Coups d’État constitutionnels et répression politique en Afrique subsaharienne Intervention lors de la conférence « La situation des droits de l'Homme, la démocratie et l'alternance politique en Afrique subsaharienne » au Parlement européen à Bruxelles ! À propos d'ONG HRW.
Je voudrais parler d’une tendance inquiétante qui existe dans la région des Grands Lacs et dans d’autres pays en Afrique ces dernières années : le coup d'État constitutionnel - le phénomène où les dirigeants africains refusent de se conformer aux limites de durée de mandat, ou à des résultats électoraux défavorables, et préfèrent simplement changer les lois et les constitutions qui se dressent sur leur chemin. Trop souvent, leurs manœuvres juridiques sont accompagnées de graves violations des droits humains ainsi que de répressions brutales contre les personnes qui s'y opposent.
Les dirigeants les plus anciens d’Afrique sont d'excellents exemples de cette tendance. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée équatoriale, José Eduardo dos Santos de l'Angola, et Robert Mugabe du Zimbabwe — tous au pouvoir depuis plus de 35 ans — ont modifié leurs constitutions dans le but de rester au pouvoir. Dans ces trois pays, il y n’y a que peu ou pas de presse libre, et les partis d'opposition sont systématiquement empêchés d'organiser des manifestations. Les personnes qui ont tenté de s'opposer à leurs efforts pour rester au pouvoir ont été brutalement réduites au silence.
Congo - Brazzaville
Denis Sassou Nguesso, le président de la République du Congo, est un des derniers leaders africains à prendre cette voie. Il a déjà été au pouvoir pendant 31 ans, avec une interruption de cinq ans entre 1992 et 1997. Puis en octobre 2015, son gouvernement a organisé un référendum constitutionnel afin de modifier les limites des mandats présidentiels — de deux mandats de sept ans à trois mandats de cinq ans — et d'éliminer la limite d'âge de 70 ans en cours pour les candidats à la présidentielle. [Sassou a aujourd’hui 72 ans.] Précédée par une campagne d'intimidation et de harcèlement à l’encontre de dirigeants de l’opposition et d’activistes, et malgré plusieurs allégations de fraude, la mesure a officiellement été adoptée avec plus de 92 % des votes, ouvrant la voie à Sassou Nguesso pour se porter candidat à encore un autre mandat.
Dans les semaines qui ont précédé le référendum, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale, Brazzaville, et de la principale ville productrice de pétrole du pays, Pointe-Noire, pour protester. Ils tenaient des pancartes « Sassou Dehors », « Le Congo n’appartient pas à Nguesso » et « Sassouffit ». Les forces de sécurité gouvernementales ont riposté en recourant à la force létale, tirant sur les manifestants, tuant et blessant des dizaines des personnes, selon des activistes locaux. Le gouvernement a également fermé les services d'Internet mobile, les communications par message texte, le signal de Radio France Internationale (RFI), et il a interdit toutes les manifestations. Un grand nombre des personnes qui avaient osé se prononcer contre le référendum ont été arrêtées, y compris des jeunes militants pro-démocraties et des leaders de l’opposition.
La période après l’élection, le 20 mars 2016, – où, sans surprise, Sassou a été déclaré le gagnant – a aussi été caractérisée par la violence et la répression de toute voix dissidente, avec encore des morts et des arrestations.
Burundi
Avant cela, en juillet 2015, le Président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a brigué un troisième mandat, malgré l' indignationgénérale devant ce qu’un grand nombre de personnes ont considéré comme une tentative de défier l'esprit de l'Accord de paix et de réconciliation d'Arusha qui a mis fin à des années de guerre civile dans ce pays, et qui limite les présidents à deux mandats. Plusieurs mois de protestations publiques et de défections de son propre parti au pouvoir n’ont pas amené Pierre Nkurunziza à changer d'avis.
Au lieu de cela, le gouvernement a répriméles manifestants, les militants et les journalistes indépendants. Des centaines de manifestants et d’opposants au régime présumés ont été tuéset des milliers d’entre eux ont été emprisonnés. Les troubles et l’instabilité au Burundi continuent jusqu’à aujourd’hui. Les disparitions sont devenues monnaie courante. Des cadavres sont trouvés régulièrement, également dans les provinces en dehors de la capitale Bujumbura. Des arrestations en masse et des cas de torture par le service de renseignements, en collaboration avec des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir – qui sont connus sous le nom d’Imbonerakures–, ont lieu régulièrement. Les membres de la société civile et journalistes indépendantes – qui étaient très actifs par avant – ont presque tous fui le Burundi.
