La situation humanitaire demeure très préoccupante dans la commune rurale d’OICHA chef-lieu du territoire de Beni. Après plusieurs cas d’attaques attribuées aux rebelles ougandais de l’ADF, des dizaines de déplaces logent depuis un mois plusieurs salles de classe des écoles primaires Mwangaza et MASOSI en plein cœur de la cité. Ces compatriotes qui traversent des conditions difficiles, plaident pour la restauration de la paix et la sécurité dans leurs villages. Au au quartier PAKANZA dans la cellule des écoles, les écoles primaires MWANGAZA et MASOSI ont accueillies plus de 2 132 ménages (deux-cent trente deux». Ces personnes sont celles venues de la localité Bakilatenambo, KALEBYA, SAKOMI, et ailleurs au nord du territoire de Beni.

Dans la cour de ces deux écoles, on observe des foyers que les déplacés se sont fabriqués à l’extérieur pour cuire leurs aliments, des linges pour enfants et des matelas étalés sous le soleil à même le sol à côté de nombreux enfants jouant dans la cours. Ces personnes vulnérables occupent des salles de classe. Ils sont dépourvus de tous leurs biens et dorment à même le sol. De même, les salles de classe où ils sont logés ne sont pas entretenues. «Çane nous permet pas de passer des nuits paisibles parce qu’il fait très froid ici, nous n’avons même pas des couvertures, raconte sous l’anonymat un parent rencontré à l’école primaire Masosi.
Des fenêtres dépourvues de vitres sont voilées à l’aide des morceaux de sac à rafia.
Chaque jour, avant de dormir, les parents sont obligés d’évacuer le banc en vue de trouver un espace suffisant pour aliter les enfants. Un côté de la salle se transforme à dortoir, par contre l’autre sert d’entrepôt.
Ce sont des nattes ou encore des bâches placées par terre qui servent des lits où papa, maman, neuve, oncle, belles sœurs… sont mêlés, le tabou n’existant que de nom.
Par ailleurs, ces 2 132 ménages vivent sans aucune assistance. Les parents témoignent qu’ils sont confrontés à plusieurs difficultés pour nourrir leurs enfants. Ils affirment n’avoir reçu aucune visite de la part d’une autorité locale. Ils plaident pour le rétablissement de la paix et la sécurité dans leurs villages respectifs.
Retour sur les massacres de Beni ce dernier temps. Il ne s’agit pas de réveiller le chat qui dort ! Il est de notre devoir d’honorer la mémoire des innocents qui ont péri dans une des pires barbaries de l’humanité. Honorer la mémoire est tout à fait naturel. Cependant, ce geste est aussi un appel ardent pour la justice dans ce pays où l’humain subit la mort de la part des géants, car l’impunité, la corruption pèsent lourds sur la justice… La mémoire de plusieurs morts soulignée à partir de ces lignes infimes est un cri du cœur pour la justice tant attendue depuis plus de vingt ans de servitude. Plus de 8 millions de morts ! Le chiffre est accablant… Mais la justice n’est pas réclamée à cause de ces données statistiques alarmantes. Il serait intéressant d’écrire une page des noms de tous ces innocents des violences de tous genres commis au Congo. Ces morts ne sont pas un chiffre. Ils ont chacun et chacune un nom ! Pour le moment, ce travail de recension et de nomenclature dépasse nos compétences. Nous le soumettons aux chercheurs avertis. Indiquons en même temps que le « retour sur les massacres de grande envergure de Beni » ne sera pas exhaustif. Nous aurions aimé entrer dans les détails des faits : donner les noms, les dates, les images et les modes d’opérations… Ces genres de travail existent – bien que modestement – et nous en félicitons les initiateurs.
Ces paragraphes qui sont les nôtres plaident tout simplement pour la mémoire et la justice. Ils appellent inlassablement à Voir, à Juger et à Agir. Le dernier massacre remonte au 16 juillet 2016, à Vemba, non loin de Mavivi en territoire de Beni. Il y a donc un temps de répit car nous sommes le 29 juillet sans massacres.(Nous parlons ici de massacres à la machette. Car, le territoire de Beni demeure jour et nuit les lieux d’hostilités. Un affrontement a eu lieu en pleine ville entre les militairescongolais et ces milices. Maison brulée, biens pillés, des personnes tuées et quelques blessés, tel est le bilan provisoire que donnent les réseaux sociaux.) Le temps de répit dont il s’agit ici se réfère seulement aux égorgements systématiques des populations. C’est ce temps d’accalmie qui correspond aussi malheureusement au temps de discours démagogiques de certains dirigeants… Ces discours distraient et offrent des faux espoirs au peuple meurtri au risque d’oublier le sang des victimes qui réclame « justice ».
Depuis le 2 octobre 2014, Beni est devenu le symbole du chaos d’un gouvernement en péril. Des massacres, des viols, des enlèvements, des villages incendiés, des assassinats se succèdent au vu et au su de ceux qui sont censés sécuriser les citoyens. Le bilan est lourd comme le mentionnent plusieurs organismes de droit de la personne. Beni est devenu le territoire le plus arrosé par le sang de ses enfants égorgés ou assassinés. Avant, il n’est pas épargné non plus, comme c’est le cas dans tout l’Est de la RD Congo, par les guerres d’occupations massives de ses régions par les forces négatives venant du Rwanda et de l’Ouganda. Le viol, le pillage de ressources minières, les tueries au fusil y étaient monnaie courante. Les peuples ont essayé de survivre pendant plusieurs années dans ce climat de terreur.
Cependant, ces deux dernières années, la stratégie de terreur a pris un visage macabre qui ne peut laisser indifférent même le cynique le plus sévère du monde : égorgement des enfants, égorgements des femmes enceintes, égorgements des hommes devant leurs enfants, égorgement des malades sur les lits des hôpitaux, etc.

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