ENQUETE SUR LES TERROTISTES DE BENI : LES PREMIERES RÉVÉLATIONS Un premier coin de voile vient de se lever sur les auteurs des dernières tueries qui viennent d’endeuiller Beni. Le Porte-parole du Gouvernement en a fait part au cours d’une conférence de presse qu’il a animée ce jour. Des premiers éléments récoltés sur terrain, il est établi qu’il s’agit bel et bien d’un groupe terroriste parti du noyau des rebelles ougandais des ADF-NALU qui se sont radicalisés au contact des Shebabs islamistes somaliens pour devenir un groupe terroriste international sous le commandement de Jamil Mukul arrêté en Tanzanie puis transféré en Ouganda. Le premier groupe de 80 miliciens présumés ADF est ainsi composé des Somaliens, des Tanzaniens, des Kenyans, des Rwandais, des Ethiopiens et aussi des Congolais de la RDC. « C’est à l’instigation de ces derniers que les bandes des miliciens ADF mises en déroute par les offensives des FARDC se sont converties à l’asymétrie : - asymétrie au plan des moyens d’attaque par le recours à des moyens banals comme des machettes, des haches ou des gourdins disponibles en tous lieux et ne pouvant pas, à priori, susciter la suspicion des forces de défense et de sécurité dans cette zone agricole ; - asymétrie aux plans tactique et stratégique, et du choix des cibles par la renonciation à affronter les FARDC pour s’attaquer à des paisibles populations dans des hameaux isolés sélectionnés en fonction de leur éloignement par rapport aux casernes des forces de défense et de sécurité ou en déplacement à destination ou au retour des fermes et des champs dans l’espoir de briser la solidarité entre les technostructures de l’Etat et les dites populations qui pourrait accélérer leur neutralisation définitive ». Et d’ajouter : « À Butembo, un imam a été pris en flagrant délit de recrutement de jeunes pour le groupe terroriste et a été arrêté ». L’occasion était également indiquée à Lambert Mende pour réitérer l’appel du Gouvernement à la solidarité internationale,ce qui n’est pas un point de faiblesse, mais un droit légitime dans un monde globalisant, surtout en raison de l’appartenance de la RDC aux organisations internationalespar lesquelles passent justement cette solidarité qui est un devoir pour les autres Etats membres. Occasion également indiquée pour fustiger et dénoncer cette sorte de délectation politicienne exprimée par une certaine catégorie de Congolais qui se servent des malheurs des compatriotes tout aussi congolais comme fonds de commerce en vue d’assouvir leurs ambitions politiques, alors que le pays fait ici face à une crise qui nécessite une mobilisation des congolais dans un élan de patriotisme et de solidarité sans faille. Ci-dessous, l’intégralité de la présentation du Ministre Mende. POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS DU 18 AOUT 2016 Mesdames et Messieurs de la presse, Le peuple congolais choqué et meurtri par les massacres perpétrés dans la périphérie de la ville de Beni par un groupe de terroristes chassés de leurs repaires de Mwalika et Naduyi le samedi 13 août 2016 vient de lever le deuil national de trois jours décrété par le Gouvernement de la République sur instruction de Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat. Le Gouvernement tient à réitérer ses condoléances attristées aux familles et aux proches des victimes et à l’ensemble de la population du territoire de Beni, un territoire qui souffre le martyre depuis de trop longues années du fait de ces bandes criminelles venues de l’étranger. Le Gouvernement rend hommage à la solidarité exprimée par les différentes couches de la population congolaise dans toutes nos provinces et se félicite de la compassion et de la dignité de la majorité des hommes et des femmes de ce pays dans cette épreuve, une de plus, une de trop pour le grand Nord Est de la RDC qui n’a que trop souffert de la cruauté des hordes barbares sans foi ni lois depuis le milieu des années ‘90. Il tient à réaffirmer, aujourd’hui plus que jamais, sa ferme détermination à faire monter en puissance nos forces de défense et de sécurité pour éradiquer de manière définitive les groupes terroristes auteurs de tels actes d’une barbarie qu'aucune cause ne peut justifier. C’est dans cette optique que le Premier Ministre a effectué une visite mardi à Beni à l’issue d’une importante réunion du Conseil supérieur de la Défense convoqué à Goma par Monsieur le Président de la République. Le but de cette visite était certes de marquer la solidarité de l’ensemble du pays à l’égard des victimes de l’activisme des terroristes dans la région, mais il s’agissait surtout d’inspecter le dispositif mis en place au regard du nouveau modus operandi des criminels qui, d’actions de type conventionnel que nos vaillantes Forces de défense et de sécurité ont sérieusement mis à mal, sont passés à des formes dites asymétriques d’agression qui nécessitent une réponse d’un autre type susceptible de sécuriser coûte que coûte cette partie du territoire national.

