Dialogue national en cours en République Démocratique du Congo : l’Opposition politique obtient la Primature, ça chauffe dans la salle dela cité del'Union Africaine à Kinshasa ! A quelques heures de la fin du Dialogue politique en République démocratique du Congo, les esprits s'échauffent. L'opposition, Vital Kamerhe en tête, veut une "date" pour la ténue de la présidentielle, alors que la Majorité recommande cette tâche à la CENI. La Rédaction @politicocd. !

L’ONG Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) demande à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de se prononcer sur la convocation ou non de l’électorat de la prochaine présidentielle conformément à la constitution de la RDC.
Le vice-président de cette structure, André Kyomba Djibwe, a fait cette demande, à travers une déclaration dont une copie est parvenue vendredi 16 septembre à Radio Okapi:
«C’est une obligation constitutionnelle.
Jusqu’à 18h30, heure de Kinshasa, les délégués de la Majorité et ceux de l’Opposition n’arrivaient toujours pas à trouver un consensus pour « boucler » l’accord final sanctionnant le Dialogue politique qui s’est ouvert depuis le 1er septembre 2016.
Pour Vital Kamerhe, co-modérateur pour le compte de l’opposition, il faut « à tout prix » que la date de la présidentielle soit « clairement mentionnée » dans l’accord final.
« Non », rétorque la Majorité présidentielle. Pour la famille politique du président Joseph Kabila: « seule la Commission Electorale Nationale Indépendante +CENI+ pourra publier ultérieurement un calendrier » à cet effet.
Par ailleurs, des sources concordantes rapportent à Politico.cd que toutes les parties « sont d’accord pour confier la Primature à l’Opposition », dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale qui sera mis sur pied.
Au point mort depuis le lundi 12 septembre suite au désaccord entre Opposition et Majorité sur l’ordre des scrutins, le Dialogue politique n’a reprise que le jeudi après-midi à l’issue des négociations directes entre le Pouvoir et l’Opposition;
« Le gouvernement sera réformé. Nous mettrons en place un gouvernement que nous co-gérerons entre la majorité présidentielle, l’opposition et la société civile« , a déclaré M. Mwamba lors d’un point de presse sanctionnant la reprise du Dialogue hier à Kinshasa.
Toutefois, plusieurs partis d’opposition boudent toujours le Dialogue convoqué par le président Joseph Kabila, qu’ils soupçonnent de vouloir étendre son mandat présidentiel au-delà du 19 décembre. Le Rassemblement, Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi en tête, y compris le MLC de Jean-Pierre Bembe disent « attendre encore un vrai dialogue inclusif« .
Le "Dialogue" politique, destiné à préparer un calendrier électoral conforme à la Constitution, devait se terminer jeudi; les conclusions en sont reportées au week-end prochain. D’ores et déjà, cependant, se dessine un marchandage qui confirme les craintes de l’essentiel de l’opposition congolaise, qui a refusé d’y participer : ce forum est organisé pour permettre au président Kabila de se maintenir au pouvoir, alors qu’il doit constitutionnellement l’abandonner le 19 décembre.
Mercredi soir, le facilitateur du Dialogue a annoncé un accord entre la Majorité présidentielle et la minorité d’opposants participant à ces discussions : le cycle électoral commencera par l’élection, le même jour, du président, des députés nationaux et provinciaux; la Majorité voulait commencer par les locales, très longues à mettre sur pied.
Présenté comme une victoire par les opposants présents au Dialogue, cet accord est considéré par la presse d’opposition comme une petite compensation à une concession majeure faite à la Majorité : le "consensus" sur une refonte du fichier électoral, qui prendra seize mois - par préférence à des propositions moins longues. Donc retardera la présidentielle.
La Majorité a aussi accepté une refonte du gouvernement, officiellement coupable de n’avoir rien fait pour organiser les élections dans les temps légaux. A Kinshasa, on considère comme "candidats Premier ministre" les deux co-modérateurs du Dialogue, Alexis Thambwé Mwamba (Majorité) et Vital Kamerhe (opposition acceptant de siéger au Dialogue), dont le parti serait ainsi associé au pouvoir, comme celui de Léon Kengo wa Dondo le fut à l’issue des Concertations nationales de 2013 (forum du même type que le Dialogue).
Craintes de violences la semaine prochaine
La majeure part de l’opposition considère le Dialogue comme nul et non avenu puisqu’il a lieu sans elle et n’est donc pas "inclusif", comme il devait l’être, ni ne respecte la Constitution. Elle s’apprête donc à lancer des "actions" à partir de lundi prochain, 19 septembre.
Si ces "actions" sont annoncées pacifiques, les Congolais craignent des violences. Mercredi, le régime a fait défiler son arsenal anti-émeutes dans Kinshasa; il a fait dernièrement d’importants achats de matériel répressif. Or, les révoltes contre des abus de la police se multiplient: à Kolwezi, deux morts; à Kasumbalesa, trois morts; à Tshimbulu, plusieurs dizaines de morts selon les ressortissants du Kasaï en Belgique. Et les réseaux sociaux diffusent un appel à "appliquer dès le 20 septembre, l’article 64" de la Constitution, qui enjoint aux Congolais de "faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution".

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