Lancement du dialogue politique en RDC: une palabre entre amis. C’est en principe aujourd’hui, 1er septembre 2016, que débute le dialogue politique en République démocratique du Congo (RDC). Deux cents participants environ, issus de la majorité présidentielle, de l’opposition et de la société civile, y sont conviés. Il s’agira pour eux, sous la supervision du facilitateur de l’Union africaine (UA), Edem Kodjo, de tirer la RDC de l’impasse politique dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. !

Sous la supervision du facilitateur de l’Union africaine (UA), le Togolais Edem Kodjo, les travaux du dialogue national, initié par le président Joseph Kabila pour tenter de sortir de la crise électorale actuelle, doivent durer deux semaines à compter de jeudi 1er septembre.
Une majorité de l’opposition refuse toujours d’y participer, notamment l’UDPS, le G7 et le MLC, et parle d’un « pseudo-dialogue ». Ces trois mouvances n’ont pas pris part aux travaux préparatoires conduits par Edem Kodjo, accusé de partialité et récusé par le Rassemblement de l’opposition. Celui-ci a déposé sa propre feuille de route datée du 29 août à l’Union africaine avec comme conditions le départ du président Kabila à la fin de son mandat et la révocation du facilitateur de l’UA.
Parmi les principes conducteurs du dialogue, il y a le respect de la Constitution de la RDC, la mise en œuvre de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies et l’engagement à adopter le consensus comme mode de prise des décisions. L’on peut faire d’abord le constat que l’opposition, la vraie peut-on dire, regroupée autour du vieux briscard de la politique congolaise, Etienne Tshisekedi, est restée cohérente par rapport à sa position initiale. L’illustration est qu’elle n’est pas partie prenante de ce dialogue et ce, malgré l’appel réitéré de la très respectée Eglise catholique, invitant tous les acteurs politiques du pays à y participer.
On peut parier que le dialogue politique congolais risque de connaître un fiasco
Cette inflexibilité du vieil opposant et de ses camarades, même si cela ne va pas manquer d’être perçu par certains comme une posture de va-t-en guerre, est de notre point de vue bien réfléchie. En effet, les dictateurs, en général, quand ils sont pris dans le piège de leurs propres turpitudes, savent se montrer ingénieux en matière de manœuvres dilatoires pour retourner la situation en leur faveur. Dans le cas d’espèce, ce fameux dialogue politique pourrait en être une. Mais l’on peut parier que le dialogue politique congolais risque de connaître un fiasco retentissant, à la grande satisfaction de tous les démocrates du pays.
Cela dit, en dehors de l’Eglise catholique dont on peut retenir qu’elle n’est pas prête à vendre son âme au dictateur, tous les autres acteurs qui prennent part au dialogue politique, peuvent avoir choisi consciemment de faire le jeu de Joseph Kabila, y compris l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhé. C’est certainement pour cette raison que le Secrétaire général dudit parti a préféré claquer la porte et que l’opposition, regroupée autour de Tshisekedi, a jugé bon d’extirper Vital Kamerhé de ses rangs.
Le moins que l’on puisse dire, est qu’elle a pris une bonne décision. Car, dans la difficile lutte pour la démocratie, il faut savoir procéder à une clarification des valeurs. Pour cela, l’opposition congolaise, la vraie, ne peut s’accommoder, ni s’encombrer d’opposants dont la particularité est d’avoir un pied dans l’opposition et l’autre dans le pouvoir. Mais comme le ridicule ne tue pas sous nos tropiques, les opposants de ce profil courent les rues en Afrique. Et ils rendent un très mauvais service à la démocratie, parce qu’ils servent de faire-valoir aux dictateurs pour justifier bon nombre de leurs funestes initiatives. De ce point de vue, l’on peut percevoir le lancement du dialogue politique en RDC comme un non-événement ou encore comme une palabre entre amis.
Tous ceux qui prennent part au dialogue politique peuvent être poursuivis pour association de malfaiteurs
Pendant donc quinze jours, comme le prévoit le chronogramme du dialogue, les représentants de Kabila prendront place à côté des acteurs de la société civile et des opposants dont le pouvoir congolais peut s’accommoder, pour apporter des réponses biaisées aux vraies questions politiques qui se posent aujourd’hui à la RDC. En tout cas, l’on peut être sûr d’une chose : à l’issue de ce conclave entre amis, le problème congolais restera entier. Car, si Kabila était dans la logique de respect de la Constitution, il aurait pris toutes les dispositions pour organiser les élections à bonne date et subséquemment, pour passer le relais à l’homme ou à la femme que le peuple congolais aura choisi. Mais là, l’on peut se rendre bien compte qu’il fait du dilatoire pour imposer le glissement du calendrier électoral non seulement à la communauté internationale, mais aussi aux Congolais.
De ce point de vue, l’on peut dire, au risque de heurter certaines sensibilités, que tous ceux qui prennent part au dialogue politique peuvent être poursuivis pour association de malfaiteurs en relation avec une action ourdie et planifiée contre la démocratie. Mais comme il ne faut jamais désespérer des hommes, l’on ose croire qu’au cours de ces palabres entre amis, certains participants se ressaisiront pour ne pas accompagner Joseph Kabila jusqu’au bout de son plan à l’effet de devenir, après Mobutu, le deuxième Roi du Congo-Zaïre.

Commentaires