En République Démocratique du Congo, ouverture des travaux préparatoires au dialogue en l’absence d’une partie de l’opposition. Les travaux préparatoires au dialogue national ne s’ouvrent pas sous les meilleurs hospices pour le facilitateur de l’Union africaine Edem Kodjo. Une partie de l’opposition a en effet annoncé qu’elle boycotterait l’ouverture, ce mardi 23 août, des négociations censées préparer le dialogue entre la majorité et l’opposition avant l’élection présidentielle congolaise.

Le « Rassemblement » de l’opposition a récusé le facilitateur de l’Union africaine, Edem Kodjo, qui venait pourtant d’annoncer le début des travaux du comité préparatoire du dialogue, pour le 30 juillet. Cette récusation a été l’objet d’un communiqué signé du président de l’UDPS Étienne Tshisekedi. Celui-ci « déplore la précipitation avec laquelle Edem Kodjo a lancé, unilatéralement, la préparation pour les travaux préparatoires du dialogue ».
Il parle d’une « machination » et d’un « mépris total à l’égard du peuple congolais ». Le « Rassemblement » dénonce également une promesse non-tenue, celle de « la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et d’opinion ».
Une « diversion »
Dans son communiqué, publié le samedi, Edem Kodjo, faisait le bilan de la deuxième réunion de dialogue. Il a notamment appelé les politiques congolais à travailler avec lui de « façon constructive ». Aubine Minaku, secrétaire général de la majorité présidentielle, cité parRFI, « renouvelle » son « soutien » à Edem Kodjo et parle d’une « diversion » du « Rassemblement ».
La tenue d’élections
Dans son communiqué, l’opposition demande à l’Union africaine de tirer « toutes les conséquences qui découlent de cette situation afin de sauver le processus de mise en oeuvre de la résolution 2277 du Conseil de sécurité » de l’ONU. Adoptée le 30 mars 2016, cette résolution proroge jusqu’au 31 mars 2017 le mandat de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et insiste sur la tenue des élections et du dialogue politique.
La défiance envers Edem Kodjo existe depuis sa nomination, d’aucuns le jugeant trop proche de Joseph Kabila et de la majorité présidentielle. Les deux principales formations de l’opposition ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles ne s’assoiraient pas à la table des négociations. Le « Rassemblement » considère la décision du facilitateur « comme une provocation (…) », affirmait ainsi samedi la coalition de l’opposition dans un communiqué, appelant également à « une journée morte » ce mardi 23 août.
Fracture de l’opposition
Parmi eux, Moïse Katumbi et Étienne Tshisekedi de l’UDPS. Ce dernier avait déjà rejeté le dialogue, y voyant une manœuvre visant à valider un report de l’élection présidentielle théoriquement prévue pour fin 2016. Le Mouvement de libération du Congo (MLC), deuxième force à l’Assemblée nationale, a également exclu toute participation aux négociations.
En revanche, le parti de Vital Kamerhe, l’Union pour la nation congolaise (UNC), devrait participer aux travaux d’ouverture, concrétisant ainsi les fractures de l’opposition sur la posture à adopter face au dialogue. Selon les confidences de l’un de ses prochesàJeune Afrique, l’ancien président de l’Assemblée nationale ne voit plus d’inconvénient à ce que l’ancien Premier ministre togolais conduise ces pourparlers. Edem Kodjo très contesté
Ce boycott d’une partie de l’opposition signe un nouveau revers pour Edem Kodjo. Fin juillet, le facilitateur de l’Union africaine, chargé d’établir les discussions, avait déjà vivement été récusé par le « Rassemblement ».
La défiance à son égard existe depuis sa nomination : alors que la plupart le juge trop proche de Joseph Kabila et de la majorité présidentielle, de nombreux autres l’estiment inefficace à décrisper le climat politique, l’une de ses missions premières. Jeune Afrique : Vous avez rencontré Joseph Kabilaà plusieurs reprises. Vous donne-t-il l’impression de tout mettre en œuvre pour organiser la présidentielle dans les temps ?
Edem Kodjo : Le gouvernement fournit à la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] des moyens pour essayer de résoudre les problèmes. Cela étant, une éq
uipe des Nations unies récemment envoyée à Kinshasa a estimé qu’il faudra au moins dix mois pour organiser l’élection. On ne peut donc plus tenir l’échéance initiale de novembre. La négociation devient une obligation. Selon la Cour constitutionnelle, le président pourra rester à la tête de l’État au-delà de cette limite.Que reste-t-il à négocier ?
C’est le raisonnement inverse qu’il faut tenir. La Cour a estimé qu’il resterait en poste « jusqu’à ce qu’un nouveau président soit élu ». Il faut désormais qu’un nouveau président soit élu le plus rapidement possible. Il faut mettre le paquet pour résoudre les problèmes, et la classe politique congolaise devrait s’y atteler tout de suite. Rester en dehors ou hésiter ne réglera rien.
Justement, dans quel état d’esprit se trouvent les opposants, et en particulier Étienne Tshisekedi, dont la position n’a pas toujours été très claire ?
Je suis moi-même souvent perdu. J’ai rendu deux visites à M. Tshisekedi à Bruxelles ; la dernière fois, c’était le 5 mai. Je lui ai rappelé que son parti devait nous remettre la liste des représentants qui assisteront au comité préparatoire du dialogue. L’UDPS a souhaité avoir son mot à dire et se prononcer sur la participation des autres partis d’opposition.

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