Ouganda
Le président de l'Ouganda, Yoweri Museveni, âgé de 72 ans et au pouvoir en Ouganda depuis 1986, a déjà modifié la constitution de son pays en 2005 – par ce qui semble avoir été une manipulation illégale du parlement – plutôt que de se conformer à la limite des mandats présidentiels. Dans l’élection la plus récente, en février de cette année, il a été déclaré vainqueur une fois de plus dans un contexte caractérisé par des restrictions fortes aux libertés d'expression.
Les dirigeants les plus anciens d’Afrique sont d'excellents exemples de cette tendance. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée équatoriale, José Eduardo dos Santos de l'Angola, et Robert Mugabe du Zimbabwe — tous au pouvoir depuis plus de 35 ans — ont modifié leurs constitutions dans le but de rester au pouvoir. Dans ces trois pays, il y n’y a que peu ou pas de presse libre, et les partis d'opposition sont systématiquement empêchés d'organiser des manifestations. Les personnes qui ont tenté de s'opposer à leurs efforts pour rester au pouvoir ont été brutalement réduites au silence.
Congo - Brazzaville
Denis Sassou Nguesso, le président de la République du Congo, est un des derniers leaders africains à prendre cette voie. Il a déjà été au pouvoir pendant 31 ans, avec une interruption de cinq ans entre 1992 et 1997. Puis en octobre 2015, son gouvernement a organisé un référendum constitutionnel afin de modifier les limites des mandats présidentiels — de deux mandats de sept ans à trois mandats de cinq ans — et d'éliminer la limite d'âge de 70 ans en cours pour les candidats à la présidentielle. [Sassou a aujourd’hui 72 ans.] Précédée par une campagne d'intimidation et de harcèlement à l’encontre de dirigeants de l’opposition et d’activistes, et malgré plusieurs allégations de fraude, la mesure a officiellement été adoptée avec plus de 92 % des votes, ouvrant la voie à Sassou Nguesso pour se porter candidat à encore un autre mandat.
Dans les semaines qui ont précédé le référendum, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale, Brazzaville, et de la principale ville productrice de pétrole du pays, Pointe-Noire, pour protester. Ils tenaient des pancartes « Sassou Dehors », « Le Congo n’appartient pas à Nguesso » et « Sassouffit ». Les forces de sécurité gouvernementales ont riposté en recourant à la force létale, tirant sur les manifestants, tuant et blessant des dizaines des personnes, selon des activistes locaux. Le gouvernement a également fermé les services d'Internet mobile, les communications par message texte, le signal de Radio France Internationale (RFI), et il a interdit toutes les manifestations. Un grand nombre des personnes qui avaient osé se prononcer contre le référendum ont été arrêtées, y compris des jeunes militants pro-démocraties et des leaders de l’opposition.
La période après l’élection, le 20 mars 2016, – où, sans surprise, Sassou a été déclaré le gagnant – a aussi été caractérisée par la violence et la répression de toute voix dissidente, avec encore des morts et des arrestations.
Burundi
Avant cela, en juillet 2015, le Président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a brigué un troisième mandat, malgré l' indignationgénérale devant ce qu’un grand nombre de personnes ont considéré comme une tentative de défier l'esprit de l'Accord de paix et de réconciliation d'Arusha qui a mis fin à des années de guerre civile dans ce pays, et qui limite les présidents à deux mandats. Plusieurs mois de protestations publiques et de défections de son propre parti au pouvoir n’ont pas amené Pierre Nkurunziza à changer d'avis.
Au lieu de cela, le gouvernement a répriméles manifestants, les militants et les journalistes indépendants. Des centaines de manifestants et d’opposants au régime présumés ont été tuéset des milliers d’entre eux ont été emprisonnés. Les troubles et l’instabilité au Burundi continuent jusqu’à aujourd’hui. Les disparitions sont devenues monnaie courante. Des cadavres sont trouvés régulièrement, également dans les provinces en dehors de la capitale Bujumbura. Des arrestations en masse et des cas de torture par le service de renseignements, en collaboration avec des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir – qui sont connus sous le nom d’Imbonerakures–, ont lieu régulièrement. Les membres de la société civile et journalistes indépendantes – qui étaient très actifs par avant – ont presque tous fui le Burundi.
Ouganda
Le président de l'Ouganda, Yoweri Museveni, âgé de 72 ans et au pouvoir en Ouganda depuis 1986, a déjà modifié la constitution de son pays en 2005 – par ce qui semble avoir été une manipulation illégale du parlement – plutôt que de se conformer à la limite des mandats présidentiels. Dans l’élection la plus récente, en février de cette année, il a été déclaré vainqueur une fois de plus dans un contexte caractérisé par des restrictions fortes aux libertés d'expression.
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