Les Nations-Unies autorisent l’envoi de 4 000 casques bleus de plus au Soudan du Sud. Malgré l’opposition du gouvernement local, le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a autorisé le déploiement de 4 000 casques bleus supplémentaires au Soudan du Sud, vendredi 12 août. Le Conseil a adopté le projetde résolution américain, qui menace également d’imposer un embargo sur les armes si le gouvernement bloque le déploiement de ces troupes.

Inexorablement, le Soudan du Sud dérive. Vers quoi ? L’éventail des possibles ne semble inclure que des gradations dans le désastre. La guerre, au minimum. L’autodestruction, au moins comme hypothèse de travail. Le pays peut basculer, dans les mois à venir, ­dans un conflit étendu, et d’une brutalité n’épargnant pas les civils.
Lors de son cinquième anniversaire, le 9 juillet, la capitale, Juba, a connu une vague d’affrontements. Les forces de la SPLA (Armée de libération des peuples du Soudan), loyales au président Salva Kiir, ont tenté d’y écraser celles du vice-président, Riek Machar, la SPLA-IO (SPLA dans l’opposition). Ce dernier est parvenu à s’enfuir. Dans Juba, Kiir, à la tête de 20 000 soldats et miliciens, tente d’imposer l’illusion qu’un petit groupe de dissidents de la SPLA-IO peut faire la paix à la place de Riek Machar. Certains de ces responsables poursuivent des objectifs personnels, comme le général Taban Deng, nommé vice-président à sa place, lundi 25 juillet. D’autres ont été roués de coups quelques jours plus tôt, pour les inciter à collaborer.
Et pendant ce temps, où se trouve Riek Machar ? Dans la brousse, parmi ses troupes ? Dans un pays voisin ? Les forces de la SPLA le« cherchent pour l’éliminer », selon une bonne source. Il est sans doute en train de battre le rappel de la White Army (« l’armée blanche »), groupe de milices de son ethnie, les Nuer. Ces derniers ont encore sur le cœur les pogroms subis par les leurs, notamment à Juba en décembre 2013, victimes des soldats dinka de la SPLA, et songent à la vengeance... « Personne ne pense que cette force régionale réglera tous les problèmes de violence et l’instabilité qui règnent là-bas », a convenu quant à lui l’ambassadeur adjoint américain David Pressman.
Les 13 500 soldats de la Minuss déjà sur place, dont le mandat a été renouvelé jusqu’au mois de décembre, ont été très critiqués pour ne pas avoirprotégé des dizaines de milliers de civils réfugiés dans des bases de l’ONU le mois dernier. Des informations ont notamment fait état de femmes et de filles agressées sexuellementprès de l’une d’elles à Juba. Ces violences ont mis en péril le fragile accord de paix signé en août 2015 pour mettreun terme à la guerre civile débutée en décembre 2013 et qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés. Onze des quinze pays du Conseil ont soutenu l’envoi de cette nouvelle force. La Chine, la Russie, l’ Egypteet le Venezuelase sont abstenus. L’ambassadeur adjoint russe Petr Iliichev a notamment regretté que la résolution n’ait pas réglé« ce problème important »qu’est d’obtenir l’accord du président Salva Kiir.
Ethiopie, Kenyaet Rwandadevraient êtreles principaux contributeurs à cette force de maintien de la paix, autorisée à« utilisertous les moyens nécessaires »pour remplirson mandat. En revanche, l’Ouganda, allié du président soudanais du Sud Salva Kiir, avait annoncé plus tôt vendredi qu’il ne fournirait pas de soldats pour ce déploiement supplémentaire.
Ces nouveaux soldats devront assurerla sécurité à Juba et dissuaderles attaques contre les bases de l’ONU. Ils protégeront également l’aéroport et se défendront« promptement et efficacement contre toute personne qui semble de manière crédible menerou préparerune attaque ».
Un embargo sur les armes soumis au vote
Des dirigeants africains avaient réclamé aux Nations unies le mois dernier d’autoriser une force régionale au Soudandu Sud à la suite d’une flambée de violence au début de juillet qui a fait au moins trois cents morts.
Mais le gouvernement du Soudan du Sud avait rejeté mercredi le projet de résolution, estimant qu’il attentait à sa souveraineté et que la force régionale ne devrait pas être placée sous le commandement de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss).
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, fera un premier rapport au Conseil sous trente jours sur ce déploiement, et un vote pourrait suivredans les cinq jours suivants concernant un éventuel embargo sur les armes s’il s’avère que le gouvernement de Juba ne coopère pas au déploiement.
L’ambassadeur adjoint britannique Peter Wilson a regretté qu’un tel embargo n’ait pas été imposé dès à présent:« Nous devons, et nous allons devoir revenirsur ce problème », a-t-il dit.
Un déploiement vivement critiqué
L’ambassadeur sud-soudanais a redit que son gouvernement rejetait la résolution, arguant auprès du Conseil que les modalités de déploiement de la force, notamment portant sur les armes que les soldats seront autorisés à utiliser et sur le calendrier, doivent d’abord être négociées avec Juba.
« Obtenir le consentement du Soudan du Sud aurait été important, cela aurait donné à cette force toute la liberté nécessaire pour remplir le mandat qui lui est confié », a noté Akuei Bona Malwal.

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