Dans l'avant midi du mercredi 24 août 2016, deux femmes soupçonnées d'être des Hutues rwandaises ont été lynchées sauvagement à Butembo un ville commerciale situé àl'Est dela République Démocratique du Congo, !

"Je condamne la mort de ces deux personnes lynchées puis brûlées par la foule", a déclaré à l'AFP Sikuli Uvasaka Makala, maire de la ville de Butembo dans la province du Nord-Kivu (est).
"Ces gens ont été tués parce qu'ils tentaient de rejoindre les égorgeurs de Beni", a expliqué à l'AFP un jeune manifestant, sous couvert d'anonymat. Un autre a affirmé qu'ils venaient de Lubero, plus au sud, et "transitent par Butembo pour Beni où ils tuent à la machette".
Selon des témoins, une forte tension a régné toute la journée à Butembo où des jeunes avaient barricadé les principales artères de la ville, procédant à des contrôles sur tous les véhicules en provenance des territoires du sud réputés zones d'action des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
"L'armée est venue en renfort pour rétablir l'ordre", a déclaré à l'AFP le général Marcel Mbangu qui était à la tête d'un contingent d'une centaine de militaires venus de Beni et qui avaient procédé à des tirs de sommation pour disperser les manifestants.
Les deux personnes tuées "ne sont même pas rwandophones: l'une est originaire de l'Ituri [nord-est], l'autre est de Bukavu", capitale de la province voisine du Sud-Kivu, a ajouté le général Mbangu.
"Huit meneurs" ont été arrêtés, selon un autre officier.
La ville de Butembo est située à une cinquantaine de kilomètres du territoire de Beni, théâtre depuis octobre 2014 d'une série de massacres ayant causé la mort de plus de 700 personnes, selon l'ONU. Ces massacres sont majoritairement imputés aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF).
"Vous tuez des innocents", a lancé le maire, M. Sikuli, aux manifestants, les invitant "à bannir la justice populaire", estimant que cela portait préjudice à la communauté nande.
Dans cette région, des affrontements entre communautés nande et hutu sont fréquents.
Les Nande accusent les Hutu congolais d'être complices des FDLR pour les chasser de leur territoire. Les Hutu congolais, qui ne nient pas être à la recherche de nouvelles terres agricoles, accusent les Nande de violer leur droit constitutionnel à s'installer où ils le veulent.
Opposés au pouvoir de Kigali, les FDLR, disséminés essentiellement au Nord et au Sud-Kivu, n'ont pas mené d'action militaire d'envergure au Rwanda depuis 2001, mais sont régulièrement accusés de commettre des atrocités contre les civils dans les zones sous leur contrôle.
L'est de la RDC est déchiré depuis plus de 20 ans par des conflits armés alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières et des rivalités entre puissances régionales. Un peu plus de 10 jours après le massacre de Beni qui a fait une cinquantaine de morts, les craintes sécuritaires tournent à la psychose à Butembo, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Beni. La population insatisfaite de la capacité des autorités à les protéger d'éventuels massacres se rend justice elle-même. Mercredi 24 août, deux femmes ont ainsi été brûlées vives, soupçonnées d'être venues créer l'insécurité.
Ce devait être un checkpoint improvisé, ce fut un guet-apens sanguinaire. Deux véhicules transportant des voyageurs sont arrêtés à l'entrée de la ville. Des membres d’un groupe d'auto-défense contrôlent les identités. Une opération pour vérifier si les passagers parlent bien les langues de la région : le swahili ou le nande.
Deux femmes ont le malheur de ne pas maitriser ces deux langues. Très vite, on les soupçonne d'être des Hutues rwandaises. Des étrangères donc. Le contrôle dégénère. Les deux femmes sont lynchées, puis brûlées sans que la police n'ait le temps d'intervenir.
Comment expliquer cette éruption de violence ? Dans l’opinion, une rumeur est largement répandue : celle que des Hutus rwandais prêteraient main forte aux rebelles ADF Nalu. Résultat, la crainte d’être attaqués par des rebelles a créé une vraie paranoïa et des réflexes xénophobes.
Suite à Béni du procès de rebelles présumés des ADF : Ils sont accusés d'être responsables de l'insécurité et des massacres de civils dans cette région du Nord-Kivu.
Plus de 150 présumés rebelles de différentes nationalités seront entendus par les juges de la Cour militaire qui siègent en chambre foraine dans un procès public à Béni depuis le samedi 20 août.
C’est un procès attendu depuis longtemps dans la région de Béni. Jonathan Piema, avocat de la partie civile, a en sa possession une centaine des dossiers de victimes qui attendent réparation.
La société civile demande également la comparution de tous les éléments de l’armée congolaise suspectés, mais aussi de Djamil Mukulu, chef des ADF actuellement en prison en Ouganda.
Pour le millier de personnes venues assister aux audiences, les attentes et opinions divergent concernant ce procès.
Les avocats qui assistent les prévenus se sentent incompris par la population de Béni.
Maître David BWAMBALE dit, défendre ces ADF au nom de son métier et de la constitution en vigueur en Rdc.

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