Face à cette situation, l’exploitation des documents saisis dans les trois places fortes de ce groupe criminel Meidna, Malwika et Naduyi, capturés et détruites par nos FARDC ainsi que les interrogatoiresdes éléments capturés n’est pas encore terminée. Elle a permis d’ores et déjà à nos services de retracer de la manière suivante son évolution historique.
D’une opposition armée traditionnelle au régime ougandais du Président Museveni expatriée en République du Zaïre qu’ils étaient en 1995, c’est-à-dire deux ans avant l’anéantissement de la deuxième République du défunt président Mobutu (1997), l’ADF-NALU s’est substantiellement transformée et est devenue à ce jour une véritable organisation internationale terroriste à caractère islamiste radical. Ce constat se dégage de la composition multinationale de ses unités combattantes ont été trouvés non seulement des sujets ougandais des premiers jours, mais aussi des Somaliens, des Tanzaniens, des Kenyans, des Rwandais, des Ethiopiens et aussi des Congolais de RDC. C’est manifestement en pleine mission de recrutement en Tanzanie que Jamil Mukulu, le leader du mouvement a été arrêté en Tanzanie avant d’être extradé vers l’Ouganda, son pays d’origine où il va bientôt passer en jugement.
Le processus de radicalisation des éléments des recrus a, selon les renseignements recueillis, bénéficié de l’appui des Shebab somaliens. C’est à l’instigation de ces derniers que les bandes des miliciens ADF mises en déroute par les offensives des FARDC se sont converties à l’asymétrie :
- asymétrie au plan des moyens d’attaque par le recours à des moyens banals comme des machettes, des haches ou des gourdins disponibles en tous lieux et ne pouvant pas à priori susciter la suspicion des forces de défense et de sécurité dans cette zone agricole ;
- asymétrie aux plans tactique et stratégique et du choix des cibles par la renonciation à affronter les FARDC pour s’attaquer à des paisibles populations dans des hameaux isolés sélectionnés en fonction de leur éloignement par rapport aux casernes des forces de défense et de sécurité ou en déplacement à destination ou au retour des fermes et des champs dans l’espoir de briser la solidarité entre les technostructures de l’Etat et les dites populations qui pourrait accélérer leur neutralisation définitive.
À l’instar de tous les autres pays de la planète victimes du terrorisme international de groupes islamistes radicalisés, et ils sont fort nombreux, la République Démocratique du Congo, notre pays, est demandeur d’une solidarité internationale digne de ce nom. Une solidarité effective, non condescendante et susceptible d’accroitre ses propres capacités opérationnelles, ce qui n’est malheureusementpas le cas jusqu’à présent.
Il n’est pas juste que le gouvernement congolais et ses forces de défense et de sécurité soient à cet égard obligées pratiquement de se contorsionner littéralement pour disposer des moyens militaires de faire face à cette menace et ce, en dépit de l’appui de la Monusco qui est encore loin d’être à la hauteur d’un défi de cet ampleur. La levée de l’embargo sur les armes serait un signal fort qui marquerait la reconnaissance de la communauté internationale quant à la nécessité d’accorder à la RDC le même statut que les autres pays qui sont dans le collimateur de ce fléau.
Le Gouvernement apprécie à sa juste valeur la compassion exprimée par le Pape François qui a saisi l’opportunité de la solennité de l’Assomption pour dénoncer depuis le Vatican le silence de la communauté internationale face aux actes terroristes à répétition qui ne cessent de d’endeuiller le territoire de Beni. Cette consolation symbolique du Souverain Pontife nous va droit au cœur même si elle n’est pas, comme on peut s’en douter, de nature à fournir aux forces de défense et de sécurité de RDC les moyens idoines pour mener à bonne fin leurs tâches de sécurisation de l’ensemble du territoire national.
C’est le lieu pour le Gouvernement de la République de questionner certaines attitudes et habitudes adoptées par quelques uns de nos compatriotes face à ce véritable défi existentiel et qui frisent l'indécence. En effet, en plus de polémiques stériles, ces concitoyens semblent se délecter de cette tragédie qui assaille notre peuple au Kivu et tentent même d’en tirer une sorte de dividende politicienne. Pour eux, cette insécurité chronique du grand Nord n’est qu’une banale opportunité comme une autre pour régler des comptes partisans, intenter des procès sans fondement, stigmatiser et culpabiliser les institutions établies ainsi que les forces de défense et de sécurité de notre pays, faisant de la sorte le jeu d’un ennemi, le terrorisme, contre lequel le bon sens et l’humanité appellent à une union sacrée.
Face aux multiples meurtres de sang-froid d’innocents compatriotes à Beni, plutôt que d’appeler au sursaut patriotique et à la constitution d’un front républicain dans le cadre de la solidarité nationale comme cela se passe sous d'autres cieux en pareil cas.

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