauté Nande. La tristesse se lisait sur tous les visages. Reportage.
Dans la plus vieille paroisse de Butembo-Beni, l’Eglise Saint-Gustave des habitants, assis ou debout, se tiennent le visage fermé. « Il était notre papa, notre prêtre. Sa mort nous touche beaucoup. Il faisait de bonnes choses, il représentait bien notre communauté nandé », confie une femme à RFI. « On est très ému, on ne sait plus quoi dire. Mais on s'incline devant la volonté de Dieu. C'est tout », dit un homme présent à la cérémonie.
La tristesse se lit sur tous les visages, y compris sur celui du gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku : « C'est un sentiment de douleur, parce que l'abbé Malu Malu, c'était un maître, c'était un père, c'était un formateur. Et vous ressentez l'émotion qui se lit sur tous les visages ici à Beni. »
Le gouverneur rappelle que l'abbé était « le géniteur du processus électoral, parce qu'il a conduit une grande machine que la République a connue. Personne ne croyait aux élections dans un pays-continent. Et c'est grâce à ses capacités intellectuelles et managériales qu'il a sû mener à bien ce processus. Donc, nous sommes en train d'enterrer un de nos grands qui ont marqué l'histoire de ce pays après les années de l'indépendance. »

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