11-Septembre: distribuer les restes du World Trade Center, le sacerdoce d'Amy Passiak AFP/Archives ! Durant six ans, Amy Passiak a coordonné la distribution de centaines d'objets extraits des ruines du World Trade Center de New York, transformés ensuite en mémoriaux, une mission qui vient de prendre fin, quelques jours avant le quinzième anniversaire du 11-Septembre. Ils n'étaient qu'une poignée, le 27 juillet dernier, dans un recoin de la zone de fret de l'aéroport Kennedy, pour assister à la fin d'une aventure. !

Rétrospectivement, cette distance avec l'événement lui a peut-être permis de se plonger totalement dans cette tâche sans en ressortir abimée.
Le rythme s'était nettement ralenti depuis plus d'un an et Amy Passiak se consacrait déjà à d'autres projets, mais "durant quatre ans, (sa) vie a été le 11-Septembre, c'est dingue".
De manière générale, "je pense que je suis quelqu'un de très stable émotionnellement", dit-elle, "ce qui m'a aidé pour faire ce travail. J'étais capable de garder mon calme".
Amy Passiak et l'autorité portuaire ont répondu favorablement à 1.567 groupes différents, pour l'essentiel des pompiers, des écoles, des services de police, des casernes et des municipalités, un peu partout aux Etats-Unis.
Il y a eu aussi le Canada, la Chine, l'Italie et l'Allemagne, dix pays étrangers au total. Malgré ses liens évidents avec les Etats-Unis, la France est bizarrement absente du tableau que tient avec une précision infaillible Amy Passiak.
Malgré le nombre de pièces et de destinations, chaque distribution était chargée d'émotion et de sens.
"On m'a souvent prise dans les bras", glisse-t-elle dans un sourire.
"En tant que visage du projet", dit-elle, "vous devenez partie du processus de deuil, un peu comme un pilier qu'ils auraient pu identifier et sur lequel s'appuyer."
Amy Passiak a désormais terminé et quitté New York, comme pour marquer la fin d'un cycle. Elle est retournée dans sa région d'origine et travaille pour le musée de l'université du Michigan.
Elle se dit heureuse de savoir "que toutes ces pièces sont allées quelque part, que tous ces mémoriaux ont été construits".
"Elles sont allées à des groupes de gens, qui ont pu encaisser tout ça et interagir ensemble. C'est probablement l'élément que je trouve le plus gratifiant."




Déjà employée par le musée du 11-Septembre, Amy Passiak est recrutée pour superviser ce programme.
Diplômée en Histoire de l'art, habituée aux galeries des musées, la jeune femme au sourire communicatif découvre un univers dont elle ne connaissait quasiment rien.
"J'étais en terminale dans le Michigan lorsque le 11-Septembre est arrivé. Je n'étais jamais allée à New York", explique-t-elle.
Pas de victime des attentats, pas plus que de policier, de pompier, de médecin ou d'urgentiste dans la famille proche, rien qui aurait pu créer un lien, même indirect, avec l'événement.
"Je ne savais même pas ce qu'était exactement le World Trade Center, où il se trouvait précisément", ajoute-t-elle.
- 'On m'a souvent prise dans les bras' -






Les dernières pièces issues du World Trade Center encore stockées dans ce hangar 17, qui en a vu passer des milliers, ont été sorties sous les yeux d'Amy Passiak.
Cette trentenaire aux cheveux brun et à l'oeil vif a coordonné, durant six ans, la distribution de près de 2.800 pièces, sous le contrôle du propriétaire du site du World Trade Center, l'autorité portuaire de New York et du New Jersey (Port Authority).
Parmi eux, aucun objet personnel: une voiture de police endommagée, des lunettes de soleil venues d'un des magasins de la galerie marchande, mais surtout, des pièces massives, fragments de ce géant détruit.
Beaucoup d'acier, dont plusieurs des fameux tridents, les parties extérieures reconnaissables entre toutes, qui soutenait cette prouesse architecturale et pesait, chacun, plusieurs dizaines de tonnes.
En 2009, Port Authority décide de les distribuer à des associations, des collectivités et des entités gouvernementales qui soumettront, chacun, le projet d'un mémorial accessible au public.